🇲🇦 Analyse de la future Loi de Finances 2026 : Entre ambitions sociales et contraintes budgétaires

Alors que l’année 2025 touche à sa fin, l’attention se tourne désormais vers la future Loi de Finances 2026 (PLF 2026), un texte capital pour l’avenir économique et social du Royaume. À travers sa note de cadrage récemment publiée, le gouvernement marocain trace les grandes lignes de ce que devra être le budget 2026 : un outil de relance durable, de justice territoriale et de consolidation de l’État social.

Mais dans un contexte marqué par la volatilité internationale, la situation climatique préoccupante, et des ressources publiques limitées, peut-on réellement concilier ambition et prudence ? Décryptage.


⚖️ Trois grandes priorités du PLF 2026

1. Renforcement de l’État social

Le gouvernement souhaite poursuivre et approfondir les grandes réformes sociales en cours : généralisation de l’assurance maladie, soutien aux ménages vulnérables via l’aide directe, accès au logement décent, et amélioration des services publics de base (santé, éducation, transport).

2. Accélération de la transformation économique

L’accent sera mis sur les investissements structurants : infrastructures de transport, transition énergétique (hydrogène vert), développement de l’industrie, du digital et de l’agriculture résiliente. Le but est de stimuler la croissance et de créer des emplois, tout en réduisant la dépendance aux secteurs traditionnels.

3. Cohésion territoriale et justice spatiale

Le PLF 2026 prévoit d’augmenter les investissements dans les régions éloignées et défavorisées, afin de réduire les écarts entre les zones urbaines et rurales. Cette orientation répond à une demande sociale forte et vise à renforcer la stabilité et l’équité nationale.


📊 Les prévisions macroéconomiques

Selon les estimations de la note de cadrage :

  • Croissance du PIB visée : 4,5 %
  • Déficit budgétaire : en réduction vers 3 % du PIB
  • Dette publique : stabilisation autour de 65,8 %
  • Inflation : maîtrisée entre 1,5 et 2 %

Ces prévisions reposent toutefois sur plusieurs hypothèses favorables : bonne campagne agricole, stabilité géopolitique, prix de l’énergie modérés, et poursuite de la dynamique d’investissement.


🧮 Les leviers de financement

Pour financer ses ambitions, le PLF 2026 devrait s’appuyer sur :

  • Une réforme fiscale progressive, avec élargissement de l’assiette, lutte contre l’évasion et dématérialisation (facturation électronique).
  • Un effort d’optimisation de la dépense publique, avec plus de rigueur dans l’évaluation des projets et leur efficacité.
  • Le recours à des partenariats public-privé (PPP) pour les grands chantiers structurants.
  • Une mobilisation accrue des financements internationaux, notamment pour les projets verts et sociaux.

⚠️ Les défis à surveiller

Malgré sa vision ambitieuse, le PLF 2026 devra composer avec plusieurs risques majeurs :

  • La sécheresse persistante, qui continue d’impacter l’agriculture, la croissance et la stabilité sociale.
  • La pression sur les finances publiques, entre les dépenses sociales croissantes et le besoin d’investissement massif.
  • La soutenabilité de la dette, si les recettes fiscales stagnent ou si les emprunts deviennent plus coûteux.
  • La mise en œuvre effective des programmes annoncés, qui dépend de la capacité administrative et de la gouvernance à tous les niveaux (central et local).

✅ Ce qu’il faudra observer à la publication du texte final

Quand le projet de loi sera officiellement déposé, plusieurs éléments mériteront une attention particulière :

  • L’évolution du barème de l’impôt sur le revenu (IR)
  • Les montants alloués aux programmes sociaux et au Fonds d’appui direct
  • Le budget d’investissement régionalisé
  • Les aides prévues pour les PME, les jeunes, les femmes, et les zones enclavées
  • Les mesures concrètes de digitalisation et transparence fiscale

🎯 Un budget de transition ou de transformation ?

Le PLF 2026 s’inscrit dans un moment crucial pour le Maroc : il doit à la fois consolider les acquis des réformes sociales engagées, maintenir une trajectoire budgétaire saine, et répondre aux urgences du développement durable.

S’il parvient à équilibrer ces exigences avec rigueur et innovation, il pourrait marquer un véritable tournant vers un modèle économique et social plus inclusif, résilient et équitable.

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