La disparition de Delphine Jubillar, une infirmière de 33 ans, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines (Tarn), a suscité une vive émotion et un grand mystère. Malgré plus de deux ans d’enquête, son corps n’a jamais été retrouvé, ni aucune trace de violence ou de lutte à son domicile. Son mari, Cédric Jubillar, est le seul suspect dans cette affaire. Il est mis en examen pour “homicide volontaire par conjoint” et incarcéré depuis juin 2021. Il clame son innocence et affirme que sa femme est partie volontairement avec un amant.
Le 16 octobre 2023, les juges d’instruction ont signé la fin des investigations et ont notifié aux parties la clôture de l’enquête. Le parquet dispose désormais d’un mois pour prendre ses réquisitions et demander le renvoi ou non de Cédric Jubillar devant la cour d’assises. La décision finale reviendra aux juges, qui devront se prononcer sur la base des indices graves et concordants réunis contre le mari, mais sans preuve matérielle irréfutable.
Quels sont ces indices qui accablent Cédric Jubillar ? Selon l’accusation, il aurait tué sa femme dans un contexte de séparation conflictuelle, motivé par la jalousie et l’argent. Les enquêteurs ont relevé plusieurs incohérences et mensonges dans ses déclarations, notamment sur l’heure et les circonstances de la disparition de Delphine. Ils ont aussi mis en évidence des traces de sang sur son oreiller, des traces de lessive suspectes sur son pyjama et des traces ADN de Delphine sur le capot de sa voiture. Ils ont également retrouvé des messages et des appels menaçants qu’il aurait envoyés à sa femme et à son amant présumé.
Cédric Jubillar a toujours contesté ces éléments et a fourni des explications alternatives. Il a notamment affirmé que sa femme était partie en pleine nuit avec son téléphone portable et sa doudoune blanche, qu’elle avait l’habitude de faire la lessive le soir et qu’elle avait utilisé sa voiture pour aller travailler. Il a aussi déclaré qu’il aimait toujours sa femme et qu’il n’avait pas de motif pour la tuer.
Le procès de Cédric Jubillar s’annonce donc comme un duel entre les parties, qui devront convaincre les jurés sans disposer d’éléments matériels décisifs. Il pourrait se tenir en 2024, si les juges décident de le renvoyer devant la cour d’assises. Ce serait alors le premier procès pour meurtre sans corps en France depuis celui de Jacques Rançon en 2018, condamné pour le meurtre de deux femmes dont les corps n’ont jamais été retrouvés.