Le sénat protège la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive

Le sénat protège la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive

L’écriture inclusive est une forme de rédaction qui cherche à rendre visible les femmes et les personnes non-binaires dans la langue française, en utilisant des signes comme le point médian (par exemple, « les étudiant·e·s ») ou des mots neutres (par exemple, « iel » pour « il » ou « elle »). Cette pratique, qui se veut plus égalitaire et inclusive, suscite depuis plusieurs années des débats passionnés et parfois polémiques.

Le 30 octobre 2023, le Sénat, à majorité de droite, a adopté en première lecture une proposition de loi visant à « protéger la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive ». Ce texte, porté par la sénatrice Les Républicains Pascale Gruny, prévoit d’interdire l’usage de l’écriture inclusive dans un grand nombre de documents de la vie quotidienne, comme les modes d’emploi, les contrats de travail, les règlements intérieurs d’entreprises, les actes juridiques ou les publications émanant de personnes publiques ou privées chargées d’une mission de service public. Il prévoit également d’inscrire l’interdiction de l’écriture inclusive dans le code de l’éducation, renforçant ainsi une circulaire du ministre Jean-Michel Blanquer datant de 2021.

Les auteurs de la proposition de loi justifient leur démarche par le souci de préserver la langue française, qu’ils estiment menacée par l’écriture inclusive. Ils invoquent notamment des arguments liés à la lisibilité, à la prononciation, à l’apprentissage et à la transmission du français. Ils s’appuient également sur l’avis de l’Académie française, qui a condamné à plusieurs reprises l’écriture inclusive comme une « aberration linguistique ».

Les partisans de l’écriture inclusive, quant à eux, dénoncent une volonté rétrograde et discriminatoire de la part du Sénat. Ils défendent l’idée que la langue française est vivante et évolutive, et qu’elle doit refléter la diversité des identités et des expressions. Ils soulignent aussi que l’écriture inclusive n’est pas une norme imposée, mais un choix volontaire et militant de celles et ceux qui l’utilisent. Ils rappellent enfin que l’écriture inclusive existe depuis longtemps dans la littérature, la poésie ou le militantisme féministe.

La proposition de loi du Sénat a peu de chances d’être adoptée par l’Assemblée nationale, où la majorité présidentielle dispose d’une large avance. Néanmoins, elle relance le débat sur le rôle et la place de la langue française dans la société. Faut-il protéger le français des évolutions qu’il subit, ou au contraire l’adapter aux besoins et aux aspirations de celles et ceux qui le parlent ? L’écriture inclusive est-elle une menace ou une opportunité pour la langue française ? Autant de questions qui ne manqueront pas d’animer les discussions dans les mois à venir.

Les signes de l’écriture inclusive

L’écriture inclusive utilise différents signes pour marquer la distinction entre le féminin et le masculin dans les mots. Les principaux signes utilisés sont :

  • Le point médian ou point milieu, qui sépare les terminaisons féminines et masculines par un point placé au milieu du mot. Par exemple : les étudiant·e·s, les candidat·e·s, les citoyen·ne·s.
  • Les parenthèses, qui encadrent la partie du mot qui diffère selon le genre. Par exemple : les étudiant(e)s, les candidat(e)s, les citoyen(ne)s.
  • Le tiret, qui remplace le point médian ou les parenthèses par un trait d’union. Par exemple : les étudiant-e-s, les candidat-e-s, les citoyen-ne-s.
  • Le slash, qui sépare les formes féminines et masculines par une barre oblique. Par exemple : les étudiant/es, les candidat/es, les citoyen/nes.

Ces signes visent à rendre visible la diversité des genres dans la langue française, mais ils ne sont pas reconnus par l’Académie française ni par le ministère de l’Éducation nationale. Ils peuvent aussi poser des problèmes de lisibilité, de prononciation et d’accessibilité pour certaines personnes. Il existe d’autres moyens d’écrire de manière inclusive, comme l’utilisation de mots épicènes (qui ne varient pas selon le genre), la féminisation des noms de métiers ou de fonctions, ou l’alternance du féminin et du masculin dans un texte.

Pourquoi on s’oppose à l’écriture inclusive

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles certaines personnes s’opposent à l’écriture inclusive. Voici quelques arguments avancés par les opposants123 :

  • L’écriture inclusive est une atteinte à la langue française, qui a une grammaire, une syntaxe et une orthographe établies par l’Académie française. Elle introduit des signes et des mots qui ne sont pas reconnus par les règles de la langue et qui la rendent illisible et incompréhensible.
  • L’écriture inclusive est une source de confusion pour les lecteurs et les locuteurs, qui ne savent pas comment prononcer ou interpréter les mots écrits avec des points médians, des parenthèses, des tirets ou des slashs. Elle pose aussi des problèmes d’accessibilité pour les personnes malvoyantes ou dyslexiques, qui ont du mal à lire ces signes.
  • L’écriture inclusive est un obstacle à l’apprentissage du français, notamment pour les enfants et les personnes étrangères. Elle complique l’acquisition des règles de grammaire et d’orthographe, et crée un écart entre l’écrit et l’oral. Elle peut aussi nuire à la transmission du patrimoine culturel et littéraire français, qui est écrit en français traditionnel.
  • L’écriture inclusive est une idéologie militante qui cherche à imposer une vision politique et sociale de la langue, au nom de l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle nie la neutralité du masculin générique, qui n’est pas un marqueur de domination masculine, mais une convention linguistique. Elle ignore aussi la diversité des expressions féminines existantes dans la langue française.

31 octobre 2023 21h05

654 vues totales, 0 aujourd'hui