Etude stratégique sur le secteur financier public

L’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État (ANGSPE) s’apprête à lancer, en avril prochain, une étude stratégique d’envergure sur le secteur financier public. Cette consultation, dont le budget s’élève à 30,3 millions de dirhams (DH), vise à analyser la faisabilité de la création d’un pôle financier public regroupant les banques publiques et les fonds d’investissement de l’État. Cette initiative s’inscrit dans un contexte économique en pleine mutation et répond à de nouvelles exigences réglementaires et macro-prudentielles, tout en cherchant à optimiser la gestion des participations publiques dans le secteur financier.

Un secteur financier public sous transformation

Le secteur financier public marocain a connu ces dernières années des évolutions notables, mais se trouve aujourd’hui confronté à de nouveaux défis. Ces défis comprennent les mutations économiques mondiales, l’instabilité financière, ainsi que la nécessité de répondre à des exigences plus strictes sur les plans réglementaire et macro-prudentiel. Le gouvernement marocain, via l’ANGSPE, cherche à redéfinir la place du secteur financier public afin d’en maximiser l’efficacité et de le rendre plus agile face aux enjeux contemporains.

Cette initiative vise à répondre à un besoin croissant d’améliorer la gouvernance, la synergie entre les institutions publiques financières et leur complémentarité avec le secteur privé. Le pôle financier public envisagé par l’ANGSPE serait une solution pour structurer et rationaliser l’ensemble des entités publiques opérant dans ce secteur, en renforçant les synergies entre elles.

Objectifs de l’étude stratégique

L’étude stratégique commandée par l’ANGSPE aura pour objectifs de définir les modalités de création du pôle financier public, ainsi que de mettre en place une gouvernance claire et efficace pour l’ensemble des acteurs impliqués. Ce pôle regrouperait les banques publiques (telles que Bank Al-Maghrib et la Banque Centrale Populaire) ainsi que les fonds d’investissement d’État, avec pour mission de soutenir les politiques publiques à travers un cadre organisé et transparent.

Les principaux objectifs de cette étude sont :

  • Optimiser la gouvernance : L’un des grands enjeux de cette étude est de définir une gouvernance renforcée et intégrée, permettant de piloter de manière plus cohérente et efficiente les institutions publiques du secteur financier.
  • Renforcer les synergies : L’optimisation de la coopération et des synergies entre les banques publiques et les fonds d’investissement de l’État est primordiale pour maximiser l’impact des actions publiques, que ce soit sur le financement des projets d’infrastructure, l’accompagnement des entreprises publiques ou l’investissent dans les secteurs stratégiques pour l’économie du pays.
  • Assurer une complémentarité efficace avec le secteur privé : L’un des objectifs majeurs de la création de ce pôle financier public serait de mieux interagir avec le secteur privé. Cela pourrait passer par un soutien plus ciblé aux entreprises privées ou par la mise en place d’un cadre incitatif pour les investissements privés, tout en veillant à ce que les politiques publiques soient soutenues de manière plus fluide.
  • Évaluation de la faisabilité économique : L’étude cherchera à évaluer les implications économiques de la création de ce pôle financier public, notamment en termes d’efficacité, de rentabilité et de capacité à contribuer aux objectifs économiques et sociaux du pays.

Un modèle de gouvernance intégré pour maximiser l’impact

Le modèle de gouvernance proposé dans le cadre de cette étude s’inscrit dans la logique de réforme du secteur public au Maroc, qui cherche à instaurer plus de transparence, de responsabilité et d’efficacité. L’ANGSPE vise ainsi à créer une structure de coordination qui pourrait permettre aux institutions financières publiques de travailler de manière plus synergique, réduisant ainsi les risques de duplication et d’inefficacité.

Les institutions concernées par cette réorganisation pourraient être réunies sous un même toit, ou du moins sous une forme de gestion et de supervision commune. Une telle restructuration permettrait non seulement de faciliter les interactions entre ces entités publiques, mais également de mieux organiser les flux financiers publics pour une gestion optimale des ressources.

Contexte économique et réglementaire

Le contexte dans lequel cette étude intervient est marqué par une série de mutations économiques et sociales. Le Maroc, comme d’autres pays, est confronté à des défis économiques majeurs, tels que la nécessité d’accélérer la transformation numérique, de soutenir les petites et moyennes entreprises, et de favoriser l’intégration des régions éloignées dans le circuit économique national. Ces défis demandent une gouvernance moderne, capable de répondre de manière agile et réactive aux exigences du marché.

Par ailleurs, le secteur financier public doit répondre à de nouvelles exigences réglementaires imposées par des normes internationales et des régulations renforcées sur le plan macro-prudentiel. La création d’un pôle financier public pourrait répondre en partie à cette évolution, en offrant un cadre plus structuré pour respecter les nouvelles normes.

Les attentes pour le secteur privé et le développement économique

Une des finalités principales de ce projet est de rendre le secteur financier public plus complémentaire au secteur privé. En effet, l’optimisation de l’allocation des ressources et la mise en place de synergies entre le public et le privé devraient permettre de booster l’investissement privé, d’accompagner plus efficacement les entreprises locales et de promouvoir la création d’emplois dans des secteurs clés de l’économie.

L’une des pierres angulaires de cette coopération serait également de mieux encadrer les fonds publics pour garantir une meilleure gestion des investissements réalisés dans des projets à fort potentiel de développement, comme les infrastructures ou les projets industriels.

Le budget et les ressources allouées

Le budget de 30,3 millions de DH réservé par l’ANGSPE pour cette étude stratégique témoigne de l’importance du projet pour les autorités marocaines. Cet investissement financier permettra de recruter des consultants et des experts pour mener une analyse approfondie, mais aussi d’élaborer des propositions concrètes pour la création de ce pôle financier. La consultation impliquera un certain nombre d’acteurs clés, tant au niveau national qu’international, pour évaluer la viabilité du projet dans un cadre global.

Une démarche stratégique ambitieuse

L’initiative de l’ANGSPE d’engager une étude stratégique sur le secteur financier public est une démarche ambitieuse, visant à répondre à des enjeux de gouvernance, d’efficacité et de complémentarité avec le secteur privé dans un environnement économique en pleine transformation. La création d’un pôle financier public pourrait constituer une avancée majeure pour le Maroc, en rationalisant et optimisant les ressources publiques, tout en soutenant les objectifs de développement économique à long terme.

Dans un contexte où la gestion efficace des finances publiques est essentielle pour la compétitivité et la résilience économique, cette étude pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont le Maroc gère ses institutions financières publiques et, au final, dans sa capacité à répondre aux défis économiques de demain.

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