La Pologne a connu un tournant politique majeur lors des élections législatives du 15 octobre 2023. L’opposition pro-européenne, menée par l’ancien Premier ministre et président du Conseil européen Donald Tusk, a remporté la majorité des sièges au Parlement, mettant fin à huit ans de règne du parti nationaliste et populiste Droit et justice (PiS). Ce résultat est considéré comme une victoire pour la démocratie, l’État de droit et les valeurs européennes, que le PiS avait mis à mal avec ses réformes controversées et son attitude hostile envers Bruxelles.
Selon les résultats officiels, le PiS a obtenu 35,38 % des voix et 194 sièges sur 460 à la chambre basse du Parlement, loin de la majorité absolue nécessaire pour gouverner seul. La Coalition civique (KO) de Donald Tusk a recueilli 30,7 % des suffrages et 163 sièges, suivie par la Troisième Voie (centriste) avec 14,4 % et 63 sièges, et la Gauche (socialiste) avec 8,61 % et 22 sièges. Ces trois partis d’opposition ont annoncé leur intention de former une coalition gouvernementale, qui disposerait de 248 sièges, soit une majorité confortable. L’extrême droite de la Confédération a obtenu 7,16 % des voix et 18 sièges, mais elle n’est pas considérée comme un partenaire potentiel par les autres formations.
L’opposition pro-européenne a également remporté la majorité au Sénat, la chambre haute du Parlement, avec 66 sièges sur 100. Cette victoire lui permettra de contrôler le processus législatif et de bloquer les éventuelles tentatives du PiS de modifier la Constitution ou les lois organiques. Le taux de participation a atteint un niveau record de 74,38 %, témoignant de l’enjeu crucial de ce scrutin pour l’avenir du pays.
Le PiS, au pouvoir depuis 2015, a été critiqué par l’Union européenne et les organisations internationales pour ses réformes judiciaires, qui ont affaibli l’indépendance des tribunaux et menacé l’État de droit. Le parti a également adopté une rhétorique anti-immigration, anti-LGBT et anti-allemande, qui a alimenté les tensions avec ses partenaires européens. Le PiS a également organisé un référendum le jour des élections sur des questions relatives à l’immigration et à l’économie, mais celui-ci a été invalidé faute d’avoir atteint le seuil de participation requis de 50 %.
Donald Tusk, qui a fait son retour en politique polonaise en juillet 2023 après avoir quitté la présidence du Conseil européen en 2019, s’est présenté comme le leader capable de rassembler les forces pro-européennes et de restaurer le dialogue avec Bruxelles. Il a promis de revenir sur les réformes du PiS et de défendre les droits fondamentaux des citoyens. Il a également plaidé pour une plus grande intégration européenne et une coopération renforcée avec les pays voisins, notamment l’Ukraine.
La victoire de l’opposition pro-européenne en Pologne est saluée par les dirigeants européens, qui espèrent une normalisation des relations avec Varsovie. Elle marque également un coup d’arrêt à la montée des partis populistes eurosceptiques en Europe centrale. Le nouveau gouvernement polonais devra toutefois faire face à plusieurs défis, notamment la gestion de la pandémie de Covid-19, la transition écologique et la relance économique.