
En 2024, Al Amana Microfinance, l’un des principaux acteurs du secteur de la microfinance au Maroc, a présenté des résultats financiers encourageants, avec un déboursement de nouveaux prêts de plus de 2,44 milliards de dirhams (DH), marquant une hausse de 1,17% par rapport à l’année précédente. Cette performance témoigne de la résilience et de la solidité de l’institution dans un environnement économique toujours influencé par des défis structurels. Cependant, si l’augmentation des prêts et l’amélioration du portefeuille à risque sont des points positifs, certains aspects de la diversification des services, tels que les dépôts, la microassurance et les transferts d’argent, montrent des signes de ralentissement.
Une croissance des prêts de 1,17%
Le déboursement de nouveaux prêts, qui s’élève à 2,44 milliards de dirhams, représente une augmentation modeste mais stable de 1,17% par rapport à 2023. Cette croissance continue souligne la demande persistante pour les services de microfinance, en particulier parmi les populations vulnérables et les petites entreprises n’ayant pas accès aux financements traditionnels. Al Amana Microfinance, en tant qu’acteur clé du financement inclusif au Maroc, poursuit sa mission de fournir des crédits à des conditions favorables pour des projets à faible coût, tout en visant à soutenir les initiatives économiques de proximité.
Ces prêts ont principalement profité aux micro-entrepreneurs, aux petites entreprises et aux agriculteurs, qui représentent les segments les plus vulnérables à l’accès au financement bancaire classique. En soutenant ces secteurs, Al Amana contribue au renforcement de l’économie informelle, notamment dans les zones rurales et périphériques, où la microfinance joue un rôle crucial pour stimuler l’activité économique.
Un encours de crédits record : près de 3 milliards de dirhams
L’encours total des crédits d’Al Amana atteint désormais un niveau record de près de 3 milliards de dirhams. Cette performance représente une consolidation significative de sa position sur le marché marocain de la microfinance, et est le reflet d’une gestion prudente et de stratégies d’inclusion financière adaptées. La stabilité et l’augmentation de l’encours témoignent de la confiance croissante des emprunteurs dans l’institution, ainsi que de la solidité de la microfinance comme secteur capable de financer des projets à long terme tout en soutenant l’entrepreneuriat de masse.
Le portefeuille de crédits d’Al Amana est également diversifié en termes de typologies de crédits, avec une forte présence dans le financement de projets de petite taille, de développement agricole et de consommation. L’augmentation de l’encours est donc un signe positif de l’expansion de l’institution, qui parvient à maintenir une part de marché importante tout en contribuant à l’inclusion financière des plus démunis.
Une amélioration du portefeuille à risque
L’un des développements les plus notables de l’année est la réduction du portefeuille à risque, qui atteint son niveau le plus bas depuis la crise sanitaire. Cela est particulièrement significatif dans le contexte post-COVID, où de nombreuses institutions de microfinance avaient été confrontées à une montée des impayés et à une détérioration de la qualité de leur portefeuille. Grâce à des mesures de gestion plus rigoureuses, un accompagnement renforcé des emprunteurs et des solutions de restructuration des crédits, Al Amana a réussi à maîtriser les risques, améliorant ainsi son indicateur de solvabilité.
Cette gestion proactive des créances en souffrance est un gage de santé financière pour l’institution, qui doit maintenir une certaine solidité pour continuer à soutenir sa mission sociale tout en restant viable sur le plan financier. Une gestion du risque efficace est essentielle pour la pérennité de la microfinance, notamment dans un contexte économique fragile où les emprunteurs peuvent être exposés à des chocs extérieurs.
Les défis de diversification : ralentissement des autres services
Malgré les résultats positifs en termes de crédits et de risques, la diversification des services d’Al Amana Microfinance semble marquer un ralentissement notable en 2024. En effet, certains secteurs annexes à la microfinance, tels que les dépôts, la microassurance et les transferts d’argent, enregistrent des baisses ou une croissance faible.
- Baisse des dépôts : Les dépôts constituent une source importante de financement pour les institutions de microfinance. Cependant, Al Amana a observé une baisse des dépôts en 2024, ce qui peut être attribué à plusieurs facteurs, tels que la concurrence accrue dans le secteur des services financiers et une préférence des clients pour des options d’épargne plus rentables ailleurs, notamment auprès des banques traditionnelles.
- Microassurance : Le secteur de la microassurance, qui a été un axe de diversification stratégique pour Al Amana dans les dernières années, a également connu un ralentissement en 2024. Bien que cette branche vise à offrir une couverture minimale aux populations à faibles revenus (contre les risques de santé, d’accidents, etc.), elle peine à se développer rapidement. Cela peut être dû à la faible culture de l’assurance au sein de certaines populations ciblées, ainsi qu’à des défis de distribution dans les zones reculées.
- Transferts d’argent : Les transferts d’argent ont connu une baisse en 2024, alors même que les services de transfert d’argent constituent un secteur en pleine croissance dans le contexte de l’inclusion financière et de la digitalisation. La concurrence des plateformes de transfert en ligne et des opérateurs privés pourrait avoir pesé sur la performance d’Al Amana dans ce domaine, limitant sa capacité à capter de nouveaux clients dans un secteur où les marges sont souvent faibles.
Des perspectives d’avenir : enjeux et opportunités
Al Amana Microfinance doit donc relever plusieurs défis pour maintenir sa position de leader dans le secteur de la microfinance au Maroc, en particulier en matière de diversification de ses services. Bien que la hausse des prêts et la gestion du risque soient des points positifs, l’institution devra redoubler d’efforts pour renforcer ses offres annexes, telles que les services de dépôts, d’assurance et de transferts d’argent, qui sont essentiels pour attirer une clientèle plus large et diversifiée.
Par ailleurs, la digitalisation pourrait jouer un rôle clé dans la modernisation des services et dans la conquête de nouveaux clients, notamment dans les zones rurales et éloignées. Le secteur des microcrédits pourrait également bénéficier de partenariats stratégiques avec d’autres acteurs du secteur financier et du numérique, afin de mieux répondre aux attentes des populations cibles.
Enfin, Al Amana devra également maintenir une gestion rigoureuse des risques et adapter ses pratiques aux évolutions des réglementations, en particulier en matière de financement durable et de transparence financière. Cela sera crucial pour préserver la confiance de ses clients et pour continuer à soutenir l’inclusion financière au Maroc.
En 2024, Al Amana Microfinance a réalisé des avancées notables avec un encours de crédits record et une amélioration du portefeuille à risque, ce qui démontre la solidité de l’institution dans un contexte économique complexe. Cependant, la diversification de ses services reste un défi, avec une baisse notable des dépôts, de la microassurance et des transferts d’argent. Pour l’avenir, l’institution devra redoubler d’efforts pour renforcer ces segments et exploiter les opportunités offertes par la digitalisation pour continuer à jouer un rôle clé dans l’inclusion financière au Maroc.