L’USFP demande une relecture de la « Qiwamah »

La Moudawana (Code de la famille marocain), réformée en 2004, a été un grand pas vers l’amélioration des droits des femmes au Maroc, mais certaines de ses notions restent controversées. L’une d’elles est la notion de « Qiwamah », qui fait référence au rôle traditionnel du mari en tant que « responsable » et « chef » de famille. Cette notion continue de susciter des débats, notamment au sein des mouvements féministes et des partis politiques, comme l’USFP (Union Socialiste des Forces Populaires), qui appellent à une révision de cette notion dans le cadre de la réforme de la Moudawana.

Qu’est-ce que la « Qiwamah » ?

La Qiwamah est un concept islamique qui désigne la responsabilité du mari dans le cadre du mariage, notamment en ce qui concerne la gestion des affaires familiales et la protection des membres du foyer. Selon l’interprétation traditionnelle, l’homme est considéré comme le « gardien » de la famille, tandis que la femme joue un rôle de soutien. Dans la Moudawana de 2004, cette notion est mentionnée indirectement, bien qu’elle ait été modifiée pour garantir plus d’égalité entre les sexes dans le mariage, le divorce et la garde des enfants.

L’appel de l’USFP pour une relecture de la « Qiwamah »

L’USFP, l’un des partis politiques les plus influents au Maroc, a réitéré son appel à une relecture de la notion de « Qiwamah » dans le contexte de la Moudawana. Ce plaidoyer repose sur plusieurs arguments :

  1. Inégalité de genre : Selon l’USFP, la notion traditionnelle de Qiwamah crée une hiérarchie entre les hommes et les femmes dans le mariage, en établissant un rôle dominant pour l’homme. L’USFP estime que cette hiérarchie va à l’encontre des principes d’égalité et de justice inscrits dans la Constitution marocaine, qui prône l’égalité des sexes.
  2. Evolutions sociales et familiales : Le rôle des femmes a évolué de manière significative ces dernières décennies. De plus en plus de femmes travaillent et participent activement à la vie économique, sociale et politique du pays. Par conséquent, l’USFP estime que la notion de Qiwamah doit être redéfinie pour mieux refléter ces évolutions et la réalité de la société moderne.
  3. Protéger les droits des femmes : L’USFP plaide pour une relecture de la Qiwamah afin de garantir une meilleure protection des droits des femmes, particulièrement dans le cadre du mariage et du divorce. Cette relecture pourrait permettre de clarifier et de renforcer les droits des femmes en matière d’autonomie, de décision et de protection contre les abus.
  4. Réformer sans compromettre les valeurs religieuses : L’USFP reconnaît l’importance des valeurs religieuses dans le cadre législatif marocain, mais propose une interprétation plus égalitaire de ces valeurs. L’idée est de réformer la Moudawana de manière à promouvoir une vision plus juste et équitable du mariage, tout en restant fidèle aux principes de l’Islam.

Enjeux et débats autour de la « Qiwamah »

La question de la Qiwamah soulève des débats parmi les différentes composantes de la société marocaine, notamment les mouvements féministes, les partis politiques, et les savants religieux.

  1. Féministes et réformistes : Les militantes féministes et certains courants réformistes considèrent que la notion de Qiwamah doit être complètement supprimée ou modifiée pour garantir une égalité totale entre les hommes et les femmes. Elles soutiennent que la notion actuelle donne trop de pouvoir au mari et limite les droits des femmes dans le cadre familial.
  2. Conservateurs et religieux : Certains courants plus conservateurs et certains savants religieux estiment que la Qiwamah est ancrée dans les textes religieux et ne doit pas être modifiée. Selon eux, cette notion a un rôle de protection et d’organisation familiale. Pour ces groupes, la révision de la Qiwamah pourrait déstabiliser les fondements de l’organisation sociale et familiale traditionnelle.

Le dossier de la Moudawana et, en particulier, la notion de « Qiwamah », reste donc un terrain de discussion vivace au Maroc. Le parti de l’USFP souhaite une réforme plus profonde de cette notion afin de promouvoir l’égalité des sexes et moderniser le cadre juridique et familial marocain. Cependant, cette question touche à des questions culturelles et religieuses complexes, ce qui rend la révision de la Moudawana délicate et nécessite un consensus plus large entre les différentes forces sociales et politiques du pays.

Ainsi, l’appel à une relecture de la Qiwamah marque une étape importante dans les discussions sur l’égalité des genres au Maroc et pourrait entraîner une évolution significative dans la conception du mariage et de la famille dans le pays.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut