Marseille : pas de métro après 21h30 pendant deux ans

Marseille, deuxième ville de France, va devoir se passer de son métro en soirée pendant deux ans. Une décision qui suscite la colère et l’inquiétude des usagers, des salariés et des commerçants, qui craignent pour leur sécurité, leur mobilité et leur activité économique.

Marseille, deuxième ville de France, va devoir se passer de son métro en soirée pendant deux ans. Une décision qui suscite la colère et l’inquiétude des usagers, des salariés et des commerçants, qui craignent pour leur sécurité, leur mobilité et leur activité économique.

La raison de cette fermeture anticipée est la mise en place de nouvelles rames automatisées, qui nécessitent des essais nocturnes sur les deux lignes du réseau. Ces tests doivent vérifier si la tension électrique du réseau peut supporter le nombre de trains des nouvelles rames, qui passeront de 4 à 6 voitures. Ce projet, baptisé Neomma (pour Nouveau métro de Marseille), vise à augmenter la capacité et la fréquence du métro, ainsi qu’à réduire les coûts de maintenance et d’exploitation.

Mais pour les Marseillais, c’est une pilule amère à avaler. Dès le 23 octobre, sauf matchs de foot et événements spéciaux, le dernier départ du métro se fera à 21h30 du lundi au jeudi, au lieu de minuit habituellement. Des bus de substitution seront mis en place, avec un départ toutes les dix minutes et des arrêts au niveau de chaque station. Mais ces bus ne rassurent pas les usagers, qui redoutent des trajets plus longs, plus inconfortables et plus dangereux.

“On va morfler”, résume un habitant du quartier de la Belle-de-Mai, qui travaille dans le centre-ville. “Je finis souvent à 22h ou 23h, et je n’ai pas envie de prendre le bus la nuit. C’est plus lent, plus bondé et plus exposé aux agressions. Je vais devoir prendre un taxi ou un VTC, mais ça va me coûter cher.”

“Ça va être la galère”, renchérit une étudiante en droit, qui habite à la Timone et qui sort souvent avec ses amis dans le Vieux-Port. “Le métro, c’est pratique et rapide. Le bus, c’est le contraire. Et puis, il y a moins de contrôles, moins de sécurité. On ne se sent pas en confiance.”

“Ça va nous tuer”, s’alarme un restaurateur du cours Julien, qui craint une baisse de sa clientèle. “Le métro, c’est ce qui fait vivre le quartier. C’est ce qui permet aux gens de venir dîner ou boire un verre sans se soucier du stationnement ou de l’alcoolémie. Si le métro ferme plus tôt, les gens vont moins sortir, moins consommer. C’est un coup dur pour nous.”

Face à ces critiques, la Métropole Aix-Marseille-Provence, qui gère le métro, se défend en invoquant l’intérêt général et le respect du calendrier. “Ces essais sont indispensables pour garantir la sécurité et la qualité du service”, affirme son président Martine Vassal. “Nous avons fait le choix de les réaliser en soirée plutôt qu’en journée pour limiter l’impact sur les usagers. Nous avons également prévu des exceptions pour les soirs de matchs ou d’événements culturels.”

Mais cette argumentation ne convainc pas la mairie de Marseille, qui dénonce une décision “anachronique” et “inadaptée”. “C’est une aberration de fermer le métro à 21h30 dans une ville comme Marseille”, s’insurge son adjointe aux mobilités Michèle Rubirola. “C’est contraire à la dynamique que nous voulons impulser pour faire revivre le centre-ville et soutenir les acteurs économiques. C’est aussi une atteinte à l’égalité territoriale et sociale, car ce sont les quartiers populaires qui seront les plus pénalisés.”

La mairie demande donc à la Métropole de revoir sa copie et de trouver des solutions alternatives pour réaliser les essais sans fermer le métro si tôt. Elle propose notamment de les effectuer par tronçons ou par lignes alternées, ou encore de les décaler à partir de minuit ou une heure du matin.

Mais la Métropole semble inflexible et maintient son calendrier. Elle assure que les bus de substitution seront suffisants et sécurisés, et que les usagers s’adapteront rapidement. Elle rappelle aussi que le projet Neomma est une opportunité pour moderniser le métro marseillais, qui date des années 1970 et qui accuse un retard par rapport à d’autres villes françaises.

Reste à savoir si les Marseillais seront patients et compréhensifs, ou s’ils se mobiliseront pour faire entendre leur mécontentement. Certains syndicats de la RTM, la régie des transports marseillais, ont déjà annoncé leur intention de déposer des préavis de grève pour dénoncer la perte de salaire des agents postés de nuit. D’autres acteurs, comme la Chambre de commerce et d’industrie ou le collectif des usagers du métro, pourraient également se joindre au mouvement.

Quoi qu’il en soit, le métro marseillais va connaître une période de turbulences, qui risque de perturber le quotidien de ses 300 000 voyageurs. Une situation qui illustre les difficultés de concilier les impératifs techniques et les attentes sociales dans la gestion des transports publics.

23 octobre 2023 13h26

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