Depuis le début de l’épidémie de rougeole au Maroc en septembre 2023, des efforts coordonnés ont été déployés par divers acteurs de la société, allant des ministères aux journalistes, pour endiguer la propagation de la maladie. Cette approche multidimensionnelle a permis des résultats encourageants, mais la lutte contre la rougeole reste un défi complexe. Le Dr Saïd Afif, président de l’Association marocaine des sciences de la santé et président d’honneur de la Société marocaine de pédiatrie, souligne l’importance d’une collaboration efficace entre les ministères concernés pour parvenir à un progrès tangible.
Une Coordination Exemplaire entre Ministères
Dès le début de l’épidémie, le ministère de la Santé a pris en charge les malades et assuré la distribution des vaccins. Le ministère de l’Intérieur, quant à lui, a géré la logistique et coordonné les campagnes de vaccination à travers tout le pays. Le ministère de l’Éducation nationale a joué un rôle clé en sensibilisant les parents et en organisant la vaccination des enfants dans les écoles. Cette approche multisectorielle a permis d’instaurer une véritable synergie entre les différentes parties prenantes, renforçant ainsi l’impact des mesures prises.
Une des mesures les plus notables a été la vérification des carnets de santé des enfants dans les écoles. Un total impressionnant de 10 225 663 carnets a été contrôlé, avec un taux de validation de 94%. Cette action permet non seulement de garantir une couverture vaccinale optimale mais aussi d’identifier rapidement les enfants et adultes qui n’ont pas encore reçu leurs doses de vaccin, facilitant ainsi une réponse ciblée.
La Sensibilisation : Un Pilier de la Réponse à l’Épidémie
Cependant, comme le souligne le Dr Afif, l’amélioration observée dans la lutte contre la rougeole ne repose pas uniquement sur des actions concrètes de vaccination et de surveillance. La sensibilisation de la population reste un facteur clé. Dans ce contexte, la désinformation, alimentée par des fausses informations et des préjugés, est un obstacle majeur à la réussite de la campagne. Le Dr Afif met l’accent sur l’importance de combattre ces idées erronées parallèlement à la campagne de vaccination.
Le Rôle Crucial des Médias : Wahid Mbarek et la Lutte contre la Désinformation
Wahid Mbarek, journaliste et chef de la rubrique « Société » au journal Al Ittihad Al Ichtiraki, met en lumière le rôle essentiel des médias dans la lutte contre la désinformation. Selon lui, les journalistes ont non seulement la responsabilité d’informer le public de manière précise et fiable mais aussi de « vacciner » les gens contre les fausses informations. Cette mission devient d’autant plus urgente dans un contexte de crise sanitaire, où la peur et la méfiance alimentent la propagation de rumeurs dangereuses.
Pour Mbarek, la désinformation, notamment sur les réseaux sociaux, a parfois un impact plus profond que les informations médicales vérifiées, ce qui rend le travail des journalistes encore plus difficile. Il insiste sur le fait que la collaboration entre les autorités publiques et les médias est indispensable pour restaurer la confiance du public et permettre une gestion efficace de la crise. En l’absence d’une telle coopération, la réticence à l’égard des campagnes de vaccination persistera et fragilisera les efforts des autorités sanitaires.
Une Baisse des Cas de Rougeole : Un Signe Positif
Malgré les défis, les efforts déployés pour lutter contre l’épidémie commencent à donner des résultats concrets. Selon le Dr Afif, les dernières données font état d’une diminution de 15% des cas de rougeole par rapport à la semaine précédente, un signe encourageant qui reflète l’impact positif des mesures prises. Lors d’une conférence organisée par le Rotary Club Casablanca Mers Sultan le 26 février 2025, le Dr Afif a évoqué les progrès réalisés et a insisté sur l’importance de maintenir cette dynamique pour sortir de la crise.
Un Combat Global : Médias, Autorités et Société Civile Unis
Le combat contre la rougeole au Maroc va bien au-delà des simples mesures de vaccination et de surveillance. Il nécessite une coopération solide entre tous les acteurs impliqués : les médecins, les journalistes, les autorités publiques et la société civile. Cette collaboration est essentielle pour surmonter l’épidémie et restaurer la confiance du public dans les autorités sanitaires et leurs actions.
Le défi ne réside pas seulement dans la gestion médicale de l’épidémie, mais aussi dans la lutte contre les obstacles sociaux, culturels et de communication qui peuvent freiner l’adhésion des citoyens aux mesures sanitaires. La crise de la Covid-19 a montré, à ce titre, l’importance d’une relation transparente et constructive entre les autorités, les médias et la société civile. Le Dr Afif et Wahid Mbarek conviennent que la crise actuelle souligne l’urgence de redéfinir ces relations pour renforcer la confiance du public et offrir un cadre propice à la transparence, à l’éducation et à la sensibilisation des citoyens.
Une Collaboration Essentielle pour une Victoire Durable
La lutte contre la rougeole au Maroc est loin d’être terminée, mais les progrès réalisés jusqu’à présent sont un signe de l’efficacité des mesures mises en place. Cependant, la désinformation et la méfiance des citoyens restent des obstacles majeurs à surmonter. Une coopération renforcée entre les autorités publiques et les médias, ainsi qu’une sensibilisation continue de la population, sont essentielles pour garantir le succès à long terme de cette lutte. Grâce à cette approche collaborative, il est possible d’envisager un futur sans rougeole au Maroc, mais cela nécessite un engagement constant de tous les acteurs concernés.
