
Dans un contexte de transformation socio-économique et de pressions croissantes sur le pouvoir d’achat, les préoccupations sociales des Marocains sont plus que jamais au cœur du débat national. Un constat s’impose : les attentes des citoyens sont claires. Selon plusieurs sondages récents, le trio logement – santé – emploi reste en tête des priorités pour une majorité de Marocains.
Alors que le gouvernement multiplie les annonces de réformes, la rue, elle, attend des résultats concrets. Décryptage.
🏠 Le logement : un droit encore inaccessible pour beaucoup
Malgré les nombreuses politiques publiques engagées depuis les années 2000 (villes sans bidonvilles, subventions à l’acquisition de logements sociaux, etc.), le mal-logement reste une réalité pour des millions de Marocains.
Les défis actuels :
- Flambée des prix dans les grandes villes, qui rend l’accès à la propriété quasiment impossible pour les classes moyennes.
- Loyer trop cher par rapport aux revenus, surtout dans les zones urbaines tendues.
- Manque de logements adaptés aux jeunes, aux familles modestes ou aux personnes âgées.
🗣️ « Je travaille, j’ai un CDI, mais je n’arrive pas à acheter un studio à Casablanca sans m’endetter sur 30 ans. Ce n’est pas normal. » — Karim, 34 ans, employé du privé.
Le nouveau programme gouvernemental de logement à 250.000 DH, annoncé en 2023, vise à relancer le secteur et à élargir l’accès. Mais de nombreux observateurs attendent de voir comment il sera mis en œuvre, notamment en matière de transparence, de qualité de construction et d’accès équitable.
🏥 La santé : un système en transition, mais encore fragile
La crise du Covid-19 a mis en lumière les failles structurelles du système de santé marocain : manque de personnel médical, inégalités territoriales, hôpitaux sous-équipés… Depuis, les réformes s’accélèrent.
Ce que réclament les Marocains :
- Un accès plus facile aux soins, surtout en zone rurale ou dans les petites villes.
- Un système public performant, pour ne plus dépendre uniquement du privé.
- Une généralisation réelle de la couverture médicale (AMO, RAMED, etc.).
En 2024, le Maroc a officiellement lancé la généralisation de la protection sociale, un chantier colossal qui vise à couvrir l’ensemble de la population d’ici 2025. Si l’initiative est saluée, la qualité des prestations reste la grande inconnue.
🗣️ « La carte AMO ne sert à rien si les médicaments sont introuvables ou si les rendez-vous à l’hôpital public prennent des mois. » — Saida, 52 ans, ménagère à Fès.
💼 L’emploi : l’éternel casse-tête
Le chômage, surtout des jeunes diplômés, continue de hanter l’économie marocaine. Même si le taux officiel tourne autour de 12%, il grimpe à plus de 30% chez les jeunes urbains.
Les frustrations sont multiples :
- Manque d’emplois qualifiés, malgré les études.
- Instabilité de l’emploi informel, qui concerne plus de 50% des actifs.
- Salaire minimum trop bas par rapport au coût de la vie.
Face à cela, le gouvernement mise sur l’investissement, la relance industrielle, le soutien aux TPE et la promotion de l’auto-entrepreneuriat. Mais pour les jeunes, le sentiment d’exclusion persiste.
🗣️ « J’ai un master en économie, mais je livre à domicile. Je veux juste un emploi digne. » — Mehdi, 27 ans, à Rabat.
📊 Que disent les sondages ?
Selon plusieurs enquêtes menées entre 2022 et 2025 (notamment par le HCP, le CESE et des instituts privés), les priorités des Marocains se classent ainsi :
Priorité | Pourcentage de Marocains qui la citent en premier |
---|---|
Emploi | 34% |
Santé | 29% |
Logement | 21% |
Éducation | 10% |
Sécurité / transport / autres | 6% |
Ces chiffres traduisent un besoin urgent d’amélioration du quotidien, au-delà des grandes promesses ou projets d’infrastructure.
🔍 Conclusion : l’urgence d’un dialogue social renouvelé
Plus que jamais, les Marocains réclament des politiques publiques qui répondent aux urgences sociales. Le logement, la santé et l’emploi ne sont pas de simples dossiers administratifs : ce sont des réalités quotidiennes, souvent douloureuses, pour une majorité de citoyens.
Pour redonner confiance, il faudra :
- des réformes concrètes, visibles et inclusives,
- un suivi transparent des projets annoncés,
- et surtout, impliquer les citoyens dans les décisions qui les concernent.
Car derrière les statistiques, il y a des vies, des familles, des rêves. Et une société marocaine qui aspire à mieux.