Dans un contexte de baisse des prix mondiaux du blé, le Maroc accélère l’élargissement de ses importations de blé tendre, ingrédient essentiel à la fabrication du pain et des viennoiseries, afin de garantir entre trois et cinq mois de stock stratégique, selon Abdelkader El Alaoui, président de la Fédération nationale des propriétaires de minoteries (FNPM)
Ce mouvement s’inscrit dans une stratégie de sécurité alimentaire, à l’heure où les cours mondiaux connaissent un repli notable depuis mai dernier.
📉 Des prix internationaux à la baisse
D’après un rapport récent de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le prix du blé connaît une tendance à la baisse depuis le printemps, offrant une fenêtre favorable pour les pays importateurs.
À l’échelle nationale, le prix de référence pour les livraisons aux minoteries marocaines est actuellement compris entre 250 et 255 dirhams le quintal (soit environ 27,9 à 28,4 dollars). Ce tarif reste inférieur au seuil de 270 dirhams (30 dollars), qui conditionne l’activation du mécanisme de subvention publique.
🏛️ Le soutien de l’État prolongé jusqu’à fin 2025
Pour contenir les effets de la fluctuation des marchés mondiaux et protéger le pouvoir d’achat, le gouvernement a confirmé le maintien du soutien à l’importation jusqu’à fin 2025. Ce mécanisme permet de compenser l’écart entre les coûts d’importation et les prix de cession aux minoteries, afin d’éviter une répercussion sur le prix final du pain, aliment de base pour des millions de ménages marocains.
🌾 Une récolte en nette amélioration… mais encore fragile
Selon le ministre de l’Agriculture, Ahmed Bouari, la récolte céréalière nationale devrait atteindre 44 millions de quintaux cette année, soit une hausse de 41 % par rapport à la saison précédente. Ce rebond est notamment dû à des pluies tardives mais bénéfiques, totalisant 295 mm entre mars et avril.
Toutefois, le secteur reste fragilisé par six années consécutives de sécheresse, et la croissance agricole prévue de 5,1 % en 2025 demeure dépendante de l’évolution des conditions climatiques et hydriques.
🇷🇺 Diversification des sources : la Russie en tête
Pour éviter les ruptures d’approvisionnement, le Maroc a considérablement diversifié ses circuits d’importation, avec une hausse notable des achats en provenance de Russie. En 2024, le Royaume a importé pour 280 millions de dollars (environ 2,75 milliards de dirhams) de produits agricoles russes.
Cette diversification vise à réduire la dépendance aux marchés traditionnels tout en sécurisant les volumes nécessaires à la transformation locale.
🔍 Un enjeu national : garantir le pain à prix stable
La question du blé dépasse le simple cadre économique. Elle touche directement à la stabilité sociale et alimentaire du pays. La pénurie temporaire de mai 2022, qui avait vu les stocks tomber à quatre mois d’autonomie, reste dans les esprits. Depuis, les autorités travaillent à reconstituer les réserves stratégiques.
« La conjoncture internationale nous offre une fenêtre rare pour sécuriser l’approvisionnement à moindre coût », souligne Abdelkader El Alaoui, appelant à capitaliser sur cette dynamique favorable.
⚠️ Une vigilance toujours nécessaire
Malgré des signaux positifs, les autorités restent sur leurs gardes. La récente annulation exceptionnelle de l’Aïd al-Adha, en juin 2024, en raison des contraintes hydriques persistantes, rappelle que le risque climatique reste un facteur de perturbation majeur pour l’agriculture marocaine.
✅ En résumé
- Le Maroc importe massivement du blé tendre pour sécuriser jusqu’à cinq mois de stock.
- Les prix mondiaux en baisse offrent une opportunité stratégique.
- L’État prolonge les subventions à l’importation jusqu’à fin 2025.
- La récolte nationale s’améliore, mais la dépendance extérieure reste forte.
- La Russie devient un fournisseur clé pour les produits agricoles.
- L’objectif : maintenir la stabilité du prix du pain, pilier de la consommation marocaine.
