
Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a récemment dressé un tableau nuancé des défis législatifs actuels du Maroc, notamment ceux relatifs à la réforme du Code de la famille et du Code pénal. Lors d’une conférence organisée jeudi dernier par le Parti du progrès et du socialisme (PPS), le ministre a abordé les enjeux d’un équilibre délicat entre les réformes nécessaires et les compromis politiques, soulignant la complexité du processus de modernisation législative dans un contexte social et politique diversifié.
Réforme du Code de la famille : un équilibre à trouver
Abdellatif Ouahbi a mis en avant l’importance de la réforme du Code de la famille, une question qui fait l’objet de débats intenses au Maroc depuis plusieurs années. Selon le ministre, cette réforme est essentielle pour répondre aux évolutions sociales et pour garantir les droits des femmes et des enfants, tout en respectant les valeurs et les traditions du Royaume.
Cependant, il a souligné que la révision de cette législation doit prendre en compte un équilibre fragile entre les besoins de modernisation de la société marocaine et la nécessité de concilier les différents courants politiques et sociaux. La réforme de ce code, qui touche des aspects aussi sensibles que le mariage, le divorce, la garde des enfants et l’héritage, implique des compromis difficiles, en particulier dans un contexte où les questions liées aux droits des femmes sont souvent sources de tensions dans le débat public.
Réforme du Code pénal : modernisation et respect des droits fondamentaux
Le ministre a également évoqué la réforme du Code pénal, un autre chantier législatif majeur qui figure parmi les priorités du gouvernement. Abdellatif Ouahbi a précisé que cette réforme vise à moderniser les textes en vigueur, en renforçant la protection des droits humains, en révisant certaines peines et en mettant l’accent sur la réinsertion des détenus. Cette réforme s’inscrit dans une volonté de renforcer la justice pénale tout en respectant les engagements internationaux du Maroc en matière de droits de l’homme.
Cependant, comme pour la réforme du Code de la famille, le ministre a rappelé qu’il existe des enjeux politiques importants dans l’application de ces réformes. Il a souligné que l’adoption de ces réformes se heurte parfois à des résistances au sein de certains courants conservateurs qui jugent certaines propositions trop libérales, ce qui rend les compromis politiques inévitables.
L’équilibre entre réformes et compromis politiques
Abdellatif Ouahbi a souligné que ces réformes, bien qu’indispensables pour l’avancée du pays, nécessitent un travail de médiation et de dialogue continu entre les différentes forces politiques et sociales du Maroc. Le ministre a précisé que le défi réside dans la recherche d’un équilibre entre la nécessité de réformes profondes, en phase avec les aspirations de la population, et le respect des sensibilités culturelles et religieuses qui caractérisent le Royaume.
Il a évoqué les pressions exercées par la société civile, notamment les mouvements féministes et les défenseurs des droits humains, qui réclament des réformes plus audacieuses, tout en reconnaissant les préoccupations de certains secteurs conservateurs qui insistent sur le respect des valeurs traditionnelles. Le ministre a précisé que, bien que des avancées importantes aient été réalisées, ces réformes doivent être mises en œuvre progressivement et en tenant compte de la pluralité des opinions au sein de la société.
Un processus législatif complexe mais nécessaire
Lors de son intervention, Abdellatif Ouahbi a reconnu que le processus de réforme législative au Maroc est un défi complexe, mais indispensable pour l’évolution du pays. Il a insisté sur l’importance de ne pas céder à la pression des partis ou des courants politiques, tout en garantissant que les réformes soient conformes aux principes de justice, d’égalité et de respect des droits fondamentaux.
Le ministre a également salué l’engagement du gouvernement à consulter régulièrement les acteurs politiques, sociaux et syndicaux, et à mener des débats publics ouverts pour favoriser une approche inclusive et consensuelle.
Abdellatif Ouahbi, à travers sa conférence avec le PPS, a mis en lumière les défis législatifs complexes auxquels le Maroc fait face, particulièrement en ce qui concerne la réforme du Code de la famille et du Code pénal. Il a souligné que la clé du succès réside dans un équilibre entre réformes nécessaires et compromis politiques, tout en tenant compte des valeurs culturelles et sociales du Royaume. Malgré les résistances et les défis, ces réformes sont considérées comme essentielles pour la modernisation du système juridique marocain et pour le respect des droits humains.