Le luth est l’un des instruments les plus anciens et les plus emblématiques de la musique du monde arabe et méditerranéen. Il occupe une place centrale dans de nombreuses traditions musicales, du Moyen-Orient à l’Afrique du Nord, en passant par l’Espagne. Avec ses cordes, sa caisse de résonance et son manche, il produit des sons riches et harmonieux qui résonnent profondément dans l’histoire de la musique.
Origines et Histoire du Luth
Le luth trouve ses racines dans les civilisations anciennes, remontant à des instruments similaires utilisés en Mésopotamie, Égypte ancienne et dans le monde grec. Il est considéré comme un descendant des instruments à cordes pincées et frottées des premières civilisations. Au fil des siècles, le luth a évolué pour devenir un instrument polyvalent qui a traversé les cultures et les frontières.
Au Moyen Âge, le luth est devenu un instrument clé dans la musique classique arabe et andalouse. Sa popularité en Europe s’est aussi accrue au cours de la Renaissance, où il est devenu un instrument de cour privilégié dans les ensembles de musique classique. Il a influencé l’évolution de nombreux autres instruments à cordes en Europe, comme la guitare.
Le Luth dans la Musique Arabe et Marocaine
Dans la musique arabe et marocaine, le luth est un instrument indispensable, surtout dans les genres traditionnels comme la musique andalouse, le chaâbi ou la musique classique orientale. Il fait partie intégrante des ensembles musicaux traditionnels, où il joue souvent un rôle principal en tant qu’instrument soliste ou accompagnateur.
Le oud, l’un des types de luth les plus populaires dans la musique arabe, est un instrument sans frettes avec une caisse de résonance souvent en bois sculpté et une large ouverture centrale. Il est joué en grattant ou en pincant les cordes avec un plectre appelé risha. Le oud se distingue par sa sonorité chaude et profonde, et il est capable de produire une large palette d’émotions et de nuances.
Structure du Luth
La structure du luth est assez simple, mais chaque élément contribue à la richesse de son son :
- La caisse de résonance : Fabriquée en bois, elle est souvent sculptée à la main. Elle permet à l’instrument de produire des sons vibrants et riches. La forme de la caisse de résonance varie légèrement en fonction des styles de luth, mais elle est généralement ronde ou en forme de poire.
- Le manche : Long et généralement sans frettes, le manche du luth permet une grande souplesse de jeu, avec la possibilité d’adapter le ton selon l’endroit où les doigts touchent les cordes.
- Les cordes : Le luth traditionnel comporte généralement entre 5 et 11 cordes, bien que certaines variations modernes puissent en avoir plus. Ces cordes sont en nylon ou en soie et sont accordées en fonction de la tonalité recherchée.
- Le plectre (risha) : Le luth est joué à l’aide d’un plectre appelé risha, qui est généralement fabriqué à partir de plumes, de bois ou de plastique. La technique du pincement des cordes avec la risha permet de produire un son précis et rythmique.
Le Luth dans la Musique Andalouse
La musique andalouse, un genre profondément ancré dans la culture marocaine, trouve dans le luth l’instrument clé pour transmettre son émotion et son raffinement. Le luth est un compagnon des chants poétiques, et son rôle est essentiel pour créer une atmosphère intime et élégante.
Les mélodies andalouses, souvent longues et complexes, sont jouées sur le luth, qui soutient la voix du chanteur tout en embellissant la musique par des improvisations entre chaque morceau. Dans ce contexte, le luth ne se contente pas d’accompagner la voix ; il dialogue avec elle, enrichissant les nuances et les subtilités du texte chanté.
Le Luth dans la Musique Gnawa et Chaâbi
Dans la musique gnawa, une autre tradition musicale profondément marocaine, le luth, ou son équivalent local, est utilisé dans des rituels spirituels. Bien que le luth ne soit pas aussi dominant que d’autres instruments comme les qraqeb (les castagnettes métalliques), il apparaît parfois dans les ensembles gnawas pour renforcer l’ambiance mystique de la musique et accompagner les chants de transe.
Dans le chaâbi, genre populaire et festif, le luth peut également être un instrument clé. Il s’insère dans des ensembles avec des percussions et d’autres instruments pour animer les fêtes et les célébrations, en ajoutant des accents mélodiques et rythmiques au côté des autres instruments comme la derbouka (tambour) ou le bendir (tambour marocain).
Techniques de Jeu
Le luth est joué en utilisant une technique de pincement des cordes à l’aide du plectre, créant ainsi un son distinctif. Le jeu du luth repose sur des gammes et des modes spécifiques appelés maqams dans la musique arabe, qui ajoutent de la profondeur et de l’émotion à chaque morceau joué.
Les musiciens de luth maîtrisent également l’art de l’improvisation, un aspect important dans les performances musicales traditionnelles marocaines. Lors des concerts, le luthiste peut improviser des variations sur une mélodie de base, créant ainsi des atmosphères uniques et un dialogue avec le public.
Un Instrument au Cœur de la Musique Traditionnelle
Le luth reste un instrument incontournable dans la musique marocaine et arabe, jouant un rôle central dans la transmission de l’histoire, de la culture et de la spiritualité à travers les âges. Des rituels sacrés aux festivals populaires, du chaâbi à la musique andalouse, le luth continue de charmer par sa sonorité profonde et ses possibilités infinies.
Sa présence au sein de la scène musicale contemporaine, que ce soit dans des orchestres traditionnels ou des collaborations avec des musiciens modernes, en fait un symbole vivant de la richesse de l’héritage musical du Maroc.