La France fait face à une situation préoccupante de pénurie de médicaments, qui affecte la qualité des soins et la sécurité des patients. Cette pénurie touche aussi bien des médicaments d’usage courant que des traitements vitaux ou innovants. Quelles sont les causes de ce phénomène et quelles solutions peuvent être envisagées ?
Les causes de la pénurie sont multiples et complexes. Elles sont liées à la mondialisation de la production de médicaments, qui rend la France dépendante des importations, notamment de la Chine et de l’Inde, qui fournissent 80 % des principes actifs utilisés en Europe. Les ruptures de stocks peuvent être dues à des problèmes de transport, de qualité, de réglementation ou de concurrence entre les pays. La France, qui rembourse bien ses assurés, est dure sur les prix envers ses fournisseurs, ce qui peut la rendre moins attractive.
Les causes sont aussi liées au modèle économique de l’industrie pharmaceutique, qui privilégie les médicaments les plus rentables au détriment des médicaments essentiels ou peu rentables. Les laboratoires ont tendance à délaisser la production de certains médicaments anciens ou génériques, qui sont souvent en situation de monopole ou d’oligopole, ce qui augmente le risque de rupture en cas de problème chez un seul fabricant. Les laboratoires ont aussi tendance à fixer des prix très élevés pour certains médicaments innovants, ce qui pose la question de l’accès aux soins pour tous et de la soutenabilité du système de santé.
Les solutions pour faire face à la pénurie passent par une meilleure coordination entre les acteurs de la chaîne du médicament, une meilleure anticipation et gestion des tensions d’approvisionnement, une meilleure information et communication auprès des professionnels de santé et du public, et une meilleure régulation du marché du médicament. Le gouvernement et l’Agence nationale de sécurité du médicament ont pris plusieurs mesures dans ce sens, comme le renforcement des obligations des industriels en matière de gestion des stocks, la création d’un comité de pilotage sur les pénuries, ou encore la mise en place d’un portail d’information sur les ruptures et les tensions d’approvisionnement.
Les solutions passent aussi par une relocalisation partielle de la production de médicaments en France et en Europe, afin de réduire la dépendance aux importations et de garantir une souveraineté sanitaire. Le gouvernement a lancé un plan de soutien à la filière pharmaceutique française, doté de 200 millions d’euros, qui vise à favoriser l’innovation, le développement industriel et la compétitivité des entreprises du secteur. L’Union européenne a également adopté une stratégie pharmaceutique pour renforcer sa résilience face aux crises sanitaires et aux pénuries.
La pénurie de médicaments est un enjeu majeur pour la santé publique et le système de soins. Il faut agir à tous les niveaux pour prévenir et résoudre ce problème, qui met en jeu la vie et le bien-être des patients. Il faut aussi repenser le modèle économique du médicament, pour concilier l’accès aux innovations thérapeutiques et la maîtrise des dépenses de santé.