Fragilisation des Liens Sociaux et Renforcement de la Solidarité Nationale Selon une Enquête de l’IRES

Fragilisation des Liens Sociaux et Renforcement de la Solidarité Nationale Selon une Enquête de l'IRES

Une enquête menée récemment par l’Institut de Recherche et d’Études Sociales (IRES) a mis en lumière l’impact significatif de la crise sanitaire de la Covid-19 sur les liens sociaux au Maroc. Selon les résultats de cette étude, la pandémie a non seulement fragilisé certains aspects des relations sociales au sein de la société marocaine, mais a également renforcé la solidarité nationale, soulignant les paradoxes et les tensions qui ont émergé durant cette période sans précédent.

La Fragilisation des Liens Sociaux : Un Isolement Croissant

La pandémie a eu un impact dévastateur sur les liens sociaux au Maroc. L’enquête révèle qu’au fur et à mesure que les mesures de confinement et de distanciation physique ont été mises en place, les relations interpersonnelles ont été affectées par l’isolement social. Les rencontres familiales, amicales et communautaires ont été considérablement réduites, modifiant les habitudes sociales et générant une sensation de solitude et de rupture entre les individus.

Le tissu social traditionnel marocain, fondé sur des interactions quotidiennes et une forte proximité communautaire, a été mis à l’épreuve par la nécessité de respecter des mesures sanitaires strictes. Les réseaux de solidarité informels, qui jouent un rôle essentiel dans la gestion des crises dans de nombreuses sociétés, ont été perturbés. La pandémie a ainsi exacerbé le sentiment de solitude chez de nombreuses personnes, notamment les personnes âgées, les jeunes et les personnes vivant seules, qui se sont retrouvées sans possibilité d’interaction sociale directe.

Une Hausse de la Violence Conjugale : Un Paradoxe de la Vie Familiale

Un des effets les plus dramatiques de la crise a été la hausse de la violence conjugale et intrafamiliale. En raison du confinement et du stress généré par la crise sanitaire, de nombreux foyers ont connu une augmentation des tensions familiales, conduisant à des cas de violence domestique. L’enquête de l’IRES indique une nette augmentation des signalements de violences conjugales pendant la pandémie, accentuée par la pression économique, l’incertitude sanitaire et la proximité forcée au sein des foyers.

Les femmes et les enfants ont été particulièrement vulnérables à ce phénomène. La concentration des membres de la famille dans un même espace pendant de longues périodes a généré des tensions qui, dans certains cas, ont conduit à des comportements violents. Bien que des initiatives de soutien aient été mises en place, comme des lignes d’assistance téléphonique et des refuges pour les victimes de violence, le confinement a également limité l’accès des victimes à ces services.

La Famille : Le Socle Principal des Relations Sociales

Malgré les tensions et les défis imposés par la crise, la famille est restée le pilier fondamental des relations sociales au Maroc. L’enquête de l’IRES souligne que, face à la crise, les familles ont continué de jouer un rôle essentiel en tant que réservoir de soutien émotionnel et matériel. En période d’incertitude, la famille a servi de refuge psychologique et de mécanisme de solidarité pour de nombreux Marocains, surtout dans un contexte de fragilité économique.

Les relations familiales, bien que mises à l’épreuve par l’intensification du stress, ont souvent renforcé les liens entre les membres, chacun apportant son soutien aux autres. Les parents, les enfants, les grands-parents et les cousins ont continué à se soutenir mutuellement, malgré les difficultés. Ce phénomène a été particulièrement visible dans les zones rurales, où les structures familiales sont souvent plus élargies et solidement ancrées dans les traditions communautaires.

Renforcement de la Solidarité Nationale : Une Réaction Collective

Si la pandémie a fragilisé certains aspects des liens sociaux, elle a également permis de renforcer la solidarité nationale. Les Marocains ont largement fait preuve de générosité collective et d’un sentiment d’appartenance à une cause commune. L’enquête révèle que, face à l’urgence sanitaire, une mobilisation solidaire s’est opérée à travers plusieurs initiatives :

  1. Collectes de fonds et aides matérielles : De nombreuses organisations, entreprises et citoyens se sont organisés pour collecter des fonds et fournir une aide aux populations vulnérables, notamment les travailleurs précaires, les familles en difficulté, et les personnes âgées.
  2. Soutien aux hôpitaux et aux professionnels de santé : La solidarité s’est également exprimée par des dons de matériel médical, de médicaments, et de nourriture en direction des établissements de santé, qui ont été en première ligne dans la lutte contre le virus.
  3. Mobilisation locale : Au niveau local, des initiatives communautaires ont émergé pour venir en aide aux personnes isolées ou démunies, renforçant l’idée d’une solidarité de proximité qui a permis de tisser des liens plus forts entre voisins et communautés.

Un Impact Psychologique Durablement Ressenti

Au-delà des conséquences sociales et économiques immédiates, la crise de la Covid-19 a aussi laissé des séquelles psychologiques durables. L’isolement prolongé, le stress lié à l’incertitude et l’anxiété face à la maladie ont affecté la santé mentale de nombreux Marocains. L’enquête de l’IRES révèle que l’accès aux soins psychologiques est devenu un enjeu majeur. La nécessité de promouvoir la santé mentale et de fournir un soutien psychologique à ceux qui en ont besoin est désormais une priorité pour les autorités sanitaires et les acteurs de la société civile.

La crise de la Covid-19 a donc agi comme un révélateur des forces et faiblesses des liens sociaux au Maroc. Si elle a fragilisé certains aspects des relations interpersonnelles, elle a également permis de mettre en lumière une solidarité nationale forte, principalement incarnée par la famille et les initiatives de soutien communautaire. Le Maroc se trouve ainsi à un tournant, où la reconstruction des liens sociaux après la pandémie nécessitera une attention particulière à la fois à la santé mentale, à la cohésion familiale et à la revalorisation des réseaux de solidarité.

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