Recep Tayyip Erdogan est un homme d’État turc, cofondateur du Parti de la justice et du développement (AKP), qui a été Premier ministre de 2003 à 2014 et président de la République depuis 2014.

Recep Tayyip Erdogan

Recep Tayyip Erdogan est un homme d’État turc, cofondateur du Parti de la justice et du développement (AKP), qui a été Premier ministre de 2003 à 2014 et président de la République depuis 2014. Il est considéré comme l’homme fort du pays, mais aussi comme un dirigeant autoritaire et controversé.

Recep Tayyip Erdogan est né le 26 février 1954 à Beyoğlu, un quartier d’Istanbul, dans une famille originaire de Rize, une ville située au bord de la mer Noire. Il a grandi dans un milieu modeste et religieux. Il a commencé à s’intéresser à la politique dès son adolescence, en participant à l’Union nationale des étudiants turcs, une organisation proche du Parti du salut national (MSP), un parti islamiste fondé par Necmettin Erbakan.

Il a fait ses études secondaires au lycée religieux d’Istanbul, puis il a obtenu un diplôme en sciences économiques et administratives à l’Université Marmara en 1981. Parallèlement à ses études, il a pratiqué le football en amateur, ce qui lui a appris l’esprit d’équipe et le leadership.

Il a entamé sa carrière professionnelle dans le secteur privé, en travaillant comme cadre supérieur dans une entreprise de transport. Il a repris ses activités politiques en 1983, après le coup d’État militaire qui avait interdit les partis politiques en 1980. Il a rejoint le Parti de la prospérité (RP), la nouvelle formation islamiste fondée par Erbakan, et il en est devenu le président du district de Beyoğlu en 1984, puis d’Istanbul en 1985. Il a également été membre du conseil d’administration du parti.

En 1994, il a été élu maire de la municipalité métropolitaine d’Istanbul, avec le soutien des électeurs conservateurs et des classes populaires. Il a mené une gestion efficace et pragmatique de la ville, en résolvant les problèmes chroniques de l’eau, des ordures, de la pollution et des transports. Il a également lancé des projets sociaux et culturels, tout en affichant sa piété musulmane et son opposition à la laïcité imposée par l’armée et les élites kémalistes.

En 1998, il a été condamné à dix mois de prison pour avoir lu un poème considéré comme incitant à la haine religieuse et à la violence. Il a perdu son mandat de maire et son droit d’exercer des fonctions politiques. Il a passé quatre mois en prison, où il a lu des livres et appris l’anglais.

En 2001, il a fondé avec Abdullah Gül le Parti de la justice et du développement (AKP), un parti conservateur qui se présentait comme réformiste et pro-européen, tout en défendant des valeurs musulmanes. L’AKP a remporté les élections législatives de 2002 avec une majorité absolue, mais Erdogan n’a pas pu être nommé Premier ministre à cause de son interdiction politique. C’est Gül qui a pris la tête du gouvernement, jusqu’à ce qu’une réforme constitutionnelle permette à Erdogan de se présenter à une élection partielle en 2003. Il a alors été élu député de Siirt et nommé Premier ministre par le président Ahmet Necdet Sezer.

En tant que Premier ministre, Erdogan a engagé des réformes économiques et sociales qui ont permis à la Turquie de connaître une forte croissance et une réduction de la pauvreté. Il a également poursuivi le processus d’adhésion à l’Union européenne (UE), en adoptant des critères démocratiques et en ouvrant des négociations avec les Kurdes. Il a renforcé ses relations avec les pays musulmans, notamment ceux du Moyen-Orient, tout en restant membre de l’OTAN et allié des États-Unis. Il a affronté l’opposition des militaires, des juges et des médias laïcs, qu’il a accusés de comploter contre lui. Il a survécu à plusieurs tentatives de le renverser, notamment un procès pour atteinte à la laïcité en 2008 et une affaire de corruption en 2013.

En 2014, il a été élu président de la République au suffrage universel direct, avec 51,8 % des voix. Il a alors cherché à transformer le régime parlementaire en un régime présidentiel, en s’appuyant sur son parti et sur ses partisans. Il a fait face à plusieurs crises, comme les manifestations du parc Gezi en 2013, la reprise du conflit avec les Kurdes en 2015, la tentative de coup d’État militaire en 2016 et l’intervention militaire en Syrie en 2019. Il a réprimé sévèrement ses opposants, qu’il s’agisse des partis politiques, des syndicats, des universitaires, des journalistes ou des organisations non gouvernementales. Il a également révisé la Constitution par référendum en 2017, en accordant plus de pouvoirs au président et en affaiblissant le Parlement et la justice. Il a été réélu président en 2018 et en 2023, avec respectivement 52,6 % et 53,2 % des voix.

Recep Tayyip Erdogan est marié depuis 1978 avec Emine Gülbaran, qu’il a rencontrée lors d’un congrès politique. Ils ont quatre enfants : Ahmet Burak, Necmettin Bilal, Esra et Sümeyye. Son gendre Berat Albayrak a été ministre de l’Énergie puis des Finances. Erdogan est connu pour sa pratique assidue de l’islam sunnite et pour son admiration pour le poète nationaliste Ziya Gökalp. Il a publié plusieurs ouvrages sur la politique, la religion et la culture turques. Il a reçu plusieurs prix et distinctions internationaux, comme le prix du service public de l’ONU en 2005, le prix du courage politique du Forum économique mondial en 2009 ou le prix du roi Fayçal d’Arabie saoudite en 2010.