
Ă Tanger, la Maison des Jeunes Hasnouna accueille depuis jeudi soir une exposition collective inĂ©dite : des tableaux rĂ©alisĂ©s par des personnes anciennement dĂ©pendantes aux drogues, aujourdâhui en cours de traitement et de rĂ©insertion. Cette initiative, Ă la croisĂ©e de lâart et de la santĂ© publique, est portĂ©e par lâAssociation Hasnouna de soutien aux usagers et usagĂšres de drogues.
đ§© Quand lâart devient thĂ©rapie
OrganisĂ©e dans le cadre de la campagne internationale âSupport. Donât Punishâ, cette exposition sâinscrit dans une dĂ©marche claire : promouvoir des politiques de santĂ© humaine et non rĂ©pressives vis-Ă -vis des consommateurs de drogues.
Les tableaux exposĂ©s sont le fruit de plusieurs mois de travail artistique par des bĂ©nĂ©ficiaires des services de lâassociation. AccompagnĂ©s Ă la fois mĂ©dicalement et psychologiquement, ces artistes en reconstruction ont pu exprimer leurs Ă©motions, leurs douleurs, mais aussi leurs espoirs, Ă travers la peinture.
đ âCette exposition est lâaboutissement dâun processus thĂ©rapeutique fondĂ© sur une approche humaniste et inclusiveâ, explique Faouzia Bouzzitoun, prĂ©sidente de lâassociation, dans une dĂ©claration Ă la MAP.
đŹ Une rĂ©ponse crĂ©ative Ă la stigmatisation
Longtemps marginalisĂ©es, les personnes dĂ©pendantes aux drogues souffrent encore aujourdâhui de stigmatisation sociale, rendant leur rĂ©insertion particuliĂšrement difficile. Par cette exposition, lâassociation Hasnouna cherche Ă changer le regard du public : mettre en avant les capacitĂ©s, le talent et la volontĂ© de ces individus en voie de reconstruction.
Les tableaux exposĂ©s tĂ©moignent dâun cheminement personnel souvent bouleversant, entre ombres du passĂ© et lueurs dâavenir. Certains Ćuvres Ă©voquent la douleur de lâaddiction, dâautres cĂ©lĂšbrent le retour Ă la vie, la nature ou la famille retrouvĂ©e.
đ Un hommage Ă Hassan Stitou
Cette premiĂšre Ă©dition rend hommage Ă Hassan Stitou, figure emblĂ©matique du militantisme pour une prise en charge digne des personnes dĂ©pendantes. Il fut lâun des premiers au Maroc Ă militer pour lâintroduction de la mĂ©thadone comme traitement de substitution, et Ă fonder un groupe dâentraide Ă Tanger.
Son engagement inspire aujourdâhui encore les actions de lâassociation et rĂ©sonne Ă travers cette exposition qui met lâaccent sur la rĂ©silience, la dignitĂ© et la transformation possible.
đ Une passerelle vers lâintĂ©gration
Au-delĂ du geste artistique, cette initiative agit comme un vĂ©ritable levier dâintĂ©gration sociale. Elle montre que lâart peut ĂȘtre un outil de rĂ©insertion, de dialogue et de sensibilisation. Lâexposition donne aussi un espace de parole aux bĂ©nĂ©ficiaires, souvent invisibilisĂ©s.
đ âLâĂ©criture, le théùtre, la peinture⊠Ce sont des moyens puissants de libĂ©ration intĂ©rieureâ, souligne Faouzia Bouzzitoun.
đ Ă ne pas manquer
Lâexposition reste ouverte au public Ă la Maison des Jeunes Hasnouna pendant plusieurs jours. Elle sâadresse Ă tous ceux qui croient en la seconde chance, au pouvoir de la crĂ©ation et Ă la nĂ©cessitĂ© dâadopter un regard bienveillant et Ă©clairĂ© sur les questions de dĂ©pendance.
Ă travers cette initiative, Tanger montre que lâart peut ĂȘtre un chemin vers la guĂ©rison, mais aussi un acte militant en faveur dâune sociĂ©tĂ© plus inclusive et solidaire.



