💧 La gestion de l’eau au Maroc : un défi national en période de sécheresse

Alors que le Maroc traverse sa cinquième année consécutive de déficit hydrique, la question de la gestion de l’eau n’a jamais été aussi urgente. Entre sécheresses prolongées, surexploitation des nappes phréatiques et répartition inégale des ressources, le pays fait face à une crise structurelle de l’eau, qui touche à la fois l’agriculture, l’industrie et la vie quotidienne des citoyens.

Face à cette réalité, le Maroc tente d’accélérer les réformes et les projets stratégiques, mais les défis restent immenses.


📉 Des ressources en déclin

Le Maroc est classé parmi les pays les plus exposés au stress hydrique. En 2025, la disponibilité moyenne en eau est estimée à moins de 600 m³ par habitant et par an, contre 2 500 m³ en 1960.

Facteurs aggravants :

  • Changements climatiques : baisse des prĂ©cipitations, hausse des tempĂ©ratures.
  • Croissance dĂ©mographique et urbanisation rapide.
  • Modèle agricole gourmand en eau, notamment les cultures irriguĂ©es (pastèques, avocats, etc.).
  • Pollution des nappes phrĂ©atiques par les nitrates et les rejets industriels.

🚱 Coupures et restrictions : le quotidien des Marocains impacté

Depuis l’été 2023, plusieurs villes du royaume subissent des restrictions d’eau, parfois drastiques :

  • Coupures nocturnes dans des villes comme Marrakech, Agadir, TĂ©touan ou Oujda.
  • Baisse de la pression de l’eau en journĂ©e dans de nombreux quartiers.
  • Interdiction de laver les voitures ou d’arroser les jardins avec de l’eau potable.

Ces mesures, bien que nécessaires, créent du mécontentement, surtout dans les zones urbaines densément peuplées.


🛠️ Les réponses de l’État : entre urgence et stratégie

Le gouvernement marocain a lancé plusieurs initiatives pour tenter de sécuriser l’approvisionnement en eau et préparer l’avenir :

1. Accélération du dessalement

  • Mise en service de la station de dessalement d’Agadir, dĂ©jĂ  opĂ©rationnelle.
  • Projets en cours Ă  Casablanca, Safi, El Jadida et Dakhla.
  • Objectif : produire 1 milliard de mÂł d’eau dessalĂ©e par an d’ici 2030.

2. Réutilisation des eaux usées traitées

  • Encouragement du traitement et de la rĂ©utilisation pour l’irrigation des espaces verts.
  • Casablanca et Marrakech en tĂŞte de ces initiatives.

3. Interconnexion des barrages

  • Le programme de transfert d’eau entre les bassins du Nord (excĂ©dentaires) et du Sud (dĂ©ficitaires) se poursuit.
  • Objectif : mieux rĂ©partir les ressources Ă  l’échelle nationale.

4. Sensibilisation et éducation à l’économie d’eau

  • Lancement de campagnes de sensibilisation dans les Ă©coles et mĂ©dias.
  • Encouragement des comportements Ă©co-responsables Ă  tous les niveaux.

🚜 L’agriculture sous pression

Premier secteur consommateur d’eau (près de 85 % des ressources), l’agriculture est au cœur du débat.

  • Les cultures intensives exportatrices sont critiquĂ©es pour leur impact sur les nappes phrĂ©atiques.
  • Des voix s’élèvent pour repenser le modèle agricole, en priorisant les cultures locales moins consommatrices.
  • Le Plan GĂ©nĂ©ration Green tente d’introduire plus de durabilitĂ©, mais les rĂ©sultats restent inĂ©gaux sur le terrain.

🔎 Une gouvernance de l’eau à renforcer

Malgré les efforts, plusieurs défis structurels freinent la gestion efficace de l’eau :

  • Morcellement institutionnel entre plusieurs ministères et agences.
  • Faible implication des collectivitĂ©s territoriales dans les politiques locales de l’eau.
  • Manque de contrĂ´le sur les forages illĂ©gaux, qui continuent d’épuiser les nappes.

Des experts appellent à une réforme en profondeur de la gouvernance hydrique, avec une approche plus territorialisée, participative et transparente.


đź’¬ Paroles de citoyens

  • Noura, habitante de Marrakech : « Nous avons de l’eau seulement quelques heures par jour. On est obligĂ©s de stocker et de limiter nos usages. »
  • Yassine, agriculteur dans la rĂ©gion de KhĂ©nifra : « Les puits sont presque Ă  sec. On pense Ă  abandonner certaines cultures, c’est devenu invivable. »

🧭 Conclusion : vers une révolution hydrique ?

La crise de l’eau au Maroc n’est plus un risque futur, mais une réalité présente. Elle exige des réformes profondes, un changement des comportements et surtout une volonté politique constante, bien au-delà des effets d’annonce.

Car plus que jamais, l’eau est devenue une affaire de sécurité nationale, économique et sociale.


📌 À lire aussi sur notre blog :

  • Dessalement au Maroc : solution miracle ou fuite en avant ?
  • Agriculture et durabilitĂ© : repenser le modèle marocain
  • Villes intelligentes et gestion de l’eau : quelles innovations pour demain ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut