Grèves nationales prévues dans l’enseignement supérieur au Maroc

La Confédération Démocratique du Travail (CDT) a annoncé un mouvement de grèves nationales en 2025, prévu pour les 26 mars, ainsi que pour les 8 et 9 avril. Ce programme de grèves touchera l’ensemble des établissements universitaires du pays et s’inscrit dans un cadre plus large de protestation visant à dénoncer le non-respect des engagements pris par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation envers les employés du secteur universitaire.

Le syndicat, par l’intermédiaire de son Syndicat National des Fonctionnaires de l’Enseignement Supérieur et des Cités Universitaires, a expliqué que cette mobilisation pourrait se transformer en un boycott total de la fin de l’année universitaire si aucune avancée n’est réalisée. La contestation se divise en deux phases : une première phase de grèves et une deuxième phase avec des actions intensifiées, incluant des grèves hebdomadaires et d’autres formes de protestation.

Phase 1 : Une semaine de mobilisation et des grèves nationales

Avant les grèves programmées les 26 mars, une campagne baptisée « Semaine de la colère syndicale » sera lancée, prévue du 17 au 21 mars 2025. Cette mobilisation débutera par le port d’insignes de protestation par les membres du syndicat. Le 21 mars, un sit-in régional est prévu devant les présidences des universités, avec une mobilisation de 11h à 12h. Ce sera l’occasion pour les syndiqués d’exprimer leur mécontentement face à l’inaction du ministère et de rappeler les promesses non tenues.

Ensuite, les grèves des 8 et 9 avril 2025 seront un point culminant du mouvement, avec une grève nationale de 48 heures, accompagnée d’un rassemblement devant le siège du ministère de l’Enseignement supérieur à Rabat, le 9 avril à partir de 10h. Le syndicat a annoncé que ces actions viseront à obtenir une réponse concrète du ministère et à forcer la signature du projet de statut des fonctionnaires de l’enseignement supérieur, un dossier qui est resté en suspens depuis plusieurs mois.

Phase 2 : Intensification des actions de protestation

Si les demandes de la première phase ne sont pas satisfaites, la deuxième phase du mouvement prévoit une intensification des actions. Celle-ci pourrait inclure des grèves hebdomadaires, un arrêt de travail de 72 heures et des sit-ins devant le ministère de l’Enseignement supérieur à Rabat. Le boycott total de la fin de l’année universitaire pourrait être envisagé si le ministère persiste à ne pas honorer ses engagements.

La contestation porte sur le projet de statut des fonctionnaires de l’enseignement supérieur

Le cœur de cette mobilisation réside dans l’absence d’adoption officielle du projet de statut des fonctionnaires de l’enseignement supérieur, un dossier en discussion depuis près de deux ans. Le syndicat dénonce la stagnation de la situation malgré la validation des dispositions du projet lors des discussions au sein de la commission technique mixte. Le ministère aurait, selon la CDT, « désengagé ses promesses » et ne semble pas avoir fait avancer ce dossier, pourtant fondamental pour les conditions de travail des fonctionnaires de l’enseignement supérieur.

Des promesses non tenues et un climat de tension

Les syndicats accusent le ministère de s’être désengagé et d’avoir pris des décisions unilatérales, telles que l’absence de convocation des syndicats aux dernières réunions de la commission technique et de la réunion des secrétaires généraux. Cette attitude a conduit à un climat de tension extrême, aggravé par l’absence de progrès sur le statut des fonctionnaires. Selon la CDT, le ministère reste responsable de cette situation de blocage.

Les syndicats, par ailleurs, sont conscients que la situation est difficile. Les discussions en cours avec les organisations représentatives du secteur, telles que l’Union Marocaine du Travail (UMT), l’Union Nationale du Travail au Maroc (UNTM) et la Fédération Nationale de l’Enseignement (FNE), montrent que ces dernières sont prêtes à soutenir la mobilisation après consultation de leurs instances décisionnelles.

Réactions syndicales et perspectives

Une réunion importante a eu lieu le 8 mars 2025 avec les syndicats les plus représentatifs pour examiner la situation. Cependant, la Fédération Démocratique du Travail (FDT) et l’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM) ont préféré attendre la réponse du ministère avant de prendre une position définitive. Cette prudence de certains syndicats est perçue comme une tentative d’éviter l’escalade prématurée, en attendant de voir si le ministère répond favorablement aux revendications.

Le statut des fonctionnaires : Un point crucial de la mobilisation

Le projet de statut des fonctionnaires de l’enseignement supérieur reste l’élément central de la contestation. Les syndicats dénoncent l’inaction du ministère, malgré un consensus déjà trouvé sur la majorité des dispositions du projet. Le retard dans l’adoption de ce statut est perçu comme une manifestation de négligence envers les employés du secteur, qui réclament un statut juste et équitable, mettant fin à des années de marginalisation et d’exclusion.

La frustration des employés est palpable, car ce retard affecte non seulement leurs conditions de travail, mais également leur sécurité professionnelle. Les syndicats réaffirment leur détermination à intensifier leur lutte pour obtenir la signature de ce statut et défendre les acquis des travailleurs du secteur.

Une situation de plus en plus tendue

L’escalade des tensions dans le secteur de l’enseignement supérieur au Maroc fait désormais face à un impasse. Les grèves programmées, ainsi que l’intensification des actions de protestation prévues dans les semaines à venir, témoignent de l’ampleur du mécontentement au sein des employés du secteur. Si le ministère ne parvient pas à répondre aux demandes des syndicats, la situation pourrait conduire à un boycott total de la fin de l’année universitaire, avec des conséquences sur les examens et les cursus des étudiants. Le gouvernement et le ministère de l’Enseignement supérieur se retrouvent ainsi face à un défi crucial pour apaiser les tensions et garantir la stabilité du système éducatif marocain.

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