Le continent africain face à la transition énergétique

L’Afrique, riche de ses ressources naturelles et marquée par des réalités socio-économiques très variées, est aujourd’hui au cœur d’un dilemme majeur : celui de la transition énergétique. Tandis que certains pays africains comme le Kenya parviennent à intégrer massivement les énergies renouvelables dans leur mix énergétique, d’autres, comme l’Algérie, peinent à franchir le pas. Ce fossé met en lumière les tensions entre ambitions environnementales et dépendance aux énergies fossiles, au moment où les enjeux climatiques prennent une ampleur globale.

En 2024, le mix électrique africain est un véritable reflet des disparités économiques et des priorités énergétiques des pays du continent. Le Kenya, modèle en matière d’énergie propre, affiche un taux impressionnant de 90% d’électricité issue de sources renouvelables, principalement grâce à l’hydroélectricité, à la géothermie et à l’éolien. À l’opposé, l’Algérie, avec seulement 1% de sa production d’électricité provenant de sources renouvelables, demeure fortement tributaire des énergies fossiles, principalement le gaz naturel. Cette situation illustre un contraste saisissant entre des pays qui ont fait le choix de la transition verte et ceux qui restent ancrés dans un modèle énergétique basé sur le pétrole et le gaz.

Kenya : un modèle de transition énergétique réussie

Le Kenya s’illustre comme un exemple de réussite en matière d’intégration des énergies renouvelables dans son mix énergétique. En 2024, 90% de l’électricité du pays provient de sources renouvelables, principalement de l’hydroélectricité et de la géothermie, mais aussi de l’éolien. Le pays est un leader en Afrique en matière de production géothermique, avec la centrale de Olkaria qui représente une part importante de la production nationale. Le Kenya a investi massivement dans les infrastructures vertes, notamment avec la construction de fermes solaires et éoliennes.

L’un des éléments clés de cette réussite réside dans la politique volontariste du gouvernement kenyan. Ce dernier a mis en place des incitations fiscales et des partenariats public-privé pour attirer des investissements dans le secteur des énergies renouvelables. L’accès à l’énergie est également un facteur crucial dans un pays où l’électrification rurale reste un défi majeur. En réduisant la dépendance aux combustibles fossiles, le Kenya vise à diversifier ses sources d’énergie tout en réduisant ses émissions de CO2. La politique énergétique kenyane semble donc avoir trouvé un bon équilibre entre les impératifs écologiques et les besoins socio-économiques du pays.

Algérie : un pays coincé entre ses ambitions et sa dépendance au gaz

À l’opposé du Kenya, l’Algérie est un exemple frappant des blocages qui freinent la transition énergétique en Afrique. En 2024, seulement 1% de la production d’électricité algérienne provient de sources renouvelables, principalement l’énergie solaire. Ce faible pourcentage est d’autant plus surprenant quand on connaît le potentiel solaire considérable du pays, notamment dans les régions désertiques, qui pourraient théoriquement fournir une source d’énergie propre et inépuisable.

L’Algérie, riche en ressources fossiles (gaz naturel et pétrole), reste fortement dépendante de ces derniers pour sa production d’électricité. Le pays exporte une grande partie de ses hydrocarbures, mais utilise aussi une quantité importante de gaz pour alimenter ses centrales électriques. Cette dépendance aux énergies fossiles pose plusieurs problèmes : non seulement elle génère des émissions de gaz à effet de serre, mais elle compromet également la diversification du secteur énergétique. Par ailleurs, les obstacles à l’implantation des infrastructures solaires et éoliennes sont nombreux : manque d’infrastructure, faible attractivité pour les investisseurs étrangers, et parfois des problèmes politiques et administratifs.

La volonté du gouvernement algérien d’investir dans les énergies renouvelables existe, mais elle se heurte à des difficultés structurelles, économiques et politiques. La transition verte semble plus être une aspiration qu’une réalité, en dépit de la richesse en ressources naturelles du pays et de la volonté d’atténuer la dépendance au pétrole et au gaz.

Les enjeux socio-économiques de la transition énergétique en Afrique

Les disparités observées entre le Kenya et l’Algérie sont emblématiques des défis socio-économiques qui accompagnent la transition énergétique en Afrique. D’un côté, des pays comme le Kenya ont su transformer la question de l’accès à l’énergie en un levier de développement économique et social. De l’autre, certains pays producteurs de pétrole et de gaz, notamment en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest, se trouvent pris dans un équilibre précaire entre les impératifs économiques et environnementaux.

L’accès à l’énergie demeure un enjeu majeur pour de nombreux pays africains, notamment en raison des coûts d’investissement élevés pour les infrastructures. Par ailleurs, l’énergie est au cœur de la question du développement : pour de nombreux pays, la transition énergétique n’est pas uniquement une question environnementale, mais aussi un défi pour la création d’emplois, la croissance économique et la réduction de la pauvreté. La mise en place d’un secteur de l’énergie durable pourrait créer des milliers d’emplois locaux, tout en améliorant l’accès à l’électricité, en particulier pour les populations rurales.

Cependant, la transition énergétique en Afrique s’accompagne aussi de défis liés à la dépendance aux exportations de pétrole et de gaz. Certains pays ont du mal à envisager une diminution de leur production d’hydrocarbures, qui constitue une part importante de leurs recettes d’exportation. La question se pose donc de savoir comment ces pays peuvent gérer une transition énergétique tout en maintenant leur stabilité économique. La diversification des économies reste l’un des défis majeurs.

Les stratégies de sept pays clés

Les stratégies énergétiques de sept pays africains clés reflètent cette tension entre ambition et réalité.

  1. Le Kenya continue de renforcer son leadership en matière de renouvelables, en ciblant l’hydroélectricité, la géothermie, l’éolien et le solaire. Les réformes sont orientées vers une plus grande durabilité et une plus grande équité dans l’accès à l’énergie.
  2. L’Algérie, malgré son potentiel solaire et éolien, est encore largement tributaire de ses ressources fossiles. Le pays a lancé plusieurs projets d’énergie renouvelable, mais leur développement reste freiné par des questions de financement et de gouvernance.
  3. L’Afrique du Sud, avec ses ressources en charbon, reste un acteur clé dans la production d’énergie en Afrique. Toutefois, elle cherche à diversifier son mix énergétique en développant des projets d’énergie solaire et éolienne, tout en étant confrontée à des tensions politiques internes.
  4. Le Maroc s’est imposé comme un leader régional, avec une forte capacité installée en énergie solaire, notamment le complexe Noor, et des objectifs ambitieux pour réduire sa dépendance aux combustibles fossiles.
  5. L’Égypte investit massivement dans l’énergie solaire, en particulier dans le désert de l’Est, avec des projets comme Benban, qui est l’une des plus grandes fermes solaires du monde.
  6. Le Nigeria, producteur de pétrole et de gaz, cherche à diversifier ses sources d’énergie, notamment par le développement de l’hydroélectricité et du solaire, mais le pays fait face à des défis liés à son infrastructure et à la corruption.
  7. Le Ghana a développé une approche pragmatique en combinant hydroélectricité, solaire et thermique, avec un accent particulier sur l’amélioration de l’accès à l’énergie dans les zones rurales.

Des défis à surmonter pour une transition énergétique réussie

Les disparités entre les pays africains en matière de transition énergétique sont un reflet des inégalités structurelles du continent. Si certains pays comme le Kenya montrent la voie en matière d’énergies renouvelables, d’autres comme l’Algérie sont freinés par leur dépendance aux hydrocarbures. La transition énergétique en Afrique reste un défi complexe, qui nécessite des solutions adaptées à chaque contexte local. Le soutien international, les réformes internes, ainsi que les investissements dans les infrastructures énergétiques seront cruciaux pour permettre aux pays africains de se rapprocher des objectifs globaux de décarbonation et d’accès universel à l’énergie.

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