🌍 Marocains du monde : un pont entre deux cultures ou un exil intérieur ?

Ils sont plus de 5 millions à vivre hors des frontières du Royaume. Appelés Marocains résidant à l’étranger (MRE), ils forment une diaspora dynamique, influente et profondément attachée à ses racines. Pourtant, entre fierté identitaire, sentiment d’appartenance multiple et mal-être silencieux, leur réalité est plus complexe qu’elle n’y paraît.

En 2025, alors que le monde s’interroge sur les questions d’identité, d’intégration et de mobilité, la question se pose avec acuité : les Marocains du monde sont-ils un pont entre deux cultures ou des exilés de l’intérieur ?


✈️ Une présence mondiale, une force nationale

Qu’ils soient établis en Europe, en Amérique du Nord, dans le Golfe ou en Afrique subsaharienne, les Marocains du monde sont une composante essentielle de la société marocaine. Chaque été, leur retour massif anime les ports, les aéroports et les routes du Royaume.

Leur contribution est économique (plus de 100 milliards de dirhams en transferts de fonds en 2024), mais aussi culturelle et sociale : projets associatifs, investissements, transmission des valeurs marocaines aux générations futures.

Le Roi Mohammed VI les qualifie régulièrement de « richesse inestimable pour le Maroc ».


🤝 Une double culture, une richesse… et parfois une fracture

Vivre entre deux cultures est une chance. Cela permet d’adopter une vision plus ouverte, de tisser des liens entre les sociétés, et d’enrichir son identité. Beaucoup de MRE deviennent des ambassadeurs du Maroc, notamment dans les domaines de la diplomatie, de l’art, de la recherche ou de l’entrepreneuriat.

Mais cette position de « pont » peut aussi se transformer en équilibre instable. Pour nombre d’entre eux, l’adaptation dans le pays d’accueil est difficile : discrimination, pression pour s’assimiler, perte des repères familiaux.

À l’inverse, le retour au Maroc, même temporaire, peut provoquer un choc culturel inverse : incompréhension des codes sociaux, jugements sur la manière de parler ou de s’habiller, sentiment d’être « trop étranger » pour être d’ici, mais « trop d’ici » pour être étranger.


🧠 Le poids de l’exil intérieur

Derrière les sourires des vacances et les retrouvailles estivales se cache parfois un exil intérieur, plus difficile à nommer.

Chez les jeunes MRE notamment, les questions fusent :
– Suis-je Marocain, Français, Belge, Canadien… ou un peu tout à la fois ?
– Pourquoi ai-je parfois honte de ne pas bien parler l’arabe ou l’amazigh ?
– Pourquoi me sent-je jugé ici et incompris là-bas ?

Cette identité plurielle, bien que précieuse, peut devenir source de doute, voire de solitude. Et les politiques d’intégration des pays d’accueil comme les liens institutionnels avec le Maroc ne répondent pas toujours à ces interrogations profondes.


🏛️ Une diaspora à mieux écouter

Le Maroc a fait des efforts notables pour renforcer le lien avec ses citoyens à l’étranger :

  • Facilitation des services consulaires,
  • Programmes culturels et éducatifs,
  • Création d’organismes comme le CCME (Conseil de la communauté marocaine à l’étranger),
  • Représentation des MRE dans les réflexions nationales.

Mais plusieurs voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer plus qu’un rôle symbolique. Beaucoup souhaitent participer à la vie politique, pouvoir investir plus facilement, faire entendre leur voix dans la définition des politiques migratoires ou éducatives.


🌱 Un futur à construire ensemble

Les Marocains du monde ne sont pas seulement des expatriés de passage. Ce sont des acteurs à part entière de la société marocaine, où qu’ils soient. Il est temps de repenser la relation diaspora-État non pas sur le mode nostalgique ou financier, mais sur celui du partenariat, de la reconnaissance et de la co-construction.

Car si l’exil peut parfois ronger l’intérieur, le sentiment d’appartenance, lui, peut guérir, rassembler, et même inspirer.


📝 Et vous, comment vivez-vous votre identité marocaine à l’étranger ? Pont, fracture ou les deux à la fois ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut