Pédocriminalité dans l’Église catholique en Espagne

La pédocriminalité dans l’Église catholique en Espagne est un scandale qui a longtemps été occulté par le silence et l’impunité. 

La pédocriminalité dans l’Église catholique en Espagne est un scandale qui a longtemps été occulté par le silence et l’impunité. Selon un rapport publié vendredi 27 octobre 2023 par une commission d’enquête indépendante, plus de 200 000 mineurs pourraient avoir été victimes d’agressions sexuelles de la part de religieux dans le pays. Ce chiffre est bien supérieur à celui reconnu par l’Église elle-même, qui a recensé 927 victimes, ou à celui du quotidien El País, qui a créé sa propre base de données en 2018 et a comptabilisé 2 206 victimes et 1 036 religieux accusés.

Le rapport se base sur un sondage effectué auprès de plus de 8 000 personnes, selon lequel 0,6 % de la population adulte espagnole (près de 39 millions de personnes) a affirmé avoir été agressé sexuellement, alors qu’ils étaient mineurs, par des religieux. En outre, un nombre légèrement inférieur d’Espagnols (0,53 %) ont indiqué avoir été agressés sexuellement alors qu’ils étaient mineurs par des laïcs travaillant dans des institutions religieuses. Le rapport précise que les cas concernent principalement la période allant “de 1970 à nos jours” .

Le rapport se montre critique de l’attitude de l’Église catholique, déplorant que sa réaction aux cas de pédocriminalité en son sein ait été “insuffisante”. Il propose notamment la création par l’État d’un fonds pour verser des réparations aux victimes, ainsi que la mise en place de mesures de prévention et de protection des enfants. Il souligne également la nécessité de faire la lumière sur les responsabilités des auteurs et des complices des violences sexuelles, et de mettre fin à la culture du secret et de l’omerta qui règne au sein de l’Église espagnole.

La pédocriminalité dans l’Église catholique en Espagne est un problème grave qui porte atteinte aux droits humains et à la dignité des personnes. Il s’agit d’un phénomène qui n’est pas isolé, mais qui s’inscrit dans un contexte global de dénonciation et de lutte contre les abus sexuels commis par des membres du clergé dans d’autres pays, comme la France, l’Allemagne, l’Irlande ou les États-Unis. Il est temps que la justice soit rendue aux victimes, que la vérité soit révélée et que l’Église catholique s’engage dans un processus de réforme et de repentance.

Les réactions des autorités religieuses et politiques

  • Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a salué la publication du rapport et a affirmé que “la réalité que tout le monde connaît, mais dont personne ne parlait, a été révélée”. Il a également exprimé sa solidarité avec les victimes et a appelé à la collaboration de l’Église pour faire face à ce problème.
  • Le porte-parole de la Conférence épiscopale espagnole, Luis Argüello, a reconnu que le rapport était “un coup dur” pour l’Église et a demandé pardon aux victimes . Il a aussi défendu le travail de prévention et de formation réalisé par l’Église ces dernières années et a annoncé la création d’une commission interne pour analyser le rapport et proposer des mesures concrètes.
  • Le cardinal Antonio Cañizares, archevêque de Valence et vice-président de la Conférence épiscopale, a qualifié le rapport de “partial” et de “manipulé”. Il a accusé le gouvernement de vouloir “détruire l’Église” et de chercher à “imposer une idéologie totalitaire”. Il a également affirmé que les chiffres du rapport étaient “exagérés” et “inventés”.
  • Le leader du parti d’extrême droite Vox, Santiago Abascal, a dénoncé le rapport comme une “attaque contre l’Église” et une “instrumentalisation politique”. Il a soutenu que le gouvernement voulait “détourner l’attention” des problèmes du pays et “persécuter les chrétiens”. Il a aussi remis en cause la crédibilité du sondage réalisé pour le rapport.

27 octobre 2023 22h30

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