
Depuis sa généralisation au Maroc, l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) s’est progressivement inscrite dans la politique de couverture sanitaire universelle. Un bilan, deux ans après sa mise en place, montre des avancées notables mais aussi des défis à relever. Une conférence-débat, organisée le jeudi 22 février 2025 à Casablanca par le média économique La Vie éco, a permis de dresser un état des lieux sur ce chantier royal ambitieux.
Les Avancées Réalisées
Lors de cette conférence, Hassan Boubrik, directeur général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), a présenté les grandes réalisations accomplies dans le cadre de la généralisation de l’AMO. M. Boubrik a souligné que la première grande avancée a été l’intégration des travailleurs non-salariés au système d’AMO, intervenue fin 2022. Cette décision a permis d’élargir considérablement la couverture, en permettant aux travailleurs indépendants, souvent laissés pour compte auparavant, d’accéder aux soins de santé dans des conditions similaires à celles des salariés.
Une autre avancée majeure a été l’intégration, le 1er décembre 2022, de 4 millions d’assurés principaux. Ces assurés, qui étaient auparavant couverts sous le régime RAMED (Régime d’Assistance Médicale), ont été automatiquement basculés sous l’AMO Tadamon, la nouvelle branche du système. Ce transfert massif a permis de couvrir 11 millions de bénéficiaires d’un seul coup, marquant un tournant significatif dans le processus de généralisation de la couverture santé. En l’espace d’une journée, 4 millions d’assurés supplémentaires ont été inscrits à la CNSS, garantissant ainsi à une large partie de la population un accès à la couverture maladie obligatoire.
Un Travail Colossal : Réformes et Réglementations
M. Boubrik a également salué les efforts importants déployés par toutes les parties prenantes impliquées dans ce chantier, en particulier sur le plan réglementaire et législatif. Le processus de généralisation a nécessité une mise à jour des textes législatifs et des régulations pour permettre une couverture complète, mais également la mise en place de structures adaptées à l’accueil de millions de nouveaux assurés. Cela a également impliqué une révision des pratiques internes et des processus informatiques au sein de la CNSS, ainsi qu’une forte collaboration avec les employeurs et les acteurs publics et privés pour garantir une mise en œuvre efficace.
Les Défis Restants
Bien que des avancées considérables aient été réalisées, plusieurs défis persistent. Le principal reste la gestion de la masse d’assurés, qui a engendré une pression sur les infrastructures de santé du pays. L’intégration de millions de nouveaux assurés a soulevé des questions concernant la capacité du système de santé à répondre aux besoins de soins croissants.
De plus, la sensibilisation des bénéficiaires et des prestataires de santé à ce nouveau système reste un travail en cours. Il est nécessaire de lutter contre l’ignorance des droits des assurés et d’améliorer la qualité des services offerts. En outre, l’AMO étant encore relativement jeune, des ajustements continus seront nécessaires pour optimiser le système et garantir son efficacité sur le long terme.
L’Avenir de l’AMO au Maroc
Le système de l’AMO a permis au Maroc de faire un pas important vers la couverture sanitaire universelle. Il reste un chantier ambitieux qui implique des efforts constants, tant sur le plan réglementaire qu’opérationnel, pour assurer la pérennité et la qualité du service. Les autorités marocaines, avec la CNSS à sa tête, ont bien l’intention de continuer à perfectionner ce système pour qu’il devienne un modèle de couverture santé pour tous les citoyens, sans distinction de statut professionnel.
En conclusion deux ans après sa généralisation, l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) au Maroc a réussi à intégrer un nombre considérable de nouveaux assurés, notamment grâce à des réformes structurelles, législatives et réglementaires. Toutefois, de nombreux défis restent à surmonter pour garantir une couverture de qualité et un accès équitable aux soins pour tous. La conférence-débat a été l’occasion de rappeler l’importance de ce chantier royal, qui, bien que déjà porteur de grands succès, nécessite encore des ajustements pour atteindre ses objectifs.