
Lâart de la Dakka, ou Dakka Roudania, constitue lâune des expressions culturelles les plus emblĂ©matiques de Taroudant. Ce style musical rythmique ancestral accompagne Ă©vĂ©nements religieux et cĂ©lĂ©brations populaires, tout en reflĂ©tant lâauthenticitĂ© et la richesse du patrimoine local.
đż Un hĂ©ritage historique et culturel
La Dakka remonte au 16e siÚcle dans une ville réputée pour ses valeurs de coexistence, de partage et de respect des traditions. Initialement liée aux artisans locaux, cette musique a été progressivement transmise de génération en génération, devenant un rituel festif symbolisant la solidarité et la joie collective.
Au fil des siĂšcles, son Ă©volution a Ă©tĂ© influencĂ©e par lâessor de lâagriculture et de lâartisanat, mais aussi par des pĂ©riodes de stagnation liĂ©es aux guerres, sĂ©cheresses et crises Ă©conomiques. Beaucoup dâhabitants ont migrĂ© vers Marrakech, oĂč la tradition de la Dakka a perdurĂ© et sâest enrichie, notamment lors des cĂ©lĂ©brations de lâAchoura, intĂ©grant la Dakka au folklore marocain.
đ„ Une musique collective et rituelle
La Dakka repose sur des percussions traditionnelles :
- Tarz : grand tambour qui rythme la musique,
- Kur : petit tambour qui crée des rythmes harmonieux,
- Bendir et TaĂąrija : instruments apportant force et harmonie Ă la performance.
Accompagnée de chants collectifs et de poésie populaire, elle mobilise des dizaines de musiciens et chanteurs, rendant chaque prestation un moment de partage et de ferveur spirituelle.
La Dakka nâest pas seulement un art musical : elle vĂ©hicule un message symbolique, conciliant vie quotidienne et expĂ©rience spirituelle, tout en transmettant des valeurs de solidaritĂ©.
đ La Dakka et la âfrajaâ : rituels festifs
Lâart de la Dakka sâexprime pleinement du premier au neuviĂšme jour du mois de Muharram, lorsque les musiciens parcourent les quartiers en faisant rĂ©sonner leurs tambours et chants.
La âfrajaâ, extension de la Dakka, se distingue par une sonoritĂ© plus forte, des dĂ©corations spĂ©cifiques et du mobilier festif, accompagnĂ©e de chants et de danses lors de lâAchoura et de lâAĂŻd el-Adha. Elle incarne lâesprit communautaire et festif de Taroudant.
đïž PrĂ©server un patrimoine vivant
Selon Abdellatif Makis, prĂ©sident de lâAssociation Aswar pour la Dakka Roudania et les arts populaires, fondĂ©e en 2013 :
« La Dakka est Ă©troitement liĂ©e Ă lâhistoire de Taroudant. Notre association organise des Ă©vĂ©nements et des rĂ©unions hebdomadaires pour prĂ©server cet art et le transmettre aux jeunes gĂ©nĂ©rations. »
Les rassemblements, appelĂ©s âjamaâiyatâ, ont lieu tous les vendredis et permettent aux passionnĂ©s de pratiquer, Ă©changer et renforcer la dynamique locale.
đ¶ Trois parties rythmiques principales
La Dakka se structure en trois sections principales :
- Gnawi Afsou : utilisation du taâarij et du bendir,
- Ayt : séries de versets adressés à la ville, à ses maßtres et saints,
- Krija : style Malhoun reposant exclusivement sur le taâarij.
Ces diffĂ©rentes parties traduisent un mĂ©lange dâexpression musicale, spirituelle et poĂ©tique, contribuant Ă son rĂŽle central dans la culture roudanie.
đ Une reconnaissance locale et internationale
Pour Abderrahim Kashoul, observateur du chant patrimonial :
« La Dakka est la colonne vertĂ©brale du patrimoine de Taroudant. Elle est prĂ©sente en toutes occasions et jouit dâune reconnaissance locale, nationale et internationale. »
Au-delĂ de sa dimension artistique, la Dakka porte un message social et spirituel, renforçant les valeurs de solidaritĂ© et dâidentitĂ© culturelle, tout en garantissant la transmission aux jeunes gĂ©nĂ©rations.
đĄ Le mot de la fin
Lâart de la Dakka Roudania demeure un tĂ©moignage vivant du patrimoine de Taroudant, mĂȘlant musique, spiritualitĂ© et traditions populaires.
Par ses rythmes, ses instruments et ses chants, il continue dâanimer les fĂȘtes et cĂ©lĂ©brations, offrant un lien intergĂ©nĂ©rationnel et une fenĂȘtre sur lâhistoire culturelle de la ville.




