Les abus de pouvoir des agents de sécurité à l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca

À l’hôpital universitaire Ibn Rochd de Casablanca, les agents de sécurité jouent un rôle central dans l’accueil des patients, mais leur pouvoir dépasse souvent celui qui leur est attribué. Bien qu’ils ne fassent pas partie du personnel médical ou administratif, ces agents ont la capacité de décider de qui sera admis en premier, de qui devra attendre ou même de qui devra revenir plus tard. Leur influence est telle qu’ils semblent exercer un pouvoir démesuré sur l’accès aux soins, créant un climat de tension et d’injustice pour les patients et leurs familles.

Le pouvoir des agents de sécurité : entre responsabilité et abus

À première vue, les agents de sécurité sont censés assurer la sécurité et l’ordre dans l’enceinte de l’hôpital. Cependant, leur rôle semble bien plus complexe et ambigu. Ils ne se contentent pas de vérifier les badges d’accès ou de contrôler les flux dans le hall d’entrée. Ces agents déterminent également qui sera pris en charge en priorité, une décision qui, dans le système actuel, semble être influencée par des critères tout sauf objectifs.

Les patients, souvent en situation de vulnérabilité, sont contraints de «composer» avec eux. Cette «compliance» est vue comme une nécessité pour que leur accès à l’hôpital se fasse sans encombre. Il est parfois question de petites faveurs pour accélérer l’admission, voire pour éviter de trop longues heures d’attente. Cela crée un terreau fertile pour le favoritisme, le copinage, et même des pratiques plus sombres comme le népotisme et la corruption.

Favoritisme, copinage et corruption : un système en place

Les pratiques qui se sont instaurées autour de l’accueil à l’hôpital Ibn Rochd rappellent une triste réalité : celle des abus de pouvoir et des dérives liées à l’absence de régulation et de surveillance. Ces agents de sécurité, parfois en collusion avec certains médecins et infirmiers, transforment leur rôle en une véritable forme de contrôle. Au lieu de garantir une entrée ordonnée et efficace, ils se transforment en gardes-chiourmes, n’hésitant pas à solliciter des « frais » pour faire avancer un dossier ou faire passer une personne avant une autre.

Ce type de comportement n’est pas systématique, heureusement. Nombreux sont les professionnels de santé – médecins, infirmiers et autres personnels hospitaliers – qui agissent avec intégrité, dévouement et respect des patients. Mais le phénomène semble suffisamment répandu pour créer une atmosphère où l’on ne peut s’empêcher de se demander si ces agents agissent avec une telle impunité sans l’aval tacite, ou pire, explicite, de certains de leurs supérieurs.

L’ombre d’une protection : un système qui favorise les abus

Il est difficile d’imaginer que ces agents de sécurité agissent ainsi sans se sentir protégés. Leur pouvoir, en dehors de toute hiérarchie explicite et de toute justification professionnelle, semble avoir des origines plus profondes. Il est possible que leur statut soit le reflet d’une culture de l’impunité, où des « arrangements » en coulisse rendent ces pratiques plus difficiles à dénoncer ou à sanctionner.

Les patients, déjà dans une situation délicate, doivent souvent accepter cette réalité ou risquer d’être laissés dans un état d’attente interminable, sans espoir d’accès rapide aux soins nécessaires. L’absence de régulation claire et d’un contrôle approprié sur ces pratiques ouvre la voie à de nombreuses dérives.

La nécessité d’une réforme : rétablir la confiance et l’équité

Face à cette situation, il devient impératif d’instaurer une meilleure régulation au sein des hôpitaux publics, afin de garantir un accès équitable et juste aux soins. Les abus de pouvoir des agents de sécurité ne peuvent plus être ignorés, car ils portent atteinte à l’intégrité du système de santé et à la confiance des citoyens envers les institutions publiques.

Il est crucial de mettre en place des mécanismes de contrôle, de transparence et de responsabilisation, tant pour le personnel de sécurité que pour les autres agents de l’hôpital. La mise en place de systèmes de plainte accessibles et efficaces, ainsi qu’une supervision renforcée, permettrait d’enrayer ces dérives et d’assurer un environnement où l’accès aux soins se fait sur la base du besoin médical et non d’arrangements informels.

En définitive, la question de l’abus de pouvoir à l’hôpital Ibn Rochd soulève un enjeu majeur de gouvernance et d’éthique dans les institutions publiques. Si le Maroc veut avancer vers un système de santé plus juste et plus fiable, il est essentiel de combattre ces dérives, qui sapent la confiance de la population et compromettent l’équité des services publics.

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