Le retrait des troupes françaises stationnées au Niger a été annoncé par le président Emmanuel Macron le 24 septembre 2023, après un coup d’Etat militaire qui a renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023.
Le climat est très tendu entre Paris et Niamey, qui ont rompu leurs relations diplomatiques et militaires. La France a rappelé son ambassadeur et décidé de mettre fin à sa coopération avec le Niger dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel.
Le retrait des militaires et des moyens militaires français du Niger a débuté cette semaine, selon l’état-major des armées. Il doit s’achever avant la fin de l’année 2023. Quelque 1.400 soldats français sont présents dans le pays, principalement sur la base aérienne de Niamey et dans la zone des trois frontières entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali.
Le retrait des forces françaises du Niger pose des difficultés logistiques et sécuritaires, notamment sur la route qui relie les bases avancées à la capitale. La coordination avec les armées nigériennes est essentielle pour assurer la réussite de cette manœuvre.
La France a décidé de se retirer du Niger pour plusieurs raisons :
- La France ne reconnaît pas la légitimité de la junte militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement en février 2023. Elle considère que le coup d’Etat du 26 juillet 2023 est une violation de la Constitution et de l’ordre démocratique, et qu’il menace la stabilité du pays et de la région.
- La France estime que la junte ne veut plus coopérer avec elle dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, et qu’elle a rompu les accords de défense qui liaient les deux pays depuis l’indépendance du Niger en 1960. La junte a en effet demandé à la France de retirer ses troupes et ses moyens militaires du territoire nigérien, et a suspendu toute collaboration avec l’opération Barkhane, qui vise à combattre les groupes djihadistes dans la zone des trois frontières entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
- La France fait face à une hostilité croissante de l’opinion publique nigérienne, qui accuse Paris d’ingérence dans les affaires internes du pays, de soutenir un régime corrompu et impopulaire, et de profiter des ressources naturelles du Niger, notamment de son uranium. Des manifestations anti-françaises ont eu lieu à plusieurs reprises dans les grandes villes du pays, et des slogans comme « France dégage » ou « Non à la Françafrique » ont été scandés par les manifestants.
Le rôle de la France au Sahel est de soutenir les pays de la région dans leur lutte contre le terrorisme, le crime organisé et le sous-développement. La France agit au Sahel à la demande des pays africains, en partenariat avec ses alliés européens et internationaux, et dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Voici les principaux aspects de l’action de la France au Sahel :
- La France mène une opération militaire appelée Barkhane, qui vise à appuyer les forces armées des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) dans leur combat contre les groupes armés terroristes. Barkhane compte environ 5 100 soldats français déployés sur un territoire aussi vaste que l’Europe. La France a également créé une unité conjointe de forces spéciales avec ses partenaires européens, nommée Takuba, qui opère sous le commandement de Barkhane.
- La France soutient la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation au Mali, signé en 2015 entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord du pays. Cet accord est essentiel pour une stabilisation durable du Mali et du Sahel. La France participe à la médiation internationale qui accompagne le processus de paix, ainsi qu’à la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), qui compte plus de 13 000 casques bleus.
- La France appuie le G5 Sahel, une organisation régionale créée en 2014 par les cinq pays du Sahel pour renforcer leur coopération dans les domaines de la sécurité, du développement et de la gouvernance. La France a contribué à la création d’une force conjointe du G5 Sahel, qui mène des opérations transfrontalières contre les groupes terroristes et criminels. La France a également initié l’Alliance Sahel, qui regroupe plus de 20 bailleurs de fonds internationaux pour financer des projets de développement dans les zones fragiles du Sahel.
- La France participe à la Coalition pour le Sahel, lancée en janvier 2020 lors du sommet de Pau entre la France et les pays du G5 Sahel. Cette coalition vise à renforcer la coordination entre les différents acteurs engagés au Sahel, dans les domaines de la sécurité, du développement, de la gouvernance et de l’aide humanitaire. Elle rassemble plus de 60 partenaires, dont l’Union européenne, les Nations unies, l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).