Le roi Mohammed V (1909-1961) est l’une des figures les plus emblématiques de l’histoire contemporaine du Maroc. En tant que souverain, il a non seulement joué un rôle central dans la lutte pour l’indépendance du pays, mais a également été un leader visionnaire qui a façonné l’avenir du Maroc après son indépendance en 1956. Son règne est marqué par un profond engagement envers son peuple, par sa résistance à la domination coloniale et par sa détermination à restaurer la souveraineté du Maroc. Le roi Mohammed V est ainsi considéré comme le libérateur du Maroc et le père de l’indépendance.
Un héritage royal et une montée sur le trône
Né le 10 août 1909 à Rabat, le prince Sidi Mohammed ben Youssef était le fils du sultan Youssef ben Hassan, de la dynastie des Alawites, qui gouvernait le Maroc depuis des siècles. Le jeune Mohammed fut élevé dans une cour marquée par les traditions et la grandeur de la monarchie marocaine, mais aussi par les défis liés à la présence de puissances coloniales européennes, en particulier la France, qui exerçait un protectorat sur le Maroc depuis 1912.
Le roi Mohammed V accéda au trône en 1927, à l’âge de 18 ans, après la mort de son père, le sultan Youssef. Cependant, son début de règne coïncida avec une période particulièrement difficile pour le pays, alors soumis à une domination coloniale de plus en plus étouffante. Bien qu’il ait grandi sous la tutelle des autorités coloniales, le jeune roi resta toujours attaché à l’idée d’un Maroc souverain.
Le rôle de Mohammed V dans la lutte pour l’indépendance
Une résistance pacifique
Lorsque Mohammed V monta sur le trône, la question de l’indépendance du Maroc était plus que jamais d’actualité. La populace marocaine, de plus en plus insatisfaite de la domination coloniale, commença à organiser des mouvements nationalistes. Le principal mouvement qui émergea à cette époque fut le Parti de l’Istiqlal (Indépendance), fondé en 1944, qui appelait à la fin du protectorat français et à la restauration de la souveraineté du pays.
Le roi Mohammed V s’aligna avec les nationalistes, bien qu’il fût sous pression constante de la part des autorités coloniales françaises. Il devint rapidement une figure symbolique de la lutte pour l’indépendance, refusant de céder aux demandes de la France qui voulait maintenir son contrôle sur le Maroc.
L’exil et le retour triomphal
L’un des moments les plus significatifs du règne de Mohammed V se produisit en 1953. Après des années de résistance, les autorités coloniales françaises décidèrent d’exiler le roi à Madagascar dans le but de l’éloigner de la scène politique et de briser l’élan du mouvement nationaliste. Cependant, cet acte d’oppression se retourna contre les colonisateurs. Le peuple marocain, sous la conduite du Parti de l’Istiqlal et des forces nationalistes, manifesta massivement contre l’exil du roi, marquant ainsi le début d’une mobilisation nationale sans précédent.
La pression populaire, ainsi que les tensions internes en France, contraignirent les autorités françaises à négocier. En 1955, le roi Mohammed V fut autorisé à revenir au Maroc, et son retour à Rabat fut un moment historique, célébré par des millions de Marocains qui y virent la victoire du patriotisme et de l’unité nationale.
L’accord de 1955 et l’indépendance
Après le retour du roi Mohammed V, les négociations entre le Maroc et la France s’intensifièrent, conduisant à la signature de l’accord de 1955 qui mit fin au protectorat français. Le 2 mars 1956, le Maroc retrouva officiellement son indépendance, avec Mohammed V comme roi souverain. Le pays devint une monarchie indépendante, tout en conservant la structure politique traditionnelle.
Ce moment historique symbolise l’accomplissement des aspirations de tout un peuple. La victoire de l’indépendance marqua non seulement la fin de la domination coloniale, mais aussi le début d’une nouvelle ère pour le Maroc, désormais libre de toute intervention étrangère.
Le rôle de Mohammed V après l’indépendance : Un roi réformateur
Après l’indépendance, Mohammed V se consacra à la reconstruction de son pays. Sa mission était de moderniser le Maroc tout en préservant ses valeurs traditionnelles et sa culture. En tant que monarque réformateur, il entreprit des réformes politiques et sociales qui visaient à moderniser l’administration, développer les infrastructures du pays, et promouvoir l’unité nationale.
La création de l’Union du Maghreb arabe
En outre, après l’indépendance du Maroc, Mohammed V œuvra pour la coopération régionale avec les autres pays d’Afrique du Nord. Il joua un rôle important dans la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) avec la Tunisie, l’Algérie et la Libye. Bien que cette union n’ait pas donné les résultats escomptés, elle témoigne de l’ambition du roi de renforcer les liens entre les pays du Maghreb.
La question du Sahara Occidental
Sous son règne, la question du Sahara Occidental commença à prendre une place importante dans la politique marocaine. Le roi Mohammed V considérait le Sahara comme une partie intégrante du Maroc et lutta pour récupérer cette région, qui était sous contrôle espagnol. Cette question demeura un enjeu majeur pour le Maroc, et son fils, Hassan II, continua cette lutte après la mort de Mohammed V.
La mort de Mohammed V : Un héritage durable
Le 26 février 1961, le roi Mohammed V mourut d’une maladie à l’âge de 51 ans, laissant derrière lui un Maroc indépendant, respecté et en plein processus de modernisation. Son fils, le prince Hassan, lui succéda sous le nom de Hassan II et poursuivit les réformes entamées par son père.
Le roi Mohammed V reste une figure historique incontournable. Il est respecté non seulement pour son rôle dans l’accession du Maroc à l’indépendance, mais aussi pour sa capacité à allier tradition et modernité dans ses réformes. Il est vu comme un symbole de l’unité nationale et de la résistance à l’oppression.
Un roi légendaire et un symbole de l’unité nationale
Le roi Mohammed V demeure l’un des plus grands héros nationaux du Maroc. Son règne est celui de l’indépendance, de la résistance et de la modernisation. À travers son leadership visionnaire, il a non seulement libéré le Maroc du joug colonial, mais a aussi jeté les bases d’un avenir prometteur pour son peuple. À ce jour, son héritage est profondément ancré dans l’identité nationale marocaine, et il est célébré comme le père fondateur du Maroc moderne.