
Le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), sous la direction de Cherkaoui Habboub, a récemment livré des détails inédits sur le démantèlement de la cellule terroriste baptisée « Les lions de la Khilafa au Maghreb Al Aqsa », une nouvelle alerte sur l’évolution de la menace terroriste au Maroc. Ce démantèlement survient à peine un mois après l’avortement de l’attentat de la cellule des trois frères à Had Soualem, et met en lumière l’étendue croissante des menaces émanant de Daech, notamment au Sahel, et leurs tentatives pour établir une présence durable sur le territoire marocain.
Une cellule sophistiquée et internationale
La cellule des « Lions de la Khilafa au Maghreb Al Aqsa », composée de douze membres, âgés de 18 à 40 ans, était particulièrement bien organisée. Ces membres étaient répartis dans plusieurs villes du Maroc, ce qui montre l’étendue de l’infiltration et de la planification. Après plus d’une année d’enquête minutieuse, les services de renseignement marocains ont pu neutraliser ce groupe, qui projetait de commettre des attentats à distance en utilisant des explosifs télécommandés, ainsi que de mener des attaques ciblées contre des membres des forces de sécurité.
Ce projet montre bien l’évolution des méthodes des terroristes. Contrairement aux attentats suicides qui étaient auparavant la méthode privilégiée, cette cellule exploitait des technologies avancées pour opérer à distance, rendant leur mode opératoire plus difficile à détecter et à contrer. Cela témoigne non seulement de l’adaptation de ces groupes aux efforts de sécurité marocains, mais aussi de leur volonté de rendre leurs attaques plus sophistiquées et potentiellement plus dévastatrices.
Un arsenal caché et des liens avec Daech au Sahel
L’ampleur de la menace que représentait cette cellule a été révélée non seulement par leurs intentions d’attentats mais aussi par leur équipement. Les autorités ont découvert un stock d’armements et de munitions caché au pied d’un relief rocheux dans la région de Boudnib, proche de la frontière orientale du Maroc. Ce stock, comprenant des revolvers, des Kalachnikovs, des canons et des munitions emballées dans des journaux maliens, a été retrouvé grâce à des coordonnées GPS saisies sur les membres du groupe.
Les armes retrouvées étaient particulièrement inquiétantes : elles étaient volontairement dépourvues de numéros de série, une tactique utilisée pour effacer leur origine et compliquer leur traçabilité. Selon les autorités, ces armes auraient été fournies et expédiées par un haut commandant de Daech opérant dans la région sahélo-saharienne, une zone où l’organisation terroriste a consolidé sa présence après sa débâcle au Moyen-Orient.
L’arsenal retrouvé rappelle un épisode similaire en 2011, lorsque la cellule d’Amgala, démantelée à l’époque, avait caché un dépôt d’armes lourdes à 200 kilomètres de Laâyoune, soulignant la persistance des tentatives de Daech de s’implanter dans des zones stratégiques proches du Maroc.
Daech au Sahel : Le Maroc en ligne de mire
Les services de renseignement marocains ont tiré une conclusion alarmante : le Royaume est désormais une cible prioritaire de l’État islamique, particulièrement de la branche sahélienne de l’organisation terroriste. Cette cellule démontre l’intensification des efforts de Daech pour déstabiliser le Maroc, avec des ramifications directes au Sahel, une zone qui est devenue un véritable refuge pour les groupes terroristes après leur déclin au Moyen-Orient.
Cherkaoui Habboub a souligné lors d’une conférence de presse que les groupes terroristes sahéliens ne cachaient pas leur intention de cibler le Maroc. À travers leurs plateformes de propagande, ces organisations incitent leurs sympathisants à se lancer dans des actions de représailles contre le Royaume. Selon Habboub, cette volonté de s’installer durablement au Maroc est devenue un objectif stratégique pour ces groupes, qui cherchent à exploiter le territoire marocain pour étendre leur influence et leur terreur.
Les défis sécuritaires pour le Maroc
Ce renforcement de la menace terroriste souligne l’urgence pour le Maroc de maintenir une vigilance maximale. Les récentes neutralisations de cellules terroristes ne sont qu’une preuve de plus de l’efficacité des services de sécurité marocains, mais elles révèlent également la persistance et l’adaptabilité des groupes terroristes dans leurs stratégies. Le recours à des méthodes plus sophistiquées et l’intensification de l’action de Daech dans la région sahélo-saharienne rendent la lutte contre le terrorisme encore plus complexe.
La situation requiert non seulement une surveillance continue des activités des cellules dormantes à l’intérieur du pays, mais aussi une coopération renforcée avec les pays voisins et les partenaires internationaux dans la lutte contre le terrorisme. Les autorités marocaines doivent également rester vigilantes face à des menaces qui, de plus en plus, ne se limitent pas à des attaques physiques immédiates, mais incluent des attaques à distance et des stratégies de déstabilisation à plus long terme.
En conclusion, le démantèlement de la cellule des « Lions de la Khilafa » et l’ombre persistante d’Abderrahmane Sahraoui, qui semble commander à distance ces groupes, illustrent la gravité de la menace terroriste au Maroc. Il est clair que la lutte contre le terrorisme ne se résume pas à l’interception de projets immédiats, mais nécessite une approche globale et proactive pour contrer les ambitions de groupes comme Daech qui cherchent à s’implanter de façon durable au cœur du Royaume.