
Le marché du poisson au Maroc, notamment les halles aux poissons, est aujourd’hui au cœur de toutes les attentions. De nombreux reportages ont été réalisés ces dernières semaines pour analyser le marché, comparer les prix et recueillir les témoignages des marchands et des clients. Une tendance générale semble se dessiner : une stabilisation des prix, voire une légère baisse. Les clients ne cachent pas leur satisfaction face à cette évolution, mais les marchands, eux, estiment être injustement critiqués. Pour eux, vendre des sardines à moins de 12 à 15 dirhams (DH) est une mission impossible en raison du nombre d’intermédiaires et des spéculateurs qui rendent la chaîne de commercialisation du poisson encore plus opaque.
En effet, si la baisse des prix des poissons, notamment de la sardine, est perçue positivement par les consommateurs, elle met en lumière des dysfonctionnements importants dans le secteur de la commercialisation du poisson. Ces dysfonctionnements sont dus à des circuits de distribution opaques et à l’intervention d’intermédiaires, appelés localement « chenaqa », qui font gonfler les prix au détriment des consommateurs.
Une Visite Déterminante à Lahraouyine
Dans ce contexte, Zakia Driouich, la secrétaire d’État chargée de la Pêche maritime, a effectué une visite au marché de gros de poisson de Lahraouyine à Casablanca. Ce marché est l’un des plus importants du pays, un point névralgique pour l’approvisionnement en poisson frais. Son constat a été sans appel : les stocks de poissons, notamment de sardines, sont suffisants pour répondre à la demande du marché. Selon les données officielles, la disponibilité des sardines sur ce marché a considérablement augmenté par rapport à l’année précédente, avec 364 tonnes disponibles cette année, contre seulement 87 tonnes l’an dernier.
Pourtant, cette abondance de poissons ne se reflète pas toujours dans les prix pratiqués au détail. Zakia Driouich a souligné que le marché du poisson dépend essentiellement de l’offre et de la demande, et que la période du Ramadan, où la consommation de poisson augmente fortement, entraîne souvent des hausses de prix. Cependant, cette année, la situation semble différente. Les prix ont connu une légère baisse dans plusieurs villes marocaines, même si cette baisse reste relative. Les hausses de prix habituelles durant cette période ne se sont pas produites, un fait qui réjouit de nombreux consommateurs.
L’Impact de « Moul L7out » sur le Marché
Un facteur important de cette stabilisation des prix est la campagne lancée par un jeune marrakechi surnommé « Moul L7out » (le vendeur de poisson), qui a fait sensation sur les réseaux sociaux. En proposant de vendre la sardine à seulement 5 dirhams, il a dénoncé publiquement les pratiques opaques des circuits de commercialisation du poisson. Quelques jours avant le début du Ramadan, « Moul L7out » est devenu le visage d’une contestation citoyenne contre la vie chère, symbolisant la résistance face aux intermédiaires accusés d’enflammer les prix du poisson aux dépens des classes populaires.
Ce jeune activiste a ainsi créé un véritable mouvement, mettant en lumière les dysfonctionnements du secteur et incitant à un changement. Les discussions autour des prix des poissons sont devenues omniprésentes, que ce soit sur les lieux de travail, dans les foyers ou sur les réseaux sociaux. Les citoyens se demandent si les prix actuels sont raisonnables, et quelles solutions peuvent être mises en place pour contrer les pratiques des spéculateurs.
Promesses de Régulation et de Réforme
Lors de sa visite à Lahraouyine, Zakia Driouich a promis une régulation stricte du circuit de commercialisation du poisson. Cela passe par la mise en place de mécanismes de régulation pour éviter les abus liés aux spéculateurs et pour garantir une transparence dans la vente du poisson. Cette promesse de régulation est un défi de taille, surtout dans un secteur qui a toujours fonctionné dans une grande opacité. La secrétaire d’État a également insisté sur la nécessité d’améliorer les circuits de distribution, pour éviter que les prix ne soient gonflés de manière injustifiée.
Malgré les avancées en matière de régulation et la pression exercée par des citoyens comme « Moul L7out », de nombreuses questions demeurent. Le défi reste de taille pour parvenir à instaurer une véritable transparence et d’assurer une équité dans la distribution du poisson. Pour l’heure, les promesses du gouvernement se heurtent à la réalité du terrain, où les intermédiaires et les pratiques peu transparentes continuent de régner. Mais avec une pression citoyenne grandissante et des engagements politiques clairs, une réforme pourrait bien s’amorcer dans les mois à venir.
Un Secteur en Quête de Transparence
Le marché du poisson au Maroc se trouve à un tournant. Les prix, bien que légèrement stabilisés, demeurent un sujet de débat intense. Les consommateurs se réjouissent de cette accalmie, mais la question des pratiques opaques et des intermédiaires reste une épine dans le pied du secteur. Avec la montée en puissance de la contestation citoyenne, symbolisée par des figures comme « Moul L7out », le gouvernement semble désormais pris dans une dynamique de réforme. L’enjeu est de taille : garantir un secteur de la pêche plus transparent, équitable et plus juste pour les citoyens marocains, tout en régulant les pratiques commerciales pour empêcher la spéculation.