Bilan des Échanges Extérieurs du Maroc : Performances contrastées au début de l’année 2025

L’année 2025 a commencé sur une note contrastée pour l’économie marocaine, avec une accélération des importations et un recul des exportations, entraînant un aggravation du déficit commercial. Selon les dernières statistiques publiées par l’Office des Changes, les importations ont enregistré une hausse de 3,4%, tandis que les exportations ont diminué de 2,4%. Cette dynamique a engendré un déficit commercial en forte progression, s’établissant à 24,48 milliards de dirhams, soit une hausse de 13,3% par rapport à l’année précédente. En conséquence, le taux de couverture des importations par les exportations a reculé de 3,5 points, atteignant 59,1%.

Importations : Une Accélération Générale, À L’Exception de l’Énergie

Le début de l’année 2025 a vu une accélération des importations, avec un montant total de 59,84 milliards de dirhams pour les importations de biens. Seule la facture énergétique a enregistré une baisse, avec un recul de 11,6%, s’établissant à 8,53 milliards de dirhams, ce qui est un signe positif dans un contexte mondial de hausse des prix de l’énergie.

Produits finis d’équipement : La Hausse la Plus Marquée

En tête des importations, les produits finis d’équipement ont enregistré un montant de 14,15 milliards de dirhams, avec une progression de 10,8% par rapport à l’année précédente. Cette dynamique est essentiellement attribuée à l’augmentation des achats de soufre brut, d’huiles végétales (notamment la palme, palmiste et olive), sous leurs formes brutes ou raffinées, qui sont des produits essentiels pour plusieurs secteurs industriels et de consommation au Maroc.

Demi-produits et Produits de Consommation : Croissance Modérée

Les demi-produits suivent avec des importations atteignant 13,03 milliards de dirhams, soit une hausse de 1,7%. Cette croissance est expliquée par l’augmentation des achats de véhicules aériens, centrifugeuses, appareils de filtration et autres machines destinées au travail du caoutchouc et des plastiques. Ces produits jouent un rôle clé dans l’approvisionnement des industries marocaines et l’exportation de biens à forte valeur ajoutée.

Les produits finis de consommation ont également connu une augmentation significative de 6,4%, pour atteindre 12,81 milliards de dirhams. Cette hausse résulte principalement de l’augmentation des achats de tissus et fils synthétiques, de médicaments, ainsi que des meubles, matelas et articles d’éclairage, des catégories de produits essentiels pour la consommation domestique.

Produits Alimentaires : Une Augmentation Modeste

Les produits alimentaires se classent en quatrième position, enregistrant des importations de 8,21 milliards de dirhams, en hausse de 3,1%. Cette augmentation est due principalement à la progression des achats de maïs, d’animaux vivants et de tourteaux, des matières premières agricoles et de l’alimentation animale, souvent utilisées pour soutenir la production locale.

Transferts des MRE et Investissements : Des Signes Positifs

Les transferts des Marocains Résidents à l’Étranger (MRE) ont également enregistré une légère hausse de 0,5%, atteignant près de 9,5 milliards de dirhams à la fin de janvier 2025. Cette stabilité dans les transferts témoigne de la résilience de la communauté marocaine à l’étranger et de l’importance continue de ces fonds dans l’économie nationale.

Le flux net des Investissements Directs Étrangers (IDE) a également progressé de 16%, tandis que les investissements directs marocains à l’étranger (IDME) ont bondi de 60%, indiquant une dynamique croissante dans les investissements internationaux. Ces investissements, tant entrants que sortants, sont un signe de la solidité du climat économique et des perspectives d’expansion pour les entreprises marocaines.

Exportations : Des Secteurs en Difficulté, Mais Quelques Réussites

Du côté des exportations, plusieurs secteurs clés ont affiché des résultats en baisse. Le secteur automobile, qui est traditionnellement un leader dans les exportations marocaines, a vu ses ventes internationales reculer de 10,9%, totalisant 10,28 milliards de dirhams. Ce recul est notamment dû à une réduction des ventes sur les marchés européens, où le secteur automobile marocain est fortement implanté.

Le secteur agricole et agroalimentaire a enregistré une baisse de 2,3%, totalisant 8,69 milliards de dirhams. Ce déclin est principalement dû à la baisse des ventes dans le segment de la construction et de l’extérieur, bien que la hausse des exportations de câblage ait partiellement compensé cette perte.

Les exportations de phosphates et dérivés ont chuté de 10,7%, s’établissant à 5,63 milliards de dirhams. Cette contre-performance s’explique par la baisse des ventes de phosphates bruts, ainsi que des engrais naturels et chimiques et de l’acide phosphorique, des produits pour lesquels le Maroc est l’un des principaux producteurs mondiaux.

Secteurs Dynamique : Aéronautique et Textile

En revanche, certains secteurs ont affiché des résultats positifs. Le secteur aéronautique se distingue avec une augmentation de 14,2%, portant ses exportations à 2,39 milliards de dirhams. Cette performance est soutenue par l’essor des segments d’assemblage et des systèmes de câblage électriques (EWIS), deux segments en forte demande dans l’industrie aéronautique mondiale.

Le secteur textile et cuir bénéficie également d’une croissance de 5%, avec des exportations atteignant 3,75 milliards de dirhams. Ce dynamisme est principalement porté par l’augmentation des ventes de vêtements confectionnés, soutenues par la forte demande européenne et mondiale.

Un Contexte Économique Complexe

En somme, les données économiques du début de l’année 2025 mettent en lumière des performances contrastées pour l’économie marocaine. D’un côté, les importations ont continué de croître, soutenues par des achats de produits essentiels et d’équipements industriels. De l’autre, les exportations ont enregistré un recul notable, en particulier dans des secteurs clés comme l’automobile, les phosphates et l’agriculture.

L’aggravation du déficit commercial et la baisse du taux de couverture des importations par les exportations soulignent la nécessité d’améliorer la compétitivité des secteurs d’exportation, en particulier ceux qui ont montré des signes de faiblesse en début d’année. Toutefois, des secteurs comme l’aéronautique et le textile, qui continuent de croître, montrent qu’il existe encore des opportunités de diversification et de développement à l’international pour l’économie marocaine.

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