
Lors de la 68ème session de la Commission onusienne des Stupéfiants, qui se tient du 10 au 14 mars 2025 à Vienne, le Maroc a réaffirmé son engagement en faveur d’une approche multilatérale concertée et coordonnée dans la lutte contre le trafic mondial de drogues. Cette déclaration a été faite par l’ambassadeur Azzeddine Farhane, représentant permanent du Maroc auprès des organisations internationales basées à Vienne.
Une stratégie marocaine basée sur la coopération
Le Maroc a souligné que la coopération reste un levier clé dans sa stratégie de lutte contre le trafic de drogues. « Le Maroc fait de l’option de la coopération un élément central de sa stratégie », a déclaré M. Farhane. Il a insisté sur le fait que la question des drogues est une responsabilité mondiale partagée, qui ne peut être efficacement traitée que dans un cadre multilatéral et par une approche concertée et consensuelle entre les nations.
L’ambassadeur a détaillé les diverses formes de coopération mises en place par le Maroc, incluant l’échange de renseignements, la coopération opérationnelle, et le partage d’expertise avec les pays africains, particulièrement ceux du Sahel. Ces efforts sont essentiels pour renforcer la surveillance des frontières, échanger des renseignements stratégiques et renforcer les capacités des forces de l’ordre dans la lutte contre les réseaux transnationaux de trafic de drogues.
Les défis contemporains de la drogue
L’une des préoccupations majeures exprimées par le représentant marocain à la Commission a été la prolifération des drogues synthétiques et des nouvelles substances psychoactives. Ces drogues, souvent plus dangereuses et plus difficiles à détecter, posent un défi de taille pour les autorités internationales et nationales. M. Farhane a également mis en lumière l’évolution sophistiquée des modus operandi des trafiquants, ainsi que l’interconnexion croissante entre le trafic de drogues et d’autres formes de criminalité transnationale organisée.
Dans ce contexte, l’ambassadeur a appelé à une réponse internationale coordonnée et concertée pour faire face à ces défis. Il a ajouté qu’il est impératif de renouveler le consensus international pour affronter ces menaces par le biais d’une coopération accrue aux niveaux sous-régional, régional et international.
Une approche intégrée et multidisciplinaire
Le Maroc a insisté sur l’importance de renforcer la solidarité internationale et de mettre en place une démarche intégrée, multidisciplinaire et équilibrée, en abordant le problème mondial de la drogue sous un prisme scientifique. Cette approche doit, selon M. Farhane, combiner l’aspect sécuritaire avec des stratégies de prévention et de traitement des addictions, tout en respectant les droits humains.
Dans le cadre de cette coopération, le Maroc a également mis en avant l’importance de l’assistance technique pour renforcer les capacités des pays, notamment ceux d’Afrique, dans la lutte contre les drogues. Le soutien aux politiques anti-drogue et la mise en œuvre de mécanismes d’entraide sont des éléments essentiels pour construire des solutions durables et efficaces à l’échelle mondiale.
La stratégie marocaine de lutte contre les drogues
Le Maroc continue de déployer une stratégie globale et intégrée pour lutter contre le trafic de drogues et les substances psychotropes. Cette stratégie, qui repose sur l’anticipation et la prévention, cible à la fois l’offre et la demande des drogues, et cherche à prévenir les conduites addictives dès le plus jeune âge. En 2024, le pays a adopté un nouveau Plan National de Prévention et de Prise en Charge des Troubles Addictifs 2024-2030, dont l’objectif est de réduire la mortalité et la morbidité liées aux troubles addictifs et d’assurer un accès universel à des traitements de qualité.
Ce plan couvre des aspects variés, incluant la réhabilitation, l’insertion sociale, et la réinsertion professionnelle des personnes affectées par les addictions, avec un accent particulier sur l’accès équitable aux services de prévention et de traitement.
Des résultats tangibles et des efforts constants
Les efforts du Maroc dans ce domaine ont déjà montré des résultats impressionnants. Entre 2020 et 2024, les forces de l’ordre marocaines ont saisi 1.777 tonnes de résine de cannabis, 1.222 tonnes d’herbe de cannabis, 6,48 tonnes de cocaïne, 38 kg d’héroïne, et plus de 8 millions de comprimés psychotropes. Ces chiffres témoignent de l’engagement du Maroc dans la lutte contre le trafic de drogues et la criminalité liée à ce phénomène.
Le Maroc, la France et le Brésil : une initiative sur l’impact environnemental des drogues
Enfin, M. Farhane a rappelé que le Maroc, en collaboration avec la France et le Brésil, a présenté un projet de résolution à la Commission onusienne des Stupéfiants sur les impacts environnementaux du trafic de drogues. Ce projet, le premier à aborder spécifiquement cette question, vise à sensibiliser la communauté internationale aux dégâts environnementaux causés par les activités de trafic de drogues, notamment la déforestation, la pollution des sols et des cours d’eau, ainsi que la gestion des substances chimiques utilisées dans la production de drogues.
Un engagement mondial pour lutter contre le trafic de drogues
Le Maroc, par sa présence et son engagement à la 68ème Session de la Commission onusienne des Stupéfiants, a une fois de plus mis en avant la nécessité de renforcer la coopération internationale pour lutter contre le trafic de drogues. Son plaidoyer en faveur d’une approche multilatérale, combinée à sa stratégie nationale innovante, réaffirme sa volonté de participer activement à la construction de solutions globales face à cette menace croissante.