
Face à une urbanisation rapide, des besoins croissants en mobilité, en énergie et en sécurité, le concept de “ville intelligente” s’impose de plus en plus dans le discours politique et médiatique au Maroc. Casablanca, Rabat, Benguerir ou encore Témara se rêvent connectées, durables et inclusives. Mais derrière les effets d’annonce et les promesses technologiques, où en est vraiment le pays ?
📈 Une urbanisation galopante qui appelle à l’innovation
Avec près de 65 % de sa population vivant en milieu urbain, le Maroc est confronté à de multiples défis :
- congestion du trafic,
- gestion inefficace des déchets,
- pollution de l’air,
- sécurité urbaine,
- pression sur les ressources énergétiques et hydriques.
Les villes intelligentes (ou smart cities) sont perçues comme une réponse innovante, à travers l’intégration des technologies numériques dans la gestion des services urbains.
🏗️ Casablanca, vitrine nationale du concept de “ville intelligente”
Casablanca se positionne comme la capitale technologique du Maroc. La ville a lancé plusieurs initiatives dans ce sens :
✅ Les avancées :
- Casablanca Smart City : plateforme de gouvernance urbaine pilotée par Casa Prestations.
- Système de vidéo-surveillance intelligent : plus de 1 000 caméras connectées pour la sécurité urbaine.
- Applications mobiles : pour les transports en commun (Casa Transport), la gestion des déchets ou la déclaration d’incidents.
- Smart parking, éclairage public intelligent, Wi-Fi urbain dans certaines zones.
Mais malgré ces innovations, la fracture numérique et les inégalités d’accès aux services persistent, notamment dans les périphéries de la ville.
🗣️ « La ville intelligente ne doit pas être un luxe réservé aux quartiers centraux. » — Urbaniste à Casablanca
🌿 Benguerir : le pari d’une ville verte et intelligente
Moins médiatisée que Casablanca, Benguerir est un modèle de ville durable à petite échelle, développée autour de l’UM6P (Université Mohammed VI Polytechnique). Avec l’appui de l’OCP, elle a intégré :
- Une gestion énergétique intelligente, via le solaire et les bâtiments à faible consommation.
- Des réseaux d’irrigation optimisés pour les espaces verts.
- Un urbanisme orienté vers la durabilité et l’innovation éducative.
Benguerir est souvent citée comme laboratoire de la smart city à la marocaine, mais reste une exception, construite ex nihilo avec un soutien institutionnel et privé important.
🧩 Promesses vs réalité : un écart encore significatif
Malgré les ambitions affichées, le Maroc reste encore loin d’un modèle généralisé de ville intelligente. Plusieurs freins ralentissent cette transition :
❌ Les principaux obstacles :
- Manque de coordination entre les institutions locales et centrales.
- Faiblesse de l’infrastructure numérique dans certaines villes secondaires.
- Budget limité des collectivités territoriales, souvent incapables de financer des solutions intelligentes à grande échelle.
- Faible culture du numérique chez une partie des citoyens et des agents publics.
- Dépendance à des technologies importées, sans réelle souveraineté technologique.
📊 Les attentes des citoyens : entre espoir et scepticisme
Les Marocains sont de plus en plus connectés : plus de 33 millions d’internautes, un usage massif du smartphone, et une familiarité croissante avec les applications numériques. Mais ils attendent des résultats concrets, pas seulement des projets-pilotes :
- Un transport urbain fiable et connecté.
- Des services administratifs fluides et accessibles en ligne.
- Une meilleure sécurité grâce à la technologie.
- Une ville propre, bien éclairée, avec une gestion intelligente des déchets.
🔮 Quelles perspectives pour l’avenir ?
Pour que les villes marocaines deviennent véritablement intelligentes, il faudra aller au-delà de la technologie, et investir dans :
- ✅ La formation des cadres territoriaux au numérique.
- ✅ L’inclusion citoyenne dans la conception des projets urbains.
- ✅ La cybersécurité et la protection des données.
- ✅ L’interopérabilité entre les systèmes urbains (transport, eau, énergie…).
- ✅ Le partenariat public-privé, tout en garantissant une gouvernance transparente.
✅ Conclusion : la ville intelligente, une ambition à construire ensemble
Le Maroc a amorcé sa transition vers la smart city, avec des projets pilotes prometteurs. Mais le défi n’est pas seulement technologique, il est aussi social, institutionnel et culturel. Une ville intelligente, ce n’est pas juste une ville connectée — c’est une ville qui améliore réellement la qualité de vie de ses citoyens, dans toutes ses dimensions.
La promesse est là. Reste à transformer l’essai.