Les manifestants au Bangladesh réclament la démission de la Première ministre

Le Bangladesh a connu samedi 28 octobre 2023 une journée de violences lors d’une manifestation de l’opposition contre la Première ministre Sheikh Hasina, qui doit organiser des élections générales d’ici à fin janvier.

Le Bangladesh a connu samedi 28 octobre 2023 une journée de violences lors d’une manifestation de l’opposition contre la Première ministre Sheikh Hasina, qui doit organiser des élections générales d’ici à fin janvier. Selon la police, un policier et un manifestant ont été tués et plus d’une centaine de personnes ont été blessées dans des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, qui réclamaient la démission de Sheikh Hasina et la mise en place d’un gouvernement neutre pour superviser le scrutin. Les deux principaux partis d’opposition du pays, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) et le Jamaat-e-Islami, ont appelé à une grève nationale dimanche pour protester contre la répression policière.

Sheikh Hasina, qui dirige le pays depuis quinze ans, est accusée de corruption et de violations des droits de l’homme par ses adversaires, qui doutent de la transparence des prochaines élections. La dirigeante du BNP, Khaleda Zia, deux fois première ministre et rivale historique de Sheikh Hasina, est assignée à résidence après avoir été condamnée pour corruption. Le Jamaat-e-Islami, le plus grand parti islamiste du pays, est également visé par des procès pour crimes de guerre commis pendant la guerre d’indépendance du Bangladesh en 1971.

La manifestation de samedi a rassemblé plus de 100 000 personnes dans la capitale Dacca, selon la police. Les manifestants ont défié l’interdiction des autorités et ont tenté de marcher vers le bureau de la Première ministre. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour les disperser, tandis que les manifestants ripostaient avec des pierres et des briques. Un policier a été tué par un coup à la tête et un manifestant a été abattu par la police, selon les sources officielles et l’opposition. Au moins 20 personnes ont été blessées par des balles en caoutchouc et conduites à l’hôpital.

La situation politique au Bangladesh est tendue depuis des mois, avec des manifestations régulières de l’opposition pour faire valoir ses revendications. Le pays connaît une croissance économique rapide, qui lui a permis de dépasser l’Inde voisine en termes de PIB par habitant, mais il fait face à de nombreux défis sociaux et environnementaux. Le Bangladesh est également confronté à une crise humanitaire liée à l’afflux de plus d’un million de réfugiés rohingyas venus de Birmanie voisine.

Sheikh Hasina

Sheikh Hasina est la Première ministre du Bangladesh depuis janvier 2009. Elle est également la dirigeante du parti politique de la Ligue Awami, qui milite pour la démocratie et le laïcisme dans son pays. Sheikh Hasina est la fille de Sheikh Mujibur Rahman, le père fondateur du Bangladesh, qui a mené la lutte pour l’indépendance contre le Pakistan en 1971. Elle a survécu à l’assassinat de son père et de sa famille en 1975, et a vécu en exil en Inde jusqu’en 1981. Elle a ensuite entamé sa carrière politique, en s’opposant aux régimes militaires et autoritaires qui ont gouverné le Bangladesh pendant des décennies. Elle a été élue Première ministre pour la première fois en 1996, puis à nouveau en 2009, 2014 et 2019. Sous son gouvernement, le Bangladesh a connu une forte croissance économique, une réduction de la pauvreté et une amélioration des indicateurs sociaux. Sheikh Hasina a également fait face à de nombreux défis, tels que la gestion de la crise des réfugiés rohingyas, la lutte contre le terrorisme, la protection de l’environnement et le respect des droits de l’homme. Elle a été critiquée par ses adversaires politiques et par des organisations internationales pour sa répression des manifestations, sa corruption et son autoritarisme. Sheikh Hasina est considérée comme l’une des femmes les plus influentes du monde, et a reçu plusieurs distinctions pour son action en faveur de la paix, du développement et de l’éducation.

Les critiques de Sheikh Hasina

Sheikh Hasina est critiquée par ses adversaires politiques et des organisations internationales pour plusieurs raisons, notamment :

  • Sa répression des manifestations de l’opposition, qui ont fait des morts et des blessés parmi les manifestants et les forces de l’ordre. L’opposition accuse Sheikh Hasina de vouloir se maintenir au pouvoir par la force et de ne pas garantir des élections libres et transparentes.
  • Sa corruption et son népotisme, qui ont entaché son bilan économique et social. Sheikh Hasina est accusée de détourner les richesses au profit d’un cercle de fidèles qui assurent sa domination. La « Dame de fer » est donnée gagnante, mais à quel prix ?
  • Son autoritarisme et son intolérance envers les voix dissidentes, qui ont conduit à des arrestations arbitraires, des procès inéquitables, des restrictions à la liberté d’expression et de la presse, et des violations des droits de l’homme. Sheikh Hasina a notamment ciblé le parti islamiste Jamaat-e-Islami, qu’elle accuse de crimes de guerre commis pendant la guerre d’indépendance du Bangladesh en 1971.
  • Son manque de vision et de leadership sur les enjeux régionaux et internationaux, qui ont affaibli le rôle du Bangladesh sur la scène mondiale. Sheikh Hasina a notamment été critiquée pour sa gestion de la crise des réfugiés rohingyas, qu’elle a accueillis par solidarité mais sans offrir de solution durable ni faire pression sur la Birmanie pour le retour des réfugiés dans leur pays d’origine.

Ces critiques sont partagées par certains observateurs et organisations internationales, qui estiment que Sheikh Hasina a déçu les espoirs de démocratisation qu’elle portait à son arrivée au pouvoir en 1996. D’autres reconnaissent toutefois ses succès économiques et sociaux, ainsi que sa volonté de faire face aux défis climatiques et humanitaires auxquels son pays est confronté.

29 octobre 2023 10h57

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