
Rabat, juillet 2025 â Un vent de changement souffle sur les salles obscures du Royaume. Longtemps relĂ©guĂ© derriĂšre les mastodontes hollywoodiens, le cinĂ©ma marocain a signĂ© un retour tonitruant en 2024, sĂ©duisant un public de plus en plus nombreux et fidĂšle. Câest ce que rĂ©vĂšle le dernier rapport annuel du Centre CinĂ©matographique Marocain (CCM), qui marque un tournant historique dans lâĂ©volution du 7á” art national.
đČđŠ Une prĂ©fĂ©rence assumĂ©e pour les histoires locales
Lâenseignement majeur du bilan 2024 est sans Ă©quivoque : les films marocains dominent dĂ©sormais le box-office national. En tĂȘte, Ana Machi Ana de Hicham El Jebbari sâimpose comme un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne populaire, avec plus de 200.000 billets vendus et plus de 13 millions de dirhams de recettes. Et ce succĂšs nâest pas isolĂ© : six autres productions marocaines figurent dans le top 10, relĂ©guant le premier film amĂ©ricain, Vice Versa, Ă la huitiĂšme place.
Cette montĂ©e en puissance ne tient pas du hasard. Le cinĂ©ma marocain semble avoir retrouvĂ© une proximitĂ© Ă©motionnelle et culturelle avec son public : rĂ©cits ancrĂ©s dans la vie quotidienne, dialogues en dialecte, humour local, questionnements partagĂ©s… Autant dâĂ©lĂ©ments qui rĂ©sonnent avec lâexpĂ©rience des spectateurs.
đ La comĂ©die en tĂȘte⊠mais pas que
Sans surprise, la comĂ©die domine largement le paysage cinĂ©matographique de lâannĂ©e. Ce genre, accessible et fĂ©dĂ©rateur, a portĂ© les plus grands succĂšs. Mais la diversitĂ© des formats et des tons commence Ă se faire sentir, Ă lâimage de Triple A (Ala Al Hamich) de Jihane El Bahhar, une comĂ©die noire audacieuse, qui sort du cadre conventionnel. Produit avec le soutien du CCM, ce film tranche avec la majoritĂ© des blockbusters marocains de 2024, souvent issus de lâautoproduction indĂ©pendante.
Un paradoxe rĂ©vĂ©lateur : le soutien Ă©tatique est important, mais câest lâĂ©lan du terrain qui fait la diffĂ©rence. Des producteurs et rĂ©alisateurs indĂ©pendants osent, innovent, et parviennent Ă sĂ©duire un public en quĂȘte de rĂ©cits vrais et originaux.
đŹ Une annĂ©e riche en productions et en renouveau
Avec 27 longs mĂ©trages produits en 2024, dont 11 fictions, le volume de production est en nette hausse. Les investissements globaux dans le secteur atteignent 756 millions de dirhams, avec 74 millions injectĂ©s par le Fonds de soutien Ă la production cinĂ©matographique. Ce dynamisme se lit aussi dans les profils des crĂ©ateurs : prĂšs dâun tiers des films tournĂ©s sont rĂ©alisĂ©s par des dĂ©butants, preuve dâun renouveau gĂ©nĂ©rationnel et dâune plus grande ouverture du secteur aux voix Ă©mergentes.
đïž Des chiffres parlants, un lien renforcĂ©
En chiffres, 2,18 millions de billets ont Ă©tĂ© vendus dans les salles marocaines en 2024, gĂ©nĂ©rant 127,65 millions de dirhams de recettes. Les productions locales Ă elles seules ont attirĂ© plus dâun million de spectateurs, pour 58 millions de dirhams de recettes. Des rĂ©sultats qui tĂ©moignent dâun phĂ©nomĂšne durable : le public marocain renoue avec son propre cinĂ©ma.
đ Vers un nouvel Ăąge dâor ?
2024 pourrait bien marquer le dĂ©but dâun nouvel Ăąge dâor pour le cinĂ©ma marocain. Si les dĂ©fis restent nombreux (infrastructures, distribution, financement), la dynamique est lĂ , portĂ©e par une crĂ©ation vivante, des talents renouvelĂ©s, et un public prĂȘt Ă soutenir des Ćuvres qui lui ressemblent.
Plus quâun simple sursaut, câest une relation de confiance qui se reconstruit entre le cinĂ©ma marocain et ses spectateurs. Et câest peut-ĂȘtre lĂ le plus beau des scĂ©narios.
Par : Brahim Tamimi
Blog dâactualitĂ©s marocaines â Juillet 2025