Salé, 15 juillet 2025 – Les contours du financement du développement en Afrique sont en pleine mutation. Lors du panel “Beyond Aid : New Frontiers in Development Finance”, tenu dans le cadre du 3ème Symposium économique africain (AES) à Salé, les experts ont mis en lumière l’émergence de mécanismes financiers innovants, appelés à compléter – voire dépasser – l’aide publique traditionnelle.
💡 De nouvelles solutions pour un développement durable
Pour Sabrine Emran, économiste principale au Policy Center for the New South (PCNS), ces nouveaux outils financiers ne sont pas nécessairement récents, mais leur application renouvelée et contextualisée en fait de véritables leviers de transformation.
“Ces mécanismes incluent le financement basé sur les résultats, les fonds issus des migrations et diasporas, le financement mixte, les swaps pour le développement, les marchés du carbone ou encore la finance climat”, a-t-elle expliqué.
Elle reconnaît néanmoins que le terme “financement innovant” suscite parfois le débat, car certains de ces instruments existent depuis des décennies. Ce qui change aujourd’hui, c’est leur mobilisation stratégique dans un monde aux défis multiples : climat, inclusion, résilience.
🌍 Vers une intégration régionale plus forte
Erik Berglof, économiste en chef à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB), a quant à lui insisté sur l’importance de l’intégration régionale pour repenser les modèles de développement.
“Il s’agit désormais de promouvoir une croissance axée sur les services, intégrant les défis climatiques et la biodiversité, tout en renforçant la productivité et l’inclusion.”
Cette vision s’inscrit dans une volonté plus large d’ancrer les politiques de développement dans les réalités régionales, loin d’une approche unique et centralisée.
🇪🇺 L’Europe face à ses propres défis
San Bilal, directeur exécutif du Centre européen de gestion de politiques de développement (ECDPM), a abordé la position délicate de l’Europe dans la coopération internationale.
“L’Union européenne doit renforcer son influence tout en adaptant ses priorités aux enjeux économiques et géostratégiques contemporains”, a-t-il précisé.
L’Europe, selon lui, ne peut plus se contenter d’un rôle de bailleur. Elle doit assumer une posture plus équilibrée et stratégique, en phase avec l’émergence du ‘Nouveau Sud’ et les mutations géopolitiques actuelles.
🇧🇷 Exemple du Brésil : corridors commerciaux et financement régional
L’intervention de Luciana Servo, présidente de l’Institut de recherche économique appliquée (IPAE) du Brésil, a illustré concrètement les bénéfices d’une stratégie d’intégration régionale bien pensée. Elle a présenté cinq corridors commerciaux connectant l’Amazonie aux marchés asiatiques via la Chine.
“L’agriculture amazonienne a besoin d’infrastructures efficaces pour ses échanges avec la Colombie, le Brésil et d’autres États voisins”, a-t-elle souligné.
Pour cela, plus de 15.000 financements et 1.900 projets ont été engagés, avec l’appui d’institutions comme la Banque interaméricaine de développement (IDB) ou la Banque caribéenne de développement (CDB).
🎯 Un rendez-vous pour penser l’Afrique de demain
Organisé les 14 et 15 juillet 2025 à Salé sous le thème “Des choix audacieux face aux mutations mondiales”, ce 3ème Africa Economic Symposium (AES) a réuni décideurs, experts et économistes pour repenser les fondements du financement du développement.
L’objectif ? Identifier les leviers de transformation pour bâtir une Afrique plus résiliente, autonome et innovante, en s’émancipant des modèles d’aide classiques pour embrasser une nouvelle ère de partenariat et de co-construction.
👉 À suivre : Le Symposium continue avec des panels sur la transformation numérique, la souveraineté alimentaire et les partenariats Sud-Sud.
🖋️ Par Brahim Tamimi
Blog d’actualités marocaines – juillet 2025
