
Le 21 février 2025, la ville de Fès a accueilli une rencontre stratégique où des experts, universitaires, et acteurs économiques ont échangé sur les enjeux macroéconomiques de la Loi de finances 2025. Cet événement s’inscrit dans le cadre de la dixième édition de la Caravane de communication autour de la Loi de finances, une initiative du Forum des chercheurs du ministère de l’Économie et des Finances. Le thème central de cette rencontre était : “Loi de finances : quel financement des chantiers structurants ?”
Un contexte international complexe
L’ouverture de la rencontre a été marquée par l’intervention de Mohammed Abdellaoui, professeur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Fès. Ce dernier a dressé un état des lieux des soubsassements macroéconomiques de la Loi de finances 2025 dans une conjoncture mondiale marquée par des incertitudes géopolitiques et des perturbations climatiques. Abdellaoui a mis en évidence la résilience de l’économie mondiale, soutenue par une croissance vigoureuse aux États-Unis et une reprise en zone euro, bien que des risques subsistent, notamment en raison de la volatilité des prix de l’énergie et des tensions géopolitiques.
Prévisions et objectifs nationaux de la Loi de finances 2025
Sur le plan national, le professeur a expliqué que la Loi de finances 2025 vise principalement à réduire le déficit budgétaire à -3,5 % du PIB tout en cherchant à reconstituer les marges fiscales du Maroc. Pour ce faire, le gouvernement s’appuie sur une hypothèse de croissance économique de 4,6 % en 2025, tirée principalement par une forte hausse de la valeur ajoutée agricole (+11 %). Toutefois, la sécheresse, les risques liés à la volatilité des prix de l’énergie, et un éventuel ralentissement économique en zone euro, partenaire commercial clé du Maroc, pourraient fragiliser ces prévisions.
Abdellaoui a souligné l’importance de renforcer l’État social, de dynamiser l’investissement privé, et de poursuivre les réformes structurelles pour garantir la stabilité des équilibres macroéconomiques.
Réformes fiscales et justice fiscale
De son côté, Mohammed Nmili, professeur d’économie et spécialiste en fiscalité, a abordé les réformes fiscales mises en place par les lois de finances 2023-2025. Il a analysé leur impact sur la justice fiscale, en particulier entre capital et travail. En s’appuyant sur le rapport du Nouveau Modèle de Développement du Maroc, il a remis en question l’équité des mesures fiscales adoptées, en se demandant si ces réformes assurent une répartition juste des charges fiscales.
Importance du financement des chantiers structurants
Un des grands sujets de la rencontre a été le financement des chantiers structurants, essentiels à la croissance économique du Maroc. Fouad Ben Elhaj, directeur du Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur les Dynamiques économiques, la Finance et l’Entrepreneuriat (LIRDEFE), a souligné l’importance de cette rencontre en tant que catalyseur de débat économique et financier. Il a rappelé que cette Loi de finances pourrait jouer un rôle clé dans la création de valeur économique, notamment en stimulant l’investissement et en soutenant les grands projets d’infrastructure.
Ben Elhaj a également insisté sur l’importance d’intégrer une analyse élargie qui tienne compte des lois de règlement, afin d’enrichir la compréhension des dynamiques budgétaires et de mieux évaluer les recettes et dépenses publiques.
Décentralisation du débat sur la Loi de finances
Dans une déclaration à la MAP, Otman Mouden, président du Forum des chercheurs du ministère de l’Économie et des Finances, a souligné que cette Caravane de communication constitue une initiative de démocratisation de l’information financière. Depuis 2015, l’objectif principal est de décentraliser le débat sur les lois de finances, souvent limité à l’axe Rabat-Casablanca, et de le répandre dans toutes les régions du Maroc. Cette approche permet d’impliquer divers acteurs : des universitaires, des étudiants, des chercheurs, mais aussi des représentants de la société civile et des collectivités territoriales. Cela favorise un échange inclusif et diversifié sur les enjeux économiques du pays.
Une réflexion sur l’avenir économique du Maroc
En conclusion, cette rencontre a permis de mettre en lumière les enjeux macroéconomiques et fiscaux de la Loi de finances 2025 dans un contexte mondial complexe. Les experts ont insisté sur la nécessité d’une approche inclusive et équilibrée pour garantir une croissance durable et solidaire pour le Maroc. Les propositions discutées seront cruciales pour l’avenir économique du pays, notamment dans la mise en œuvre des réformes nécessaires, l’encouragement des investissements et la création d’un environnement économique propice à la croissance inclusive.