
Dans la province de Ouarzazate, au cœur des montagnes de l’Atlas, une femme incarne la transmission d’un savoir-faire ancestral, celui de la confection du tapis Ouaouzguit, un patrimoine artisanal et culturel unique. Fadma Babla, tisserande passionnée, œuvre sans relâche pour perpétuer cette tradition séculaire et la faire rayonner bien au-delà de sa région d’origine, Amerzgane. Issue d’une famille rurale, Fadma a grandi dans un environnement où l’art du tissage se transmettait de génération en génération, et, suivant les traces de sa mère, elle a appris à maîtriser cette activité dès son plus jeune âge.
Un Héritage Familial et Culturel
Pour Fadma, chaque tapis Ouaouzguit est bien plus qu’un simple objet : c’est un chef-d’œuvre. Chaque pièce est unique, imprégnée de créativité, de patience et de dextérité. Les motifs géométriques, tels que les losanges, triangles et carrés, sont le reflet d’une culture profonde, d’une histoire et de rêves. Selon Fadma, deux tapis peuvent comporter les mêmes éléments décoratifs, mais chacun porte une signature unique. La fabrication d’un tapis Ouaouzguit, de la collecte de la laine à la finition du produit, est un processus exigeant. Il nécessite de la patience, de l’attention au détail et un savoir-faire exceptionnel.
Fadma souligne l’importance de ce travail minutieux. « Depuis la collecte, le lavage et le filage de la laine, jusqu’au tissage, chaque étape exige de l’artisan une maîtrise parfaite. Le tissage de ces tapis, qui se fait à la main, est une véritable œuvre d’art », raconte-t-elle dans une interview à la MAP. Mais au-delà de l’aspect technique, chaque tapis raconte une histoire : celle de la région de Ait Ouaouzguit, une région imprégnée d’une histoire ancienne et d’une culture riche, que Fadma s’efforce de maintenir vivante.
L’Action Associative pour la Valorisation du Tapis Ouaouzguit
Pour promouvoir cet héritage, Fadma Babla a décidé d’aller plus loin en créant une coopérative artisanale appelée Agoulid. Cette coopérative a pour mission de produire et de commercialiser les tapis Ouaouzguit, tout en valorisant les techniques ancestrales. Fadma souhaite également permettre aux autres tisserandes de bénéficier de meilleures opportunités économiques en faisant connaître leurs créations, non seulement au niveau national mais également à l’international.
L’objectif de la coopérative Agoulid est clair : assurer la pérennité du tapis Ouaouzguit et renforcer la visibilité de ce patrimoine artisanal à travers des expositions et des foires artisanales, tant au Maroc qu’à l’international. La coopérative permet ainsi aux artisans locaux de participer à des événements où ils peuvent vendre leurs tapis et promouvoir leur savoir-faire.
Un Tapis Respectueux de l’Environnement
L’un des aspects marquants de la fabrication des tapis Ouaouzguit est l’utilisation de matières premières naturelles. La laine provient des moutons de la race Siroua, une race ovine endémique du Jbel Siroua, une chaîne montagneuse située non loin de la région. Pour la coloration, Fadma et ses collaboratrices n’utilisent que des substances naturelles comme le henné, le safran et d’autres plantes locales, respectant ainsi l’environnement et évitant les produits chimiques.
Fadma tient à souligner que cette approche respectueuse de la nature est une valeur fondamentale du tapis Ouaouzguit. « C’est un produit respectueux de l’environnement, un produit fait main avec des matériaux naturels, sans produits chimiques », explique-t-elle fièrement. Ce choix de matériaux naturels témoigne non seulement de l’engagement écologique des tisserandes, mais aussi de leur volonté de préserver leur environnement pour les générations futures.
Un Impact Socio-économique Positif pour les Femmes Rurales
L’artisanat du tapis a eu un impact majeur sur la vie de nombreuses femmes de la région. Fadma, en plus de son rôle de tisserande, s’engage activement pour l’autonomisation économique des femmes rurales. À travers la coopérative Agoulid, elle a créé des opportunités pour que les femmes puissent non seulement améliorer leur condition de vie, mais aussi développer de nouvelles compétences et accéder à un marché plus large.
L’artisanat, particulièrement la fabrication des tapis Ouaouzguit, a permis à de nombreuses familles de générer des revenus stables et de se sortir de la précarité. Fadma, également membre de la chambre d’Artisanat de la région Drâa-Tafilalet, met un point d’honneur à renforcer les capacités des femmes rurales, à les intégrer dans le tissu économique et social, et à leur offrir un rôle central dans la dynamique de développement de la région.
Au-delà du Tapis : Une Implication Sociale et Humanitaire
Outre son engagement dans le secteur de l’artisanat, Fadma est également impliquée dans des initiatives de développement social. En tant que présidente de l’association “Tiouiyine” pour la coopération et le développement, elle œuvre pour l’amélioration des conditions de vie des femmes rurales et pour la promotion de l’éducation et de la santé féminine et infantile. Son action sociale vise à améliorer les conditions de vie des plus démunis, notamment dans les zones rurales et reculées.
Son engagement va au-delà de la simple production de tapis : Fadma travaille également à renforcer la participation des femmes dans l’économie locale et à sensibiliser sur l’importance de leur inclusion sociale et économique.
Un Tapis, une Histoire, une Tradition
Le tapis Ouaouzguit n’est pas simplement un objet décoratif. Il est un témoignage vivant de l’histoire, de la culture et des rêves des femmes qui, par leur travail, donnent vie à ces œuvres d’art. Chaque tapis raconte une histoire d’allégresse, d’espoir et de résilience. Et, grâce à des femmes comme Fadma Babla, cet héritage ancestral continue de vivre et de prospérer, faisant du tapis Ouaouzguit un véritable symbole de la richesse culturelle et artisanale du Maroc.