
Le mois de Ramadan est un moment d’une grande ferveur spirituelle et religieuse pour les Marocains, mais il marque également un véritable bouleversement dans les habitudes de consommation, en particulier à Marrakech. La ville des Sept Saints, réputée pour ses traditions culinaires et ses marchés animés, connaît une dynamique commerciale unique qui se déclenche chaque année avec l’approche du mois sacré. Un phénomène d’engouement sans précédent pour une gamme de produits spécifiques se fait ressentir dans les grandes surfaces, les marchés locaux et les petites souikas de la ville.
Une demande accrue pour les produits phares du Ramadan
Le Ramadan à Marrakech, comme dans tout le Royaume, est synonyme de partage et de convivialité autour de mets traditionnels incontournables, comme la chebakia, les briouates, le sellou, ainsi que des douceurs locales. Ces délices culinaires, incontournables pour le ftour (repas de rupture du jeûne), nécessitent des ingrédients spécifiques qui, chaque année, connaissent un pic de demande. C’est ainsi que les produits tels que les dattes, les légumineuses (pois chiches, fèves, lentilles), ainsi que des ustensiles traditionnels comme des soupières, cuillères en bois, et tagines deviennent des incontournables dans les points de vente de la ville.
Les commerçants ont constaté que l’effervescence commerciale a commencé à prendre de l’ampleur dès les jours précédant le Ramadan, avec une forte demande pour ces produits essentiels, nécessitant parfois une préparation préalable. Les jours qui précèdent le mois sacré connaissent souvent un pic de consommation particulièrement élevé, d’autant plus que cette période coïncide, cette année, avec la fin du mois et le versement des salaires des fonctionnaires. Cette coïncidence entre l’approche du Ramadan et l’arrivée des salaires favorise un afflux encore plus important de consommateurs dans les marchés de Marrakech.
L’impact des métiers saisonniers et l’effervescence commerciale
Le mois de Ramadan génère également une floraison de métiers saisonniers, qui viennent compléter l’effervescence commerciale. En effet, des activités liées à la préparation et à la vente de produits alimentaires spécifiques fleurissent, comme la confection de chebakia, la vente de briouates, ou encore la fabrication artisanale de certains ustensiles de cuisine. Cette effervescence se fait sentir dans toute la ville, des marchés traditionnels aux petites souikas, et reflète la place centrale que le mois de Ramadan occupe dans les habitudes culturelles et gastronomiques des Marrakchis.
Pour Othman Batta, président de l’Association El Karam du souk des dattes au marché de gros de Marrakech, l’impact du Ramadan sur le commerce de cette denrée est majeur. La demande pour les dattes, particulièrement consommées durant le Ramadan, explose chaque année. Cependant, il souligne que les variétés locales ne représentent que 30% de l’offre, en raison des conditions climatiques difficiles que le Royaume a traversées récemment. Malgré cela, les marchés de gros de Marrakech parviennent à satisfaire une demande diverse et abondante, avec des variétés de dattes importées qui viennent compléter l’offre nationale.
Diversité des produits et régulation des prix
La diversité des produits ne se limite pas aux dattes. Lahcen Ghazali, un marchand de dattes, a constaté que la production des variétés locales a été affectée par la faible pluviométrie, mais a souligné que la variété marocaine la plus consommée, le Majhoul, reste abondante et largement suffisante pour couvrir la demande. La vente de cette variété, de qualité reconnue, fait la fierté des commerçants locaux. De plus, les prix de gros restent raisonnables et stables, grâce aux efforts conjoints des autorités locales et de l’ONSSA (Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires), qui assurent le contrôle de la qualité et des prix des produits en période de forte consommation.
Les légumineuses telles que les pois chiches, lentilles et fèves, qui sont des composants essentiels des recettes du Ramadan, connaissent également une demande soutenue. Ahmed Madbouh, un commerçant de légumineuses en gros, a confirmé que l’offre était abondante et de qualité, tandis que les prix restent raisonnables et accessibles à tous, permettant ainsi aux citoyens de répondre à leurs besoins pendant le mois sacré.
Le Ramadan, entre spiritualité et préservation du patrimoine culinaire
Si le Ramadan est avant tout une période de recueillement et de prière, il représente aussi un moment privilégié pour les Marrakchis de perpétuer leurs traditions culinaires. Cette dynamique est renforcée par l’engouement pour des produits spécifiques, qui témoignent de la richesse du patrimoine gastronomique de la ville, profondément ancré dans les coutumes et rituels du mois de jeûne.
Les autorités locales et les services concernés se sont mobilisés en amont pour garantir un approvisionnement suffisant et continu des marchés, afin de satisfaire la demande qui atteint des niveaux exceptionnels pendant cette période. Une attention particulière est portée au contrôle de la qualité des produits et à la stabilité des prix, afin de préserver le pouvoir d’achat des citoyens et éviter toute spéculation sur les denrées essentielles.
Une dynamique commerciale unique
Le mois de Ramadan à Marrakech est bien plus qu’une simple période de jeûne et de prière. C’est un moment unique qui impacte profondément la vie commerciale de la ville, donnant lieu à une effervescence dans les marchés et les souikas. Cette période est marquée par un fort engouement pour des produits spécifiques à la préparation des mets traditionnels, et par l’émergence de métiers saisonniers qui contribuent à cette dynamique.
Les efforts des autorités et des commerçants permettent de garantir un approvisionnement suffisant, une diversité des produits, et un contrôle des prix, assurant ainsi que les Marrakchis puissent célébrer ce mois béni dans la quiétude et le respect des traditions culinaires qui font la richesse de cette ville millénaire.