La Projection du Film Documentaire “Meqbouline, les hôtes de Toumliline” Rappelle l’Unique Coexistence Interreligieuse au Maroc

Le mardi 1er juillet, Rabat a vibré au rythme d’une rencontre exceptionnelle. Au siège de la Fondation Mohammed VI de Promotion des Œuvres Sociales de l’Éducation-Formation, un événement de grande envergure a eu lieu : la projection du film documentaire “Meqbouline, les hôtes de Toumliline”. Ce film réalisé par la cinéaste marocaine Izza Edery-Génini met en lumière une période marquante de l’histoire du Maroc, symbolisant la coexistence harmonieuse des trois religions monothéistes – le judaïsme, le christianisme et l’islam.

L’Histoire des Moines Bénédictins et de Leur Intégration à Toumliline

Ce film documentaire plonge dans l’histoire de vingt moines bénédictins originaires de l’Abbaye d’En-Calcat, située près de Toulouse, qui ont quitté la France en 1952 pour s’établir à Toumliline, sur les hauteurs d’Azrou, au Maroc. Leur arrivée à cette époque charnière de l’histoire du Maroc, marquée par la fin du Protectorat et le début de l’Indépendance, a eu un impact profond sur les relations interreligieuses et interculturelles.

Très rapidement, ces moines se sont intégrés dans la communauté locale. Ils ont ouvert un dispensaire, un internat, des cours de soutien scolaire et ont initié des activités agricoles. Ils ont ainsi apporté une contribution sociale et éducative significative à la région. Leur accueil par la population locale, aussi bien musulmane que juive, a été un témoignage de l’esprit d’ouverture et de tolérance qui caractérisait le Maroc de l’époque.

Le film revient également sur leur rencontre avec Feu Sa Majesté Mohammed V, qui leur a accordé son soutien pour l’organisation de Rencontres Internationales ayant eu une résonance mondiale, en mettant l’accent sur le dialogue interreligieux et interculturel.

Un Voyage au Cœur du Dialogue Interreligieux et de l’Acceptation Mutuelle

Le titre du film, “Meqbouline” (signifiant « les invités » en arabe), fait référence à la manière dont ces moines ont été accueillis par la population locale. Ce terme souligne la relation chaleureuse et respectueuse qui s’est instaurée entre les moines et les Marocains. Le documentaire explore également l’intégration de ces moines dans une terre marocaine où la spiritualité musulmane, juive et chrétienne s’entrelacent, et comment cette rencontre a permis de créer une dynamique d’acceptation et de respect mutuels.

Amina Bouayach, présidente du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), a souligné que cette rencontre représente un modèle de préservation de la mémoire collective des années 1950 et 1960. Selon elle, l’expérience des Hôtes de Toumliline est une illustration de l’importance du dialogue et de l’échange interculturel, qui ont permis de bâtir une mémoire partagée, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Mme Bouayach a ajouté que cette expérience fait partie de la construction d’une « mémoire universelle », d’autant plus nécessaire dans un monde où les tensions interreligieuses et interculturelles ne cessent d’éclater.

L’Importance de la Transmission aux Générations Futures

Lamia Radi, présidente de la Fondation Mémoires pour l’Avenir, a souligné que l’objectif principal du film est de raconter une histoire méconnue, afin de la préserver et de la transmettre aux nouvelles générations. Elle a insisté sur le fait que cette histoire de respect mutuel et de rencontre entre les cultures et les religions doit être mise en lumière pour en faire un modèle de coexistence pacifique. Selon Mme Radi, l’expérience de Toumliline constitue une page importante de l’histoire du Maroc, marquée par des valeurs de dialogue, de tolérance et de partage, qui résonnent encore aujourd’hui.

Une Production de Haute Qualité pour un Message Profond

Le film documentaire, d’une durée de 43 minutes, s’appuie sur des archives filmées et numérisées pour retracer l’histoire de cette expérience unique. Il a été tourné entre le Maroc et la France, et est produit par la Fondation Mémoires pour l’Avenir, avec une production exécutive assurée par OHRA SARL. La réalisatrice Izza Edery-Génini parvient à capter toute la richesse de ce récit historique, en mêlant témoignages, images d’archives et reconstitutions, pour offrir aux spectateurs une immersion totale dans cette époque.

Conclusion

La projection du film « Meqbouline, les hôtes de Toumliline » à Rabat est bien plus qu’un simple événement culturel. Elle incarne un message puissant sur l’importance du dialogue interreligieux et interculturel, valeurs que le Maroc a su incarner tout au long de son histoire. Cette expérience unique, qui a marqué les années de la fin du Protectorat et du début de l’Indépendance, mérite d’être préservée et partagée avec les générations futures, pour rappeler que la coexistence pacifique est possible, même dans des contextes de grande diversité.

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