
Des ADN anciens extraits de deux momies naturelles datées d’environ 7 000 ans, découvertes à Takarkori, dans l’Acacus libyen, révèlent des informations cruciales sur les peuples qui peuplaient le Sahara vert avant son aridification.
🌿 Le Sahara, une époque humide et prospère
Entre environ 15 000 et 5 000 av. J.-C., lors du Grand Humide holocène, le Sahara était loin d’être un désert : une savane verdoyante couplée à des lacs, oueds et fleuves (comme l’Azawag) irriguaient même le cœur du désert actuel. De vastes massifs tels que l’Aïr, le Hoggar, ou l’Adrar des Iforas nourrissaient cet écosystème temporaire, prospère et peuplé.
Puis, une période intermédiaire aride et enfin le retour progressif du désert ont scellé sa transformation.
🧬 ADN de Takarkori : un lien génétique inattendu
L’étude pilotée par le Max Planck Institute et l’Université de Rome a révélé que ces deux individus féminins de Takarkori :
- Appartiennent à une lignée nord-africaine profondément enracinée.
- Sont génétiquement très proches des chasseurs-cueilleurs de Taforalt au Maroc (15 000 ans avant eux) anthropology.net+15Nature+15ResearchGate+15uniroma1.it+2ScienceDaily+2mpg.de+2archaeology.org+12ScienceAlert+12Wikipedia+12.
- Ne présentent aucune ascendance sud-saharienne, contredisant l’idée d’un corridor migratoire Est–Ouest .
- Portent une faible proportion d’ADN néandertalien — bien moins que les Européens, mais davantage que les populations sub-sahariennes actuelles .
- Témoignent d’un isolement prolongé, leur lignée ayant divergé des populations sud-sahariennes il y a environ 50 000 ans Technology Networks+15mpg.de+15ScienceDaily+15.
🛤 Révisions historiques : vers une histoire autochtone
Selon Johannes Krause (Max Planck), les analyses suggèrent que l’ADN néandertalien pourrait avoir été introduit via des contacts faibles venus d’Europe ou du Levant, et non d’un mélange prolongé avec l’extérieur ScienceDaily+3mpg.de+3Reuters+3.
Pour Nada Salem, ces résultats renversent l’idée selon laquelle l’Afrique du Nord aurait été un carrefour génétique : au contraire, la population était majoritairement autochtone et isolée The Sun+5Muséum d’histoire naturelle+5SciTechDaily+5.
📝 Ce que cela révèle sur le peuplement africain
- Le Sahara vert n’a pas servi de corridor migratoire Est‑Ouest entre l’Afrique noire et l’Afrique du Nord .
- La diffusion du pastoralisme s’est faite plutôt par échanges culturels que par migrations massives .
- Les populations nord-africaines actuelles héritent d’un fond génétique profond, en continuité avec ces anciens habitants du Sahara Nature+2anthropology.net+2PMC+2.
🔚 En conclusion
La découverte de Takarkori offre un témoignage d’une population profondément ancrée, isolée et résiliente, bien avant les migrations qui ont façonné l’histoire humaine en Afrique. Ces analyses ADN redéfinissent notre compréhension de l’histoire du Sahara, en montrant que l’identité nord-africaine trouve ses racines dans une longue continuité locale, non dans un amalgame migratoire.
Cette avancée démontre combien la région, et le Maroc en particulier avec Taforalt, joue un rôle central dans la compréhension du peuplement humain ancien, bien au-delà des hypothèses traditionnelles.
🖋️ Par Brahim Tamimi
Blog d’actualités marocaines – juillet 2025