L’histoire des arabes au Maroc est très riche et complexe. Les arabes sont arrivés au Maroc à partir du VIIe siècle, lors de la conquête arabo-musulmane de l’Afrique du Nord. Ils ont apporté avec eux l’islam, la langue arabe et une nouvelle culture. Ils se sont mélangés avec les populations berbères autochtones, qui ont résisté à leur domination et ont conservé leur identité et leurs traditions. Les arabes se sont divisés en plusieurs groupes, selon leur origine et leur époque d’installation. On distingue ainsi les arabes pré-hilaliens, venus entre le VIIIe et le XIe siècle, qui se sont concentrés principalement dans les villes, et les hilaliens, venus à partir du XIe siècle, qui se sont installés dans les campagnes. Les hilaliens sont eux-mêmes subdivisés en deux grandes tribus : les Banu Souleym et les Banu Maqil.
Le Maroc a connu plusieurs dynasties d’origine arabe, qui ont régné sur le pays ou sur une partie de celui-ci. La première est celle des Idrissides, fondée par Idris Ier, un descendant du prophète Mahomet, qui a établi sa capitale à Fès en 789. Les Idrissides ont été renversés par les Fatimides, une dynastie chiite qui contrôlait l’Égypte et une partie du Maghreb. Les Fatimides ont nommé des gouverneurs locaux, appelés émirs, qui ont souvent fait preuve d’autonomie ou de rébellion. Parmi eux, on peut citer l’émirat de Nekor, fondé par Salih Ier ibn Mansur en 710 dans le Rif. Les Fatimides ont été remplacés par les Omeyyades de Cordoue, une dynastie sunnite qui a régné sur l’Espagne musulmane et une partie du Maghreb. Les Omeyyades ont été affaiblis par les luttes internes et la montée des factions zénètes, des tribus berbères qui ont fondé leurs propres dynasties, comme les Maghraouas, les Zirides ou les Hammadides.
Au XIe siècle, le Maroc a été envahi par les Almoravides, une dynastie berbère originaire du Sahara, qui a unifié le pays sous son autorité et a étendu son empire jusqu’à l’Espagne. Les Almoravides ont été détrônés par les Almohades, une autre dynastie berbère issue du mouvement religieux réformiste de Ibn Tumart. Les Almohades ont construit la mosquée Kutubiyya à Marrakech et la tour Hassan à Rabat. Ils ont été confrontés aux croisades chrétiennes en Espagne et aux invasions mongoles en Orient. Ils ont fini par s’effondrer sous la pression des tribus arabes hilaliennes, qui ont envahi le Maroc à partir du XIIe siècle. Ces tribus ont provoqué le déclin de l’agriculture et des villes, et ont favorisé le nomadisme et le tribalisme.
Au XIIIe siècle, le Maroc a été divisé entre deux dynasties rivales : les Mérinides au nord et les Zianides au centre. Les Mérinides ont restauré la splendeur de Fès et ont fondé la médina de Rabat. Ils ont été affrontés par les Castillans en Espagne et par les Hafsides en Tunisie. Les Zianides ont établi leur capitale à Tlemcen et ont résisté aux invasions des Mamelouks d’Égypte. Au XVe siècle, le Maroc a connu l’arrivée des Portugais et des Espagnols sur ses côtes atlantiques et méditerranéennes. Ces derniers ont établi des comptoirs commerciaux et des forteresses, comme Ceuta, Asilah ou El Jadida. Ils ont été combattus par les Saadiens, une dynastie chérifienne (descendante du prophète Mahomet) originaire du sud du Maroc. Les Saadiens ont repoussé les Portugais à la bataille des Trois Rois en 1578 et ont conquis le royaume de Songhaï au sud du Sahara. Ils ont construit le palais de la Bahia et les tombeaux saadiens à Marrakech.
Au XVIIe siècle, les Saadiens ont été remplacés par les Alaouites, une autre dynastie chérifienne qui règne encore aujourd’hui sur le Maroc. Les Alaouites ont unifié le pays et ont renforcé son indépendance face aux puissances européennes. Ils ont fait face à la révolte des corsaires de Salé, qui pratiquaient la piraterie en Méditerranée, et à celle des Ismaïliens, une secte religieuse qui prétendait être dirigée par le Mahdi, le sauveur attendu par les musulmans. Les Alaouites ont également développé les relations diplomatiques et commerciales avec la France, l’Angleterre, les Pays-Bas et les États-Unis. Ils ont construit le palais royal de Meknès sous le règne de Moulay Ismaïl.
Au XIXe siècle, le Maroc a été confronté à la montée du colonialisme européen en Afrique. Il a tenté de préserver sa souveraineté en jouant sur la rivalité entre la France et l’Espagne. Il a signé le traité de Fès en 1912, qui instaurait un protectorat français sur la majeure partie du pays et un protectorat espagnol sur le Rif, le Sahara et certaines enclaves côtières. Le protectorat a été marqué par la modernisation du pays, mais aussi par la résistance des nationalistes marocains, qui réclamaient l’indépendance. Parmi eux, on peut citer Abdelkrim el-Khattabi, qui a mené la guerre du Rif contre les Espagnols dans les années 1920, ou Mohammed V, le sultan qui a été exilé par les Français en 1953 pour avoir soutenu le mouvement nationaliste. Le Maroc a finalement obtenu son indépendance en 1956, après des négociations avec la France et l’Espagne. Il a adopté une monarchie constitutionnelle, avec Mohammed V comme premier roi du Maroc indépendant.
Le Maroc a connu depuis lors plusieurs événements politiques, économiques, sociaux et culturels importants. Il a annexé le Sahara occidental en 1975, ce qui lui vaut un conflit avec le Front Polisario, un mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie. Il a connu des périodes de tension avec son voisin algérien, notamment à propos de la fermeture des frontières depuis 1994. Il a également connu des périodes de réforme et d’ouverture, notamment sous le règne de Hassan II (1961-1999) et de son fils Mohammed VI (depuis 1999). Il a adopté une nouvelle constitution en 2011, qui renforce les pouvoirs du Parlement et du Premier ministre. Il a également développé ses relations avec l’Union européenne, les États-Unis et les pays africains. Il a accueilli plusieurs événements internationaux, comme la COP22 sur le climat en 2016 ou la Coupe du monde des clubs de football en 2013 et 2014. Il a également mis en valeur son patrimoine culturel et artistique, avec des festivals comme le Festival international du film de Marrakech ou le Festival Gnaoua d’Essaouira.
L’histoire des arabes au Maroc est donc celle d’une longue présence, d’une grande diversité et d’une forte influence sur la société marocaine actuelle. Les arabes ont contribué à façonner l’identité, la langue, la religion, la culture et la politique du Maroc. Ils ont également interagi avec les autres composantes du pays, comme les berbères, les juifs ou les européens. Ils ont participé à l’histoire du Maghreb, de l’Afrique et du monde musulman. Ils ont laissé des traces dans l’architecture, la littérature, la musique, l’art et la gastronomie marocaines. Ils font partie intégrante du patrimoine et de la mémoire du Maroc.