La Marche verte est l’un des événements les plus emblématiques de l’histoire moderne du Maroc. Elle a eu lieu en novembre 1975 et a marqué un tournant décisif dans la politique marocaine, en particulier en ce qui concerne la question du Sahara Occidental. Dirigée par le roi Hassan II, la Marche verte a été une mobilisation pacifique qui a joué un rôle clé dans l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc, après le retrait de l’Espagne, ancienne puissance coloniale de la région.
Contexte historique : Le Sahara Occidental et la fin de la colonisation
Avant la Marche verte, le Sahara Occidental était une colonie espagnole. Après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975, l’Espagne a décidé de se retirer de ses anciennes colonies en Afrique. La région du Sahara Occidental, riche en ressources naturelles, était revendiquée par plusieurs acteurs, notamment le Maroc, qui considérait cette région comme une partie intégrante de son territoire, et le Front Polisario, un mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie, qui prônait l’indépendance du Sahara Occidental.
En 1975, à la veille du retrait espagnol, le roi Hassan II a décidé de mener une opération diplomatique et symbolique pour revendiquer la souveraineté du Maroc sur cette région. Cela a donné naissance à la célèbre Marche verte.
La préparation de la Marche verte : Une mobilisation nationale
L’idée de la Marche verte a été lancée par Hassan II, qui voulait une action de masse, pacifique et symbolique, afin d’affirmer la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental sans recourir à la violence. La Marche verte n’était pas une invasion militaire, mais plutôt une mobilisation populaire, constituée de civils marocains, visant à marcher vers le Sahara Occidental pour revendiquer pacifiquement cette région.
Pour cette opération, le gouvernement marocain a organisé une mobilisation impressionnante. En l’espace de quelques semaines, près de 350 000 Marocains — hommes, femmes et enfants de toutes les régions du pays — se sont portés volontaires pour participer à cette Marche. L’objectif était de marcher pacifiquement vers le Sahara Occidental pour y installer des symboles de souveraineté marocaine. Ce grand mouvement a été également soutenu par une propagande nationale qui a mobilisé l’opinion publique en faveur de la cause sahraouie.
Le déroulement de la Marche verte : Une mobilisation pacifique
Le 6 novembre 1975, la Marche verte a officiellement commencé. La première phase de l’opération consistait à rassembler les volontaires dans la ville de Tata, dans le sud du Maroc, d’où ils se dirigeraient ensuite vers le Sahara Occidental. La marche était une action symbolique et non violente, dans le but d’éviter un conflit armé. Les participants étaient principalement des civils, munis de drapeaux marocains et de corans, et ils marchaient paisiblement vers les frontières du Sahara Occidental.
La communauté internationale suivait de près cet événement. Au lieu d’envoyer l’armée marocaine en force, Hassan II a insisté sur l’aspect pacifique de l’opération. Il a cherché à convaincre l’Espagne de négocier le statut du Sahara Occidental avec le Maroc, mais l’option militaire n’était pas exclue en cas de résistance. Les autorités espagnoles, prises de court, ont finalement accepté d’engager des négociations avec le Maroc, ce qui a conduit à la signature des Accords de Madrid.
Les accords de Madrid : Une victoire diplomatique pour le Maroc
Le 14 novembre 1975, moins d’une semaine après le début de la Marche verte, le Maroc, la Mauritanie et l’Espagne signèrent les Accords de Madrid, qui prévoyaient le retrait de l’Espagne et le partage du Sahara Occidental entre le Maroc et la Mauritanie. Ces accords ont donné au Maroc une souveraineté sur la majeure partie de la région, bien que la question de l’indépendance du Sahara Occidental reste un point de discorde, notamment avec le Front Polisario.
Les accords ont permis au Maroc de renforcer sa position dans la région et d’obtenir un contrôle effectif sur le Sahara Occidental. Cependant, cette solution n’a pas mis fin au conflit. Le Front Polisario a rejeté les accords et a poursuivi sa lutte pour l’indépendance du Sahara Occidental, avec le soutien de l’Algérie.
L’impact de la Marche verte : Un tournant dans l’histoire du Maroc
La Marche verte a eu un impact considérable, non seulement sur le Maroc, mais également sur l’ensemble de la région et au-delà. Elle a renforcé le rôle de la monarchie marocaine et celui du roi Hassan II, qui a été perçu comme un leader visionnaire et déterminé. La mobilisation de centaines de milliers de citoyens marocains pour une cause nationale a créé un sentiment de fierté et d’unité au sein du peuple marocain.
Cette action symbolique a également permis au Maroc de renforcer ses relations avec certains pays, tout en dégradant ses relations avec d’autres, notamment l’Algérie, qui soutenait le Front Polisario, et les pays de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) qui soutenaient l’indépendance du Sahara Occidental. La Marche verte a mis en lumière la question du Sahara Occidental sur la scène internationale, et elle reste un point de tension majeur dans les relations entre le Maroc, l’Algérie, et le Front Polisario.
La Marche verte aujourd’hui : Un symbole national
Aujourd’hui, la Marche verte reste un symbole de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental et est commémorée chaque année au Maroc le 6 novembre, date anniversaire de l’événement. C’est une fête nationale qui célèbre l’unité du pays et rend hommage à tous ceux qui ont pris part à cette grande mobilisation pacifique.
Cependant, la question du statut du Sahara Occidental demeure toujours un enjeu de diplomatie et de tensions géopolitiques, tant au niveau régional qu’international. Les efforts pour parvenir à une solution durable et pacifique au conflit du Sahara Occidental, notamment sous l’égide des Nations Unies, continuent d’être un défi majeur pour le Maroc et ses voisins.
Un acte de fierté et de détermination
La Marche verte demeure une étape clé dans l’histoire contemporaine du Maroc. Elle a permis de renforcer la position du pays sur la scène internationale et de consolider l’unité nationale autour d’un objectif commun. Cependant, bien que la Marche ait été un succès diplomatique pour le Maroc à court terme, le conflit du Sahara Occidental reste un sujet de tensions régionales qui n’a pas encore trouvé de solution définitive.
La Marche verte illustre parfaitement le mélange de pragmatisme politique, de mobilisation populaire et de détermination nationale. Elle symbolise l’engagement du Maroc à défendre son intégrité territoriale, tout en restant un modèle de mobilisation pacifique et d’actions symboliques qui a marqué une époque dans l’histoire du pays.