
Salé, 15 juillet 2025 – Le Policy Center for the New South (PCNS) a présenté ce mardi à Salé la sixième édition de son “Rapport annuel sur l’économie de l’Afrique 2025”, lors de la deuxième journée du Symposium économique africain (Africa Economic Symposium – AES). Ce rapport d’envergure offre une lecture fine des évolutions économiques, institutionnelles et géopolitiques du continent, à un moment clé où l’Afrique est confrontée aux défis de la fragmentation mondiale tout en poursuivant son projet d’intégration panafricaine.
🌍 Entre fragmentation mondiale et intégration continentale
Le Senior Fellow au PCNS, Larabi Jaidi, a ouvert les échanges en mettant en lumière les dynamismes régionaux complexes au sein des communautés économiques, en particulier ceux de la CEDEAO. Il a souligné l’importance croissante de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), véritable moteur de l’ambition panafricaine, malgré les défis que posent la diversité des appartenances régionales et la complexité des dynamiques politiques.
Le rapport conserve sa structure en trois volets clés :
- Analyse macro- et mésoéconomique du continent,
- État des lieux des progrès des Communautés économiques régionales,
- Évaluation de la mise en œuvre des protocoles de la ZLECAF, notamment dans les domaines des services, de l’investissement et des marchés publics.
💱 Monnaie, paiements et inclusion financière : les défis de l’intégration
Le chef du service de la recherche financière à Bank Al-Maghrib, Mohammed Mikou, a pour sa part abordé les avancées et obstacles à l’intégration monétaire, en particulier à travers :
- Le projet de monnaie unique “Eco” au sein de la CEDEAO,
- Le système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), qui facilite les paiements transfrontaliers sans passer par des devises extérieures.
Il a également mis en exergue le potentiel des monnaies numériques de banque centrale (CBDC) pour améliorer l’inclusion financière et réduire les frais de transfert encore très élevés sur le continent. Toutefois, il a appelé à la prudence, rappelant les risques de désintermédiation bancaire si ces outils ne sont pas bien encadrés.
🏠Industrialisation en Afrique de l’Ouest : entre obstacles structurels et potentiel inexploité
Le professeur Éric Tévoedjré, de l’Université catholique de Lille, a livré une lecture critique des perspectives industrielles dans l’espace CEDEAO. Selon lui, le manque de coopération régionale et la faiblesse des infrastructures énergétiques freinent toute stratégie industrielle à l’échelle sous-régionale.
“L’instabilité énergétique et le manque de coordination interétatique empêchent la mise en œuvre de politiques industrielles robustes”, a-t-il déclaré.
Il a toutefois insisté sur les ressources naturelles abondantes de la région, qu’il considère comme un levier stratégique pour bâtir des chaînes de valeur locales, appelant à des stratégies collectives de transformation.
🔎 Un rapport stratégique dans un contexte en mutation
Ce rapport, qui s’inscrit dans la dynamique du thème de l’AES 2025, “Des choix audacieux face aux mutations mondiales”, vise à :
- Offrir une boussole analytique aux décideurs,
- Nourrir le débat sur les politiques économiques africaines de demain,
- Encourager une coopération régionale renforcée, fondée sur des intérêts partagés et des réponses coordonnées aux défis mondiaux.
🧩 Un rendez-vous pour penser l’Afrique autrement
Le Symposium économique africain, qui réunit chercheurs, économistes, institutions financières et représentants politiques, s’impose comme une plateforme stratégique de réflexion et de dialogue sur l’avenir du continent.
L’édition 2025 confirme l’ambition du Maroc, et notamment du Policy Center for the New South, de jouer un rôle actif dans l’élaboration d’un nouveau narratif africain plus intégré, plus autonome et résolument tourné vers l’innovation.
🖋️ Par Brahim Tamimi
Blog d’actualités marocaines – juillet 2025