🧬 Une découverte génétique en Égypte antique révèle des racines marocaines

Dans une tombe creusée dans la roche, près du site de Béni Hasan, en Moyenne-Égypte, les chercheurs ont fait une découverte qui pourrait bouleverser notre compréhension des origines de la civilisation égyptienne. Ce n’est pas un roi, ni un prêtre, mais un simple artisan — un potier — qui repose dans cette sépulture vieille de plus de 4 500 ans. Pourtant, c’est grâce à lui que l’histoire de l’Afrique du Nord vient de s’enrichir d’un chapitre inattendu.


🏺 Un potier au statut social mystérieux

L’homme, âgé entre 44 et 64 ans à sa mort (entre 2855 et 2570 av. J.-C.), a été enterré dans une jarre en céramique, une pratique funéraire rare, habituellement réservée aux élites. Une anomalie qui a éveillé la curiosité des archéologues.

“Sa sépulture de haut rang est inhabituelle pour un potier. Peut-être était-il exceptionnellement doué, ou a-t-il accédé à une position sociale élevée grâce à son art,” explique Joel Irish, bioarchéologue à la Liverpool John Moores University.


🧪 Une prouesse scientifique : de l’ADN extrait de ses dents

L’unicité de cette découverte ne réside pas seulement dans le statut de cet homme, mais dans la conservation exceptionnelle de son ADN. Le climat égyptien, chaud et sec, combiné aux procédés de momification, rend normalement l’extraction de matériel génétique très difficile.

Mais ici, la jarre funéraire, hermétiquement scellée dans une chambre rocheuse, a protégé les restes de la décomposition. Les chercheurs ont réussi à extraire un génome complet à partir de ses racines dentaires — une première pour l’Ancien Empire.

“C’est un bond en avant majeur pour les archives de l’ADN ancien en Égypte,” déclare Pontus Skoglund, généticien et coauteur de l’étude.


🌍 Une origine génétique inattendue : le Maroc

Les résultats de l’analyse sont stupéfiants : près de 80 % de l’ADN de cet individu correspond à des populations néolithiques du Maroc, vieilles de plus de 6 000 ans. Seulement 22 % proviennent de Mésopotamie, sans trace d’ascendance directe du Levant — pourtant considéré comme une source majeure de peuplement égyptien jusqu’alors.

“Tous les modèles convergent : la source principale de son ADN se trouve au Maroc néolithique,” précisent les chercheurs.

Cette révélation suggère que l’Afrique du Nord occidentale, loin d’être une périphérie, jouait un rôle central dans les migrations humaines préhistoriques qui ont contribué à l’émergence de la civilisation égyptienne.


🧭 Une Afrique du Nord connectée dès l’aube de l’histoire

Ce que l’ADN de l’homme de Nuwayrat raconte, c’est l’histoire d’un vaste réseau humain s’étendant de l’Atlantique à la mer Rouge, bien avant les pyramides. Les migrations maritimes, peut-être via la Méditerranée, ont relié ces régions, sans nécessairement passer par le Levant.

“L’idée que l’écriture, l’agriculture ou les routes commerciales soient nées d’un lent brassage culturel entre le Maghreb et l’Égypte trouve ici un fondement biologique,” note un généticien partenaire de l’étude.


👤 L’homme de Nuwayrat : un visage du passé

Selon les analyses, l’homme avait probablement la peau foncée, les cheveux bruns, les yeux sombres, et se nourrissait de blé, d’orge et de protéines animales. Les isotopes de ses dents indiquent qu’il a grandi dans la vallée du Nil, mais ses gènes racontent une histoire plus vaste — celle d’une migration depuis le Maroc vers l’est.


🧬 Une révolution pour l’archéogénétique en Égypte

Jusqu’ici, les tentatives de séquençage génétique de momies égyptiennes s’étaient souvent soldées par des échecs, en raison de contaminations ou de dégradations. En 2017, des analyses sur des momies d’Abusir el-Meleq avaient révélé une ascendance proche-orientale, mais sans génome complet.

Cette fois, l’exploit technique et la qualité de préservation permettent un résultat inédit, ouvrant la voie à de nouvelles études sur l’origine génétique des anciens Égyptiens.

“Un seul génome ne suffit pas pour tirer des conclusions générales,” tempère Iosif Lazaridis, de la Harvard Medical School. “Mais c’est un début prometteur.”


🇲🇦 Le Maroc, berceau oublié des bâtisseurs de pyramides ?

L’étude repositionne le Maroc dans l’histoire antique. Ses populations néolithiques, avec leur savoir-faire agricole et artisanal, pourraient avoir joué un rôle fondamental dans la naissance de la civilisation pharaonique.

“Les anciens habitants du Maroc sont les ancêtres directs des bâtisseurs de pyramides,” résume l’équipe scientifique.

Cette nouvelle perspective souligne la richesse historique du Maghreb, souvent négligée dans les grands récits de l’Antiquité.


🌍 Un miroir pour les Marocains d’aujourd’hui

Les Marocains modernes portent une mosaïque d’héritages génétiques : berbère, arabe, est-africain, et même européen. Cette diversité reflète l’histoire d’un carrefour de civilisations. L’homme de Nuwayrat en est un symbole puissant.


🔭 Un nouveau chapitre de l’histoire humaine

Cette étude marque une avancée majeure dans la recherche sur l’origine des civilisations africaines et méditerranéennes. Elle appelle à une exploration plus large des restes humains à travers l’Égypte et l’Afrique du Nord.

Parce qu’au-delà du Nil et de l’Atlantique, il y avait des routes invisibles, tissées par des migrations, des échanges et des cultures, qui ont contribué à forger le monde tel que nous le connaissons.


👉 En résumé :

  • Un artisan égyptien de l’Ancien Empire révèle une origine génétique marocaine.
  • Une découverte unique grâce à un ADN intact extrait d’une jarre funéraire.
  • Une réécriture possible de l’histoire du peuplement de l’Égypte.
  • Le Maroc ancien apparaît comme un acteur majeur de la civilisation pharaonique.

🖋️ Par Brahim Tamimi
Blog d’actualités marocaines – juillet 2025

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