
Le Maroc, pays dépendant des importations pour satisfaire une part importante de sa demande en céréales, fait face à un défi majeur en raison de la volatilité des prix mondiaux et des risques géopolitiques. En effet, la dépendance à l’égard des importations et la faible production nationale en céréales, combinées aux crises climatiques et aux tensions internationales, ont mis en lumière la vulnérabilité du royaume face aux fluctuations des marchés mondiaux. Face à cette situation, le Maroc cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement, tout en mettant en œuvre des stratégies pour renforcer la résilience du secteur agricole et sécuriser les approvisionnements alimentaires.
1. La diversification des sources d’approvisionnement : une réponse aux risques géopolitiques et à la volatilité des prix
Le Maroc a longtemps entretenu des relations commerciales étroites avec les pays européens, notamment la France, qui demeure son principal fournisseur de céréales. Cependant, la crise ukrainienne et les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales ont mis en évidence les risques liés à cette forte dépendance. Dans ce contexte, le Maroc cherche à diversifier ses partenaires commerciaux. L’Algérie et les États-Unis figurent désormais parmi les nouveaux acteurs sur le marché des céréales, bien que leur part reste encore marginale par rapport à l’Europe.
Les tensions géopolitiques, en particulier la guerre en Ukraine, ont eu un impact majeur sur les prix mondiaux des céréales, perturbant les approvisionnements et augmentant considérablement les coûts. Cela a incité les autorités marocaines à élargir leurs horizons commerciaux afin de mieux sécuriser leurs stocks. Bien que les importations de céréales en provenance des États-Unis et d’Algérie soient encore faibles, ces nouveaux partenariats sont perçus comme une mesure stratégique pour réduire les risques liés à la concentration des approvisionnements sur un nombre restreint de pays.
2. Sécuriser les approvisionnements : mesures et infrastructures
Face à cette dépendance croissante, les autorités marocaines ont lancé plusieurs initiatives visant à sécuriser les approvisionnements alimentaires. Parmi ces mesures figurent la multiplication des sources d’approvisionnement en céréales et la mise en place de nouvelles infrastructures de stockage. Le Maroc a ainsi engagé un programme ambitieux pour améliorer ses capacités de stockage, afin de constituer des réserves stratégiques et faire face à d’éventuelles crises futures.
En outre, un plan national de soutien à l’agriculture céréalière a été mis en place pour renforcer la résilience du secteur. Ce plan vise notamment à améliorer les rendements agricoles, à soutenir les agriculteurs locaux et à moderniser les techniques agricoles. L’objectif est de réduire la dépendance du pays aux importations en favorisant une production locale plus élevée et plus stable.
3. La problématique de la production locale : un secteur agricole vulnérable aux conditions climatiques
La faible production locale de céréales demeure une caractéristique marquante du secteur agricole marocain. En 2024, la production céréalière du pays a chuté de 12 % par rapport à l’année précédente, ne dépassant pas 2,2 millions de tonnes, bien en deçà des besoins de consommation nationale. Cette baisse est principalement attribuée aux conditions climatiques difficiles, notamment les sécheresses répétées des dernières années, qui ont affecté les zones céréalières traditionnelles du nord et du centre du pays.
La production nationale de céréales, qui peine à répondre aux besoins internes, pousse donc le Maroc à augmenter ses importations pour combler le déficit. En 2024, la consommation nationale de céréales a franchi la barre des 11 millions de tonnes, avec environ 80 % de cette demande étant satisfaite par les importations. Parmi les céréales les plus importantes pour le pays, le blé tendre et le maïs dominent largement. La demande en blé tendre est estimée à 4,5 millions de tonnes, dont près de 80 % provient de l’étranger, tandis que le maïs, essentiel tant pour l’alimentation animale que pour la consommation humaine, représente une autre composante majeure des importations marocaines.
4. L’impact des prix mondiaux : une facture en hausse
La facture totale des importations de céréales du Maroc a atteint 3,3 milliards de dirhams en 2024, en hausse de 17 % par rapport à l’année précédente. Cette augmentation est directement liée à la flambée des prix mondiaux des céréales, elle-même causée par des facteurs géopolitiques et logistiques. La guerre en Ukraine, qui a perturbé les circuits d’approvisionnement, ainsi que les hausses des prix des engrais et des coûts de transport, ont exercé une pression inflationniste sur les prix des céréales, aggravant ainsi la facture des importations.
Les experts prévoient que cette tendance pourrait se poursuivre, incitant davantage le Maroc à chercher des solutions pour maîtriser les coûts et sécuriser ses approvisionnements alimentaires. Le renforcement des infrastructures de stockage et la diversification des sources d’approvisionnement pourraient permettre au pays de mieux gérer ces hausses de prix à l’avenir.
5. Les principaux fournisseurs de céréales : la France et l’Ukraine
La France demeure le principal fournisseur de céréales du Maroc, avec des exportations de blé tendre qui ont atteint 4,1 millions de tonnes en 2024. Ce volume représente une part importante de la consommation céréalière du Royaume, notamment pour les industries de la meunerie et de l’alimentation. Malgré les perturbations engendrées par la guerre en Ukraine, ce pays continue d’être un fournisseur clé, ayant exporté vers le Maroc 2,5 millions de tonnes de blé en 2024.
L’Ukraine, bien que confrontée à des défis majeurs en raison du conflit en cours, reste néanmoins un partenaire stratégique pour le Maroc en termes d’approvisionnement en blé. Cependant, cette situation met en évidence la nécessité pour le Maroc de diversifier ses sources pour réduire la vulnérabilité à des crises géopolitiques prolongées.
Un avenir à construire sur la diversification et la résilience
Le Maroc fait face à des défis considérables pour sécuriser ses approvisionnements en céréales et réduire sa dépendance aux importations. La diversification des sources d’approvisionnement, l’amélioration des infrastructures de stockage et le soutien à l’agriculture locale sont des stratégies essentielles pour renforcer la résilience du pays face aux risques géopolitiques et aux fluctuations des prix mondiaux. Toutefois, le pays devra continuer à investir dans l’amélioration de ses rendements agricoles et dans la gestion de ses ressources en eau pour renforcer la sécurité alimentaire à long terme et limiter l’impact des crises climatiques.