👩‍⚖️ L’évolution du rôle des femmes dans la société marocaine : progrès ou stagnation ?

Au Maroc, la place des femmes dans la société est au cœur de nombreux débats, entre avancées indéniables, attentes sociales croissantes et résistances culturelles tenaces. À l’aube de 2026, la question se pose avec acuité : le rôle des femmes a-t-il réellement évolué dans le bon sens ? Ou assistons-nous à une forme de stagnation sous couvert de réformes symboliques ?

Tour d’horizon d’un enjeu majeur pour l’avenir du Royaume.


📚 Une décennie de réformes importantes

Depuis le début des années 2000, plusieurs réformes ont marqué un tournant dans la reconnaissance des droits des femmes au Maroc :

✅ Le Code de la famille (Moudawana), réformé en 2004

Cette réforme a introduit des avancées importantes, comme :

  • la reconnaissance du consentement de la femme au mariage,
  • la fixation de l’âge minimum du mariage à 18 ans,
  • des restrictions plus strictes autour de la polygamie,
  • un partage plus équitable des responsabilités parentales.

✅ La Constitution de 2011

Elle consacre l’égalité entre les sexes et affirme l’engagement de l’État à lutter contre toutes formes de discrimination, ce qui constitue une base juridique forte pour de nouvelles avancées.

✅ L’adoption de la loi 103.13 contre les violences faites aux femmes (2018)

Cette loi a permis de criminaliser certaines formes de violence conjugale, psychologique ou économique, tout en prévoyant des mesures de protection pour les victimes.


⚖️ Des avancées juridiques… à l’épreuve du terrain

Malgré ces progrès, de nombreux blocages persistent dans l’application concrète de ces lois :

  • Les mariages précoces, notamment dans les zones rurales, continuent d’augmenter malgré l’âge légal fixé à 18 ans.
  • La violence à l’égard des femmes reste un phénomène massif : selon le HCP, près de 54 % des femmes marocaines ont subi une forme de violence au moins une fois dans leur vie.
  • Les difficultés d’accès à la justice, le manque d’accompagnement social, et les pressions culturelles freinent l’application réelle des droits.

🎙️ De nombreuses associations dénoncent un « écart grandissant entre la loi et la réalité sociale ». Le droit progresse, mais la mentalité évolue plus lentement.


👩‍💼 Quelle place pour les femmes dans la vie économique et politique ?

Économie : entre inclusion et précarité

  • Le taux d’activité féminine reste très bas : moins de 20 %, un des plus faibles au Maghreb.
  • Les femmes sont surreprésentées dans le secteur informel, l’agriculture non déclarée et le travail domestique non rémunéré.
  • Les écarts de salaires et d’accès aux postes à responsabilité persistent, malgré quelques exemples notables de réussite féminine dans l’entrepreneuriat ou l’administration publique.

Politique : une présence symbolique encore limitée

  • La parité progresse lentement : les quotas ont permis une meilleure représentation féminine au Parlement (autour de 24 % en 2021), mais les femmes restent rares aux postes de décision (ministères clés, collectivités locales, etc.).
  • En milieu rural, la participation des femmes à la vie politique locale reste quasi inexistante, faute de formation, de moyens, ou d’acceptation sociale.

👩‍🎓 Une jeunesse féminine plus instruite, mais freinée

L’un des principaux moteurs du changement est sans doute l’éducation :

  • Les filles surpassent désormais les garçons dans de nombreux niveaux scolaires, notamment dans les villes.
  • Les universités marocaines accueillent plus de 50 % d’étudiantes, y compris dans des domaines longtemps masculins comme la médecine, les sciences ou le droit.

Mais cette dynamique éducative se heurte à un marché de l’emploi qui n’absorbe pas les compétences féminines, et à des normes sociales encore rigides, notamment en matière de mariage, de mobilité ou de rôle dans la famille.


📢 Une pression sociale et féministe qui monte

Depuis quelques années, la société civile et les mouvements féministes marocains gagnent en visibilité :

  • Les réseaux sociaux sont devenus des plateformes puissantes de dénonciation des violences, du harcèlement, et des discriminations.
  • Les campagnes pour la réforme de la Moudawana, pour l’égalité successorale, ou contre les violences conjugales rencontrent un écho grandissant dans l’opinion publique.
  • La récente volonté royale de réviser le Code de la famille (annoncée en 2022, et toujours en cours de consultation) relance l’espoir d’une modernisation du droit en faveur d’un meilleur équilibre homme/femme.

🟡 Progrès ou stagnation ?

Progrès réels :

  • Un cadre juridique amélioré
  • Une prise de conscience sociale plus forte
  • Une jeunesse féminine plus instruite et plus affirmée

Stagnation sur le terrain :

  • Une application partielle des lois
  • Des résistances socioculturelles encore fortes
  • Un marché du travail peu inclusif
  • Des femmes encore largement absentes des cercles de pouvoir

🧭 Vers quel avenir ?

L’évolution du rôle des femmes au Maroc reste un chantier inachevé. Le potentiel est là : une société en mutation, des femmes plus éduquées, un cadre légal en amélioration. Mais les inégalités structurelles, les normes conservatrices, et les retards dans la mise en œuvre des réformes freinent cette évolution.

Pour que les femmes jouent pleinement leur rôle dans le développement du pays, il faut aller au-delà des textes et investir dans :

  • l’éducation à l’égalité dès le plus jeune âge,
  • la réforme des mentalités dans les médias et les institutions,
  • la formation des acteurs judiciaires et sociaux,
  • et des politiques publiques inclusives et ciblées.

✍️ Conclusion

Le Maroc avance, mais à deux vitesses. Le combat pour l’égalité des sexes n’est pas terminé, et il ne peut pas être gagné sans un effort collectif : État, société, médias, école, entreprises, et individus doivent œuvrer ensemble pour faire des femmes marocaines des actrices à part entière du présent et de l’avenir du pays.

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