📌 La Protection sociale universelle : OĂč en est le Maroc ?

Le chantier de la protection sociale universelle (PSU) au Maroc, amorcĂ© sous l’impulsion royale en 2020, a connu ces derniĂšres annĂ©es des avancĂ©es significatives 👏. Toutefois, le chemin reste long vers un systĂšme pleinement inclusif et durable.

🚀 RĂ©formes majeures lancĂ©es

⚕ Couverture SantĂ© : l’AMO gĂ©nĂ©ralisĂ©e

Depuis 2022, l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) a Ă©tĂ© progressivement Ă©tendue aux travailleurs non-salariĂ©s : agriculteurs, commerçants, artisans, transporteurs, mĂ©tiers libĂ©raux
 Ce dispositif s’accompagne d’un systĂšme de cotisation adaptĂ© et d’une plateforme numĂ©rique centralisĂ©e pour faciliter l’affiliation.

Au total, plus de 11 millions de bĂ©nĂ©ficiaires (salariĂ©s et ayants droit) – soit environ 30 % de la population – sont dĂ©sormais couverts par l’AMO / Tadamoun.

đŸ’” Aide sociale directe

LancĂ© en dĂ©cembre 2023, le programme d’Aide Sociale Directe vise prĂšs de 4 millions de mĂ©nages, soit plus de 12 millions de personnes, dont environ 5 Ă  6 millions d’enfants, ainsi que les personnes ĂągĂ©es vulnĂ©rables. Ce volet reprĂ©sente un budget qui devrait atteindre 2 Ă  3 % du PIB d’ici 2026.

L’UNICEF souligne que prĂšs de 80 % des enfants marocains bĂ©nĂ©ficient dĂ©sormais d’une couverture sociale, marquant un tournant historique pour la protection des mineurs.


✅ Les accomplissements significatifs

  • Couverture Ă©largie : millions de personnes dĂ©sormais couvertes par l’AMO et l’aide directe.
  • Digitalisation et ciblage : mise en place du registre national des personnes (RNP) et d’un registre social unifiĂ© pour mieux identifier les bĂ©nĂ©ficiaires : plus de 14 millions de personnes inscrites au RNP et 10,5 millions de personnes inscrites aux aides sociales directes.
  • Soutien international : financement assurĂ© notamment par la Banque mondiale, la BAD et l’Agence française de dĂ©veloppement, pour un montant total estimĂ© Ă  plusieurs milliards d’euros.

⚠ Les dĂ©fis persistants

🔍 Une couverture encore incomplùte

Le Conseil Ă©conomique, social et environnemental (CESE) souligne que 60 % de la population active n’est pas couverte par un rĂ©gime de pension et 46 % n’a pas de couverture mĂ©dicale.

đŸšïž Secteur informel majoritaire

Avec un taux d’informalitĂ© estimĂ© Ă  77 % de l’emploi, la mobilisation des cotisations demeure un enjeu majeur pour le financement de l’assurance maladie et des retraites.

🔄 Gouvernance fragmentĂ©e

Le systĂšme souffre d’une gouvernance Ă©clatĂ©e, avec plusieurs rĂ©gimes pour diffĂ©rents segments de la population et peu de coordination. Le CESE et d’autres rapports appellent Ă  une unification sous un cadre institutionnel unique.

đŸ‘©â€âš•ïž Crise du personnel mĂ©dical

Le Maroc souffre d’une pĂ©nurie importante de mĂ©decins, avec seulement 7 Ă  8 mĂ©decins pour 10 000 habitants et un accent sur le dĂ©sĂ©quilibre territorial. Le dĂ©ficit pourrait atteindre 50 000 praticiens d’ici 2035 si les rĂ©formes en cours restent insuffisantes.

🧮 DĂ©faillance du systĂšme public de santĂ©

L’hĂŽpital public accuse des retards d’équipement, des dĂ©lais Ă  rallonge, et une dĂ©sertification au profit du privĂ© (90 % des patients assurĂ©s prĂ©fĂšrent se faire soigner dans le privĂ©).


🧭 Perspectives d’avenir

  • Renforcer l’inclusion des indĂ©pendants et travailleurs informels via des incitations et une simplification des procĂ©dures administratives.
  • AmĂ©liorer la gouvernance en unifiant les diffĂ©rents rĂ©gimes sous une autoritĂ© forte.
  • Stimuler la formation et la rĂ©partition du personnel soignant, notamment en zones rurales.
  • Assurer la viabilitĂ© financiĂšre du systĂšme via une rĂ©forme des subventions et une rationalisation budgĂ©taire.
  • Instaurer une Ă©galitĂ© de genre et territoriale rĂ©elle au sein des programmes sociaux.

🔎 En rĂ©sumĂ©

  • ProgrĂšs notables : extension de l’AMO, lancement d’une aide directe massive, couverture de la majoritĂ© des enfants.
  • DĂ©fis significatifs : informalitĂ©, mauvaise gouvernance, densitĂ© mĂ©dicale insuffisante et fragilitĂ© du systĂšme sanitaire public.
  • Ambition royale maintenue, mais la route vers une protection sociale universelle pleinement effective reste semĂ©e d’obstacles.

Le chantier de la PSU marque une Ă©tape dĂ©cisive de l’État social marocain : ses fondations sont posĂ©es, mais la consolidation exigera des rĂ©formes structurelles profondes, de la coordination et une stratĂ©gie inclusive pour garantir la dignitĂ© sociale de chaque citoyen.

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